11 mars 2019

Kokopelli : graines de résistance


Aussi fou que cela puisse paraître, la production et la diffusion de graines peuvent être considérées comme des d’activités illégales dans notre pays ! Officiellement, parce que les dites graines ne correspondraient pas aux standards agricoles. Mais le juteux business des multinationales du secteur se sent menacé.

Depuis 1999, l'association Kokopelli commercialise 1500 variétés de graines potagères qui sont libres et reproductibles contrairement aux graines que l'on trouve en générale dans le commerce qui sont des hybrides F1, programmées pour donner beaucoup de fruits mais qui seront stériles et obligeront l'agriculteur a racheter chaque année ces graines. Son activité n'est pas légale car en principe les semences doivent être homologuées par l'Etat et inscrites dans un catalogue du GNIS (Le Groupement national interprofessionnel des semences). Il en coûte 200 euros par an et par variété. Impossible quand l'association possède 4500 variétés anciennes appartenant au patrimoine commun.

« Une graine de variété ancienne, donnera des tomates, dont on pourra replanter les graines. Ce n’est pas le cas des variétés hybrides, vigoureuses sur une seule saison, sans saveur et gorