04 juillet 2019

À la veille du défilé du 4 juillet, les USA tentent de pousser l’Iran à abattre un avion américain

Aujourd’hui, un avion de reconnaissance américain a volontairement pénétré dans l’espace aérien iranien dans le but clair d’inciter l’Iran à l’abattre. Un tel incident aurait créé une occasion pour Trump de donner au peuple américain un feu d’artifice spécial pour le 4 juillet.

Le 3 juillet 1988, le croiseur lanceur de missile guidé USS Vincennes a abattu le vol civil iranien 655 avec 290 personnes à bord. Les États-Unis ont affirmé que le transpondeur de l’avion signalait un code d’identification militaire iranien, qu’il était apparemment en train d’attaquer le USS Vincennes, que le navire l’avait averti douze fois et que le navire se trouvait dans les eaux internationales au moment de l’incident.

L’équipage du Vincennes a reçu des médailles pour avoir tué des civils iraniens.

Les enquêtes ont montré (pdf) que toutes les affirmations ci-dessus étaient fausses. L’attaque était intentionnelle. L’Iran a poursuivi les États-Unis devant la Cour internationale de justice (CIJ). L’affaire a été réglée en 1996 lorsque les États-Unis ont accepté de présenter des excuses et de verser 61,8 millions de dollars aux familles des victimes.

Le 20 juin, un grand drone de reconnaissance américain, accompagné d’un avion militaire américain habité, a volé dans l’espace aérien iranien à l’est du détroit d’Hormuz. L’Iran a abattu le drone. Les États-Unis ont menacé de frapper l’Iran à la suite de l’incident, mais Trump n’a pas suivi.

Il a été rapporté que des personnes à la Maison Blanche doutaient que le commandement militaire central américain pour le Moyen-Orient, avait dit toute la vérité sur l’incident. Deux jours avant l’incident du drone, le secrétaire d’État Mike Pompeo, l’ancien directeur de la CIA, avait eu des discussions inhabituelles avec le commandement central américain. Cela a conduit à des spéculations sur le fait que l’incident avait pour but de provoquer l’Iran à une frappe et de pousser Trump à une guerre contre l’Iran.

Le cas aujourd’hui ne fait pas de doute. L’armée américaine a bien essayé de provoquer l’Iran à abattre un autre de ses avions.
 
Agrandir Manu Gómez @GDarkconrad - 9h17 UTC - 3 juillet 2019 L'avion de reconnaissance Rivet Joint de USAF suivi à la trace sur le #PersianGulf, codification hexagonale par défaut 730000 C / S IRI00061

Le RC-135V Rivet Joint de l’armée de l’air américaine est un avion de renseignement qui surveille d’autres pays.

L’avion a survolé les îles Abou Moussa et Sirri dans le golfe Persique, qui constituent le territoire et l’espace aérien iraniens. Il a faussement signalé qu’il s’agissait d’un avion iranien.

Le transpondeur de l’avion espion américain a été réglé sur un faux code associé à l’Iran. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a défini (pdf) des adresses de 24 bits qui identifient le type d’avion et le pays dans lequel un avion est immatriculé. Les codes à 24 bits pour les avions immatriculés en Iran commencent par l’identificateur de pays 0111 0011, écrit en hexadécimal 73. La page web du site Flightradar24 utilisée par Manu Gomez dans son tweet affiche ces codes de transpondeur «S-Mode» envoyés par l’avion sous forme d’un nombre hexadécimal à six chiffres.

Cette utilisation de code identifiant l’avion comme étant iranien n’était pas une erreur, mais une intention absolue : Steffan Watkins @steffanwatkins - 11:53 utc - 3 juil 2019 Steffan Watkins a retweeté Manu Gómez Il y a tellement de choses qui ne vont pas avec ce que fait le #USAF ici, qui ne sont pas du tout évidentes pour l'observateur occasionnel. 1) Le RC-135 a changé son numéro de transpondeur unique en 730000 (hex), un code attribué par l’Iran. Ainsi, l'US Air Force se fait passer pour un avion iranien. 2) Comme @GDarkconrad l'a souligné, ce n'est pas un hasard, l'US Air Force l'a également fait avec des codes vénézuéliens au large de la côte de #Venezuela. Les avions de reconnaissance américains usent de l’identité des codes des pays dans lesquels ils effectuent des opérations de reconnaissance, mettant ainsi en danger les futurs vols civils. ...

