Quand la Chine s’éveillera, le colza tremblera. C’est ainsi que les Berrichons pourraient aujourd’hui paraphraser la formule prophétique de Napoléon. Si l’empereur revenait, il serait sans doute halluciné mais pas surpris de voir l’Empire du Milieu étendre ses possessions dans le fief même de son ministre Talleyrand, illustre propriétaire de Valençay. Car les Chinois ont bel et bien débarqué en ce début 2016 dans l’ouest de l’Indre. Alors que Châteauroux les attendait de longue date sur la plateforme aéroportuaire, c’est au beau milieu des champs que leurs capitaux se sont posés. Stupeur et questionnement.
Une OPA qui s’est faite au nez et à la barbe des autorités françaises et a pris tout le monde de court (ou presque). Nos collègues de la Nouvelle République furent les premiers, en février dernier, à relater l’achat de trois propriétés agricoles (1.500 hectares en tout) à Clion, Châtillon-sur-Indre et Vendœuvres, par une société basée à… Hong-kong.
Hiérarchie de l’information oblige (la crise agricole battait son plein), l’affaire est dans un premier temps restée confinée au cadre départemental. Le landerneau indrien ne s’agitait pas moins autour de questions sans réponses. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Vont-ils continuer ? Et c’est là que le Cher est particulièrement concerné, car le bruit courait alors que les mystérieux investisseurs allaient aussi lorgner vers la Champagne berrichonne. L’affaire couvait, jusqu’au jour où la presse nationale s’en est saisie (avec toutes les approximations et les excès que cela comporte), alertée par un communiqué alarmiste de la Fédération nationale des Safer.
Cet organisme qui fait normalement autorité en terme de foncier agricole (lire ci-dessous) a voulu tirer la sonnette d’alarme et pour cause : il a tout simplement été débordé par « les Chinois » – pour ne pas dire ignoré. Près de l’aéroport de Bourges (où les Chinois n’ont pas encore débarqué !), la Safer du Cher ne dit pas autre chose. « Il y a une faille juridique qui consiste à organiser la cession par le biais de parts sociales », explique le directeur départemental Alexandre Julien.
Une faille juridique
« Comme nous ne pouvons intervenir que dans une vente à 100 %, il est facile de nous contourner : il suffit de conserver une part pour vendre les 99 autres ! La poloche est déjà connue dans le milieu. »
« Elle participe de la financiarisation du secteur, regrette le président de la Safer 18, Philippe Portier. Dans le contexte mondialisé, ces pratiques font perdre à la terre sa valeur productive pour la transformer en valeur patrimoniale ». En résumé, le « pays » échappe aux « paysans ». Mais ce qui choque davantage cette fois, c’est qu’il tombe aussi dans l’escarcelle d’un autre pays. « On ne sait même pas quelles sont les intentions, poursuit-on à la Safer 18. Cet investissement est-il fait pour placer de l’argent dans une valeur sûre ? Ou pour produire des choses destinées à leur propre alimentation ? Les méthodes employées sont assez opaques pour qu’on n’ait pas de réponses. »
Tout juste voit-on sur Internet que la société en question s’occupe de stations-service (et d’agrocarburants…). La saison des récoltes finira bien par montrer si, oui ou non, quelqu’un vient travailler dans les parcelles chinoises. En attendant, il n’est pas exclu que d’autres « surprises » arrivent. Des bruits font état de « rabatteurs » qui sillonnent le Berry en quête de terres à acquérir.
Les Safer
À quoi ça sert ? Les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural ont été créées en 1960 pour permettre un regard des pouvoirs publics sur les transactions de terres. Elles peuvent notamment intervenir dans une vente pour favoriser l’installation d’un jeune.
Floris Bressy
Une OPA qui s’est faite au nez et à la barbe des autorités françaises et a pris tout le monde de court (ou presque). Nos collègues de la Nouvelle République furent les premiers, en février dernier, à relater l’achat de trois propriétés agricoles (1.500 hectares en tout) à Clion, Châtillon-sur-Indre et Vendœuvres, par une société basée à… Hong-kong.
Hiérarchie de l’information oblige (la crise agricole battait son plein), l’affaire est dans un premier temps restée confinée au cadre départemental. Le landerneau indrien ne s’agitait pas moins autour de questions sans réponses. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Vont-ils continuer ? Et c’est là que le Cher est particulièrement concerné, car le bruit courait alors que les mystérieux investisseurs allaient aussi lorgner vers la Champagne berrichonne. L’affaire couvait, jusqu’au jour où la presse nationale s’en est saisie (avec toutes les approximations et les excès que cela comporte), alertée par un communiqué alarmiste de la Fédération nationale des Safer.
Cet organisme qui fait normalement autorité en terme de foncier agricole (lire ci-dessous) a voulu tirer la sonnette d’alarme et pour cause : il a tout simplement été débordé par « les Chinois » – pour ne pas dire ignoré. Près de l’aéroport de Bourges (où les Chinois n’ont pas encore débarqué !), la Safer du Cher ne dit pas autre chose. « Il y a une faille juridique qui consiste à organiser la cession par le biais de parts sociales », explique le directeur départemental Alexandre Julien.
Une faille juridique
« Comme nous ne pouvons intervenir que dans une vente à 100 %, il est facile de nous contourner : il suffit de conserver une part pour vendre les 99 autres ! La poloche est déjà connue dans le milieu. »
« Elle participe de la financiarisation du secteur, regrette le président de la Safer 18, Philippe Portier. Dans le contexte mondialisé, ces pratiques font perdre à la terre sa valeur productive pour la transformer en valeur patrimoniale ». En résumé, le « pays » échappe aux « paysans ». Mais ce qui choque davantage cette fois, c’est qu’il tombe aussi dans l’escarcelle d’un autre pays. « On ne sait même pas quelles sont les intentions, poursuit-on à la Safer 18. Cet investissement est-il fait pour placer de l’argent dans une valeur sûre ? Ou pour produire des choses destinées à leur propre alimentation ? Les méthodes employées sont assez opaques pour qu’on n’ait pas de réponses. »
Tout juste voit-on sur Internet que la société en question s’occupe de stations-service (et d’agrocarburants…). La saison des récoltes finira bien par montrer si, oui ou non, quelqu’un vient travailler dans les parcelles chinoises. En attendant, il n’est pas exclu que d’autres « surprises » arrivent. Des bruits font état de « rabatteurs » qui sillonnent le Berry en quête de terres à acquérir.
Les Safer
À quoi ça sert ? Les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural ont été créées en 1960 pour permettre un regard des pouvoirs publics sur les transactions de terres. Elles peuvent notamment intervenir dans une vente pour favoriser l’installation d’un jeune.
Floris Bressy
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