14 mai 2019

Avant c’étaient les Curés…


« De mon temps c’étaient les Curés qui surveillaient la longueur des jupons… »
Là, voyez vous, il nous parle de l’avant-guerre, l’increvable Blaise Sanzel, le témoin des époques révolues, le réanimateur des choses oubliées; un petit coup de ce que vous voudrez, à base d’alcool évidemment, sans quoi le charme ne saurait opérer; et hop! il vous fait ressurgir de vieilles images, des trucs conservés dans la naphtaline de son crâne pointu, chenu, artistement orné d’une éternelle mèche trompe-calvitie à la VGE, comme on n’en fait plus depuis au moins les années quatre-vingts. Il a quelque chose de Giscard, d’ailleurs, l’ami Blaise, ne serait-ce que l’âge… et les penchants égrillards, aussi, le poussant à lorgner avec une discrétion qui ne trompe que lui même, les cuisses de la jolie Pompy perchée sur son haut tabouret devant le zinc de la brave Thérèse.
Donc, justement, il vient de vider sa coupette, le vieux cochon, et apparemment la vision de notre petite copine lui refile un grand coup d’inspiration. La base du propos réside dans l’affaire du chauffeur de bus de la RATP, celui qui défraya la chronique pour avoir viré avec perte et fracas, une beurette en mini-jupe prétendant voyager dans son véhicule nonobstant une tenue vestimentaire incompatible avec les préceptes sacrés de l’Islam (et où je pense ). L’affaire n’a pas fait grand bruit, certes, seule la presse confidentielle s’en est vaguement fait l’écho, précisant que le machiniste en question a fait l’objet d’une suspension…le temps que ça se tasse, c’est à dire que dès demain il retrouvera son volant, Mohamed, faut tout de même pas déconner! D’autant qu’il a porté plainte pour dénonciation calomnieuse, ce garçon, et grâce à nos bon Juges il est encore foutu de s’en sortir avec honneur et dommages-intérêts!
Soyons précis, il faut savoir que cette sorte d’incident se produit assez fréquemment dans nos banlieues, la morale musulmane exige une tenue correcte et nul ne saurait y faire exception sans offenser Allah, ce qu’à Dieu ne plaise! Là le problème vient du père de la petite nana, un cas très particulier…
Il s’agit en effet du sieur Kamel Bencheikh, physicien, poète et écrivain de son état. Faut voir le courage du bonhomme, militant anti-islamiste proclamé! Il se dit même islamophobe, le mec, vous vous rendez compte? Alors évidemment faut pas s’étonner qu’il élève sa petite Elise (nahdin bebek!) d’une si déplorable façon qu’elle s’habille en pute, carrément, bravant les foudres du Prophète et des chauffeurs de bus de la RATP! Et ce soir là, vers les onze heures, elle se trouvait avec une copine à l’arrêt Botzaris, en train de fumer va savoir quoi en attendant le passage de notre pote transporteur en commun. Vous n’imagineriez tout de même pas que ce dernier leur eût ouvert les portes, comme ça, sans barguigner le moins du monde, au risque de souscrire par là une chouette option sur l’enfer? Sans compter que le XIXème ne ressemble plus du tout à ce qu’on a pu connaître dans les années septante; c’est devenu un champ de bataille sur lequel s’affrontent les populations israélites préexistantes et les mahométans venus après mais en grand nombre, un peu la Palestine à l’envers, si vous voulez… Alors, hein, qu’est ce qu’elles foutaient là et à pareille heure, ces deux petites salopes, à offenser Allah, son Prophète et Momo le chauffeur de bus, hein? On vous le demande! « Si tu veux monter dans mon bus commence par aller t’habiller », il lui a dit, à Elise, avant de la planter là avec sa copine et leurs cuisses livrées tout entières à la faune hostile des environs de Bolivar, n’en déplaise à l’illustre Méluche.
Donc, M. Bencheikh, le papa écrivain, s’empressa de publier sur les résossocio des articles incendiaires, faisant état notamment d’un conducteur « barbu de type maghrébin » appliquant scrupuleusement la Charia au sein du Service Public républicain. Sachant qu’en plus, il semble bien trimballer la nationalité algérienne, ce Monsieur Bencheikh, on imagine aisément à quel point il lui faudra numéroter ses abattis, nahdin o mouk!