La piste indique que l’avion venait de l’ouest au nord-ouest, probablement du Koweït, et volait directement au-dessus de l’île de Sirri et d’Abou Moussa. Il a ensuite immédiatement fait demi-tour et a survolé les deux îles.
 

L’île de Sirri est l’emplacement d’une plate-forme pétrolière qui a été détruite par les forces de la marine américaine le 18 avril 1988. L’île possède une piste d’atterrissage et plusieurs installations pétrolières et gazières.

Abu Musa est une île habitée de 12,8 kilomètres carrés située près de l’entrée du détroit d’Hormuz. Comme Sirri, c’est le territoire iranien et l’Iran a des troupes stationnées là-bas. Ils ont probablement des systèmes de défense aérienne décents. Abu Musa est la « tour de guet » iranienne qui contrôle le détroit et la majeure partie de la circulation à l’ouest de celui-ci. Son importance stratégique est immense.

Après que l’Iran ait abattu le drone américain, son ministre des Affaires étrangères a affiché des cartes indiquant la trajectoire de vol du drone et la démarcation de l’espace aérien iranien (ligne rouge). Il est évident que l’avion américain y est entré aujourd’hui.

Ce matin, l’avion espion américain a pénétré de plein gré dans l’espace aérien iranien. Il a affiché un faux code qui faisait preuve de sa mauvaise intention. Cela s’est passé lors du 31e anniversaire de la destruction du vol 655. L’armée iranienne voudrait certainement encore se venger de ce meurtre de masse. C’était une provocation énorme susceptible d’amener l’Iran à l’abattre.

Trump a récemment menacé d ‘annihiler certaines régions de l’Iran si celui-ci devait attaquer « quoi que ce soit d’américain » : Donald J. Trump @realDonaldTrump - 2h42min - 25 juin 2019 La déclaration très ignorante et insultante de l’Iran, publiée aujourd’hui, ne fait que montrer qu’ils ne comprennent pas la réalité. Toute attaque de l’Iran sur tout ce qui est américain sera contrée par une force énorme et écrasante. Dans certaines régions, écrasante sera synonyme d'annihilation. John Kerry & Obama, c'est fini !

Cela a conduit à la spéculation que Trump menaçait d’une frappe nucléaire.

En abattant l’avion, l’Iran aurait clairement été dans son droit. Mais imaginez qu’il en fut ainsi. Un avion de reconnaissance américain habité, pas un drone, aurait été descendu et l’équipage serait mort. Les médias américains hurleraient pour se venger.

Cela serait arrivé à la veille du discours de Trump du 4 juillet, qui devait être suivi du défilé militaire et du survol qu’il a ordonné. 5 000 personnes de familles de militaires sont invitées à l’événement.

Situation idéale de la télévision pour annoncer que le commandant en chef américain a ordonné d’oblitérer l’île d’Abou Moussa, la tour de guet qui contrôle le détroit d’Ormuz, avec peut-être une petite arme nucléaire. Le public américain aurait aimé ces feux d’artifice du 4 juillet. Les journaux porteraient le titre « Le commandant en chef démontre sa résolution ! » Le taux d’approbation de Trump s’élèverait à plus de 80%.

Cela prendrait des jours avant que l’information selon laquelle le vol était une provocation arrive dans les nouvelles. Les médias américains l’ignoreraient tout simplement, tout comme ils ignoraient les preuves relatives au vol 655. L’île serait inutilisable pour l’Iran, mais les dommages environnementaux plus importants causés par un petit engin nucléaire d’une capacité de plusieurs kilotonnes seraient minimes. Personne aux États-Unis ne s’en soucierait.

On se demande qui a imaginé un plan aussi néfaste. Était-ce Trump, le grand showman, lui-même ? Est-ce la raison pour laquelle il a ordonné à l’armée de se joindre au défilé du 4 juillet avec un préavis aussi court ? Ou était-ce John Bolton ou Mike Pompeo et son infamant « nous mentons, nous trichons, nous pillons » ? Des sbires à la CIA ou au CENTCOM ?

Peu importe qui a conçu cette saloperie, et ceux qui l’ont autorisée, ils sont maintenant déçus. L’Iran n’est clairement pas tombé dans leur piège.

Le monde entier remercie vivement les équipes de la défense aérienne iranienne à Abou Moussa pour leur comportement discipliné.

Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

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