Lorsque les policiers l’ont retrouvé, peu après une heure du matin, ce 14 février 2018, Hakim (*) dormait, allongé dans la cour d’un immeuble de la rue Philippe-de-Girard (Xe).
Les mains entaillées, les vêtements maculés de sang. Dans sa poche une paire de ciseaux, et quelques mètres plus loin, dans le caniveau, un couteau ensanglanté.
Les mains entaillées, les vêtements maculés de sang. Dans sa poche une paire de ciseaux, et quelques mètres plus loin, dans le caniveau, un couteau ensanglanté.
Un accès de violence
Le jeune homme, ivre, ne parvient même pas à souffler dans l’éthylotest. Encore moins à expliquer cet accès de violence, qui l’a mené à molester ou frapper au couteau huit personnes, au hasard des rues du quartier de la Chapelle.
Incarcéré à Fleury-Mérogis depuis les faits, Hakim devra en répondre ce vendredi, devant le tribunal pour enfants, où cinq victimes se sont portées parties civiles.
Hakim est l’un de ces mineurs marocains isolés, qui ont échoué sur les trottoirs de la Goutte-d’Or (XVIIIe) voici plus de deux ans. Totalement livrés à eux-mêmes.
Que s’est-il passé ce soir-là pour que l’adolescent se mue en « diable de Tasmanie », comme le décrit son avocat, Me Moad Nefati ?
« Fou, vociférant »
Vers 23 h 30, Hakim, qui est vu courant et titubant, projette une personne âgée au sol, puis, à proximité du métro La Chapelle, empoigne violemment une jeune fille par les cheveux, la fait chuter et lui assène des coups dans la jambe. Son ami, qui tente de la défendre, reçoit des coups de couteau.
Quelques minutes plus tard, il tente de voler le téléphone portable d’un passant, à son tour poignardé. Rue Marx-Dormoy, une automobiliste est agressée. Coup de couteau à nouveau sur un homme qui s’apprêtait à prendre le métro, puis un autre, qui cherchait à stopper Hakim dans sa folle équipée.
Une jeune femme, enfin, a le malheur de croiser l’adolescent rue de la Chapelle : elle sera sa dernière victime, frappée elle aussi à coups de lame. Comme les autres, elle décrira un garçon « fou, vociférant, agressant gratuitement les passants ».
« Je ne me souviens pas »
Hakim, lui, nie partiellement les violences commises. Concédant seulement avoir brandi une paire de ciseaux : « Je ne me souviens pas. Je ne connais pas ces personnes. » Son ADN a pourtant bien été retrouvé sur le couteau ensanglanté : « Peut-être quelqu’un qui a le même sang que moi » ?
« Lui-même n’explique pas cette terrible explosion de violence, détaille Me Nefati. C’est celle d’un enfant en détresse totale, confronté à la rue. Il est impossible de continuer à laisser ces mineurs livrés à eux-mêmes en plein Paris. Nous avons un devoir de protection, comme les autorités marocaines, qui ne sont jamais intervenues dans ce dossier. »
(*) Le prénom du prévenu, mineur au moment des faits, a été modifié.
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