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Arriver dans le quartier de la Chapelle, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, c’est d’abord passer une frontière invisible marquant une séparation nette entre ici et le reste de la capitale, entre ici et la normalité. Dès la sortie du boulevard périphérique, sur les talus bordant la route, un spectacle hallucinant s’offre au regard: des dizaines de tentes et de cabanes de bric et de broc et des amas de détritus jonchant le sol. Au milieu de ce chaos, des silhouettes décharnées vont et viennent sans but jusqu’à ce qu’une voiture s’arrête au feu rouge. Le malheureux conducteur est aussitôt assailli par une horde de zombies en guenilles. Ils s’accrochent aux portières, frappent à la vitre pour mendier de façon plus ou moins agressive un peu d’argent destiné à se payer leur dose de crack, cette drogue dure qui ronge les corps et les âmes.
«Je ne regarde plus à la fenêtre, même le soir quand j’entends des cris de détresse ou d’agression.»
Sabine
« Le quartier est devenu le point de fixation des dealers et des consommateurs, raconte Sabine, une habitante. C’est terrible, les migrants arrivés en masse à partir de 2015 forment la majorité de ces accros. Ils ont fui la misère pour une vie meilleure. Ils ont échoué ici sans perspective, et sont tombés dans le piège de la drogue. Des associations et des bénévoles organisent régulièrement des distributions alimentaires. C’est une bonne chose de leur tendre la main, mais cela crée un appel d’air. Ils se concentrent tous dans notre quartier et on se retrouve avec des sans-papiers devenus toxicomanes à nos portes. Cette drogue les rend violents, ils sont prêts à tout pour une dose quand ils sont en manque. La nuit, c’est pire. Les femmes enchaînent les passes en pleine rue, se cachant à peine pour se prostituer et pouvoir se payer un caillou. Cela me remue de voir toute cette souffrance et cette déchéance au pied de chez moi. D’ailleurs, je ne regarde plus à la fenêtre, même le soir quand j’entends des cris de détresse ou d’agression. C’est beaucoup trop dur à vivre et à supporter. »
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