Et voilà donc pourquoi l’ancêtre Blaise nous fait profiter de ses souvenirs des années trente, l’époque où il suivait le catéchisme de l’Abbé Raysinnat, lequel, proche de la retraite n’était toutefois pas de Russie. Il ne rigolait pas avec les principes, l’ecclésiastique inélastique! Formé sous le Second Empire et le régime du Concordat, il en gardait les exigences souveraines, à commencer par la bonne éducation des filles, garantie absolue de la permanence des bonnes mœurs et partant de la Religion. Du coup, chaque Dimanche, il se postait à l’entrée de l’Église, l’Abbé, et surveillait, avec l’acuité d’un Benalla censé protéger petit Présipède, l’arrivée de ses ouailles. Et le Blaise de nous expliquer avec force détails la manière dont il vous virait les nanas à rouge à lèvres, ou bien un peu trop court vêtues à son goût c’est à dire quand on pouvait apercevoir un bout de chaussette pointer entre les godasses et le jupon. Bien sûr, les grandes c’était surtout focus sur le décolleté et le moulant des fringues. Il procédait ainsi, Raysinnat, non sans noter scrupuleusement sur son petit carnet de cuir noir assorti au bréviaire, les noms et prénoms des refoulés du jour. Après quoi, il faisait clore toutes les portes à double tour et s’en allait dire sa messe devant un auditoire à la tenue irréprochable.
Il va sans dire que l’excommunication temporaire ainsi prononcée ne restait pas sans lendemain. Le Jeudi qui suivait, jour sans école à cette époque, les catéchumènes ostracisés se voyaient copieusement engueulés sur le front des troupes, avant de recevoir sur le derrière un nombre de coups de badine proportionnel à la gravité du péché recensé. Il s’en souvient fort bien, Blaise, de la fameuse canne du Curé, Coquinette il l’appelait, sa canne, l’enfoiré! Pour notre ami c’était le retard à la messe le péché habituel! L’arrivée après la fermeture apparaissait comme son problème récurrent. La procédure officielle consistait à récupérer à la sacristie un bon à rapporter le Jeudi suivant au catéchisme. Naturellement le retardataire se brossait de bon et se retrouvait les mains vides à l’instant fatidique où l’abbé relevait les compteurs…quinze coups de Coquinette sur le cul, debout devant tout le monde, avec l’air niais et du mal à s’asseoir jusqu’à la fin du jour! A force d’arriver trop tard et de s’en prendre plein les miches, il avait fini par renoncer à la messe, le jeune Blaise, foutu pour foutu autant s’éviter le trajet, six bornes à pied aller et pareil au retour! Sauf qu’au bout de deux ou trois fois, le Prêtre diabolique avait reniflé la coupure…il a triplé la mise, ce calotin de malheur! Quarante-cinq coups, et de bon cœur! Ça en avait fait de la poussière, plus besoin de laver la culotte pendant au moins trois mois, toujours ça de pris pour la mère! En revanche, il est resté debout une semaine, Blaisounet, et pour dormir c’était sur le ventre, exclusivement…en même temps, depuis ce jour là, plus un seul retard dominical, toujours dans les premiers arrivés à la sacristie! Même qu’après quelques temps l’Abbé Raysinnat a pu l’embaucher comme enfant de chœur, c’est vous dire l’efficacité de la méthode!

C’est quelque chose, les vieux souvenirs! On ne voit pas, au fond, de différence fondamentale entre le Curé qui fait le tri à l’entrée de son église et le chauffeur qui défend l’accès à son bus. Tous les deux assurent le coup vis à vis de leurs Bons Dieux respectifs -et respectables- afin d’éviter, en quelque sorte, de laisser le diable pénétrer en des lieux placés sous leur responsabilité.
Seul petit hiatus, Momo le machiniste est payé par la Régie Autonome, c’est à dire, en gros, par la Répupu Franchouille, laïque et fraternelle. L’Abbé Raysinnat, paix à son âme, émargeait à l’Église, financée en ces temps lointains par un denier du culte qui rentrait bien et qui exigeait une rigueur liturgique parfaitement étrangère aux règlements de la RATP.
Et puis surtout, pour vous dire l’essentiel en un seul mot: ils nous emmerdent!
Qu’est-ce qu’ils viennent foutre chez nous, tous ces cafards coraniques de mes deux? Comment pouvons nous, encore une fois je me répète, tolérer des saloperies pareilles? Vous imaginez que ces fanatiques à la con, il faut les embaucher sous peine de discrimination…tout ça pour les voir faire régner la Charia sur les équipements grassement payés par nos impôts républicains! Et vous allez voir, si j’arrive à choper l’information, la manière dont la Justice de notre beau pays va le traiter, Momo, je vous fous mon billet qu’il aura gain de cause!

Finalement, quand les Curés contrôlaient la longueur des jupes, on était quand même moins en danger, non? Vous ne croyez pas?
Oui, je sais, comme sale réac je me pose là, d’accord. Je revendique ma réaction autant que M. Bencheikh son islamophobie…mais j’ai beaucoup moins de mérite que lui, j’en conviens volontiers. Vive Kamel Bencheikh, Vive l’Abbé Raysinnat, vive les Curés d’avant!

Amitiés à tous.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

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