Ce n'est pas la première fois qu'un professionnel de santé dénonce le procédé. Pour autant, la pratique suscite encore aujourd'hui des commentaires, mais aussi de la colère. Ainsi, dans un tweet posté samedi en début d'après-midi, le médecin urgentiste Gérald Kierzek, par ailleurs chroniqueur pour LCI, s'est indigné de "consignes" qu'il a reçues.
De nombreuses personnes scandalisées par ce procédé ont répondu au post et beaucoup ont rappelé que les médecins, aide-soignants, infirmiers ou tout autre professionnel de santé étaient tenus au "secret médical".
L'article R.4127-4 du code de la santé publique est d'ailleurs très précis: "Le secret professionnel, institué dans l'intérêt des patients, s'impose à tout médecin dans les conditions établies par la loi. Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans l'exercice de sa profession, c'est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu'il a vu, entendu ou compris."
Des fiches sur certains événements
Toutefois, comme l'a révélé Mediapart le 11 janvier dernier, il est arrivé en décembre dernier notamment que certains blessés, des Gilets jaunes en l'occurrence, soient "fichés". "Lors des journées d’action des 8 et 15 décembre 2018, la Direction générale de la santé avait ainsi "activé le dispositif Sivic, normalement prévu pour les situations d’attentat afin d’assurer un suivi des victimes et aider à la recherche de personnes", écrivaient nos confrères, avant de rappeler que "depuis mars 2018, ces données sont ouvertes aux agents du ministère de l’intérieur".
Interrogé par Mediapart, la DGS avait reconnu que "les bilans quantitatifs issus de Sivic des 8 et 15 décembre ont été communiqués au ministère de l’intérieur", avant d'ajouter que "les forces de l’ordre ne disposent pas d’un accès aux données de l’outil Sivic".
"Le personnel de santé se transforme peu à peu en auxiliaire de police", avait pour sa part déploré Christophe Prudhomme (CGT), porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). "Ce n’est pas le premier glissement de ce type. Il a été demandé au secteur psychiatrique de signaler les patients qui montreraient des tendances à la radicalité religieuse. Nous sommes dans une période politique inquiétante, qui met en danger les libertés individuelles. Il y a une volonté de contrôle du pouvoir politique sur le système de santé et des contre-pouvoirs très faibles. Ce sont des dérives inacceptables", avait-il estimé.
Buzin dément
Quelques semaines plus tard sur Europe 1, Agnès Buzyn avait de son côté rejeté la polémique. "Les hôpitaux reçoivent tout le monde, sans trier et sans ficher, avait certifié la ministre de la Santé. "Je ne demanderai jamais aux soignants de ficher les malades qui arrivent (...) Un médecin qui soigne un malade (...) ne va pas identifier s'il s'agit d'un membre des forces de l'ordre, un 'Gilet jaune', ou même un passant qui a couru et s'est blessé, avait-elle ajouté, assurant que "ce n'est pas comme ça que fonctionnent les hôpitaux, et heureusement !"
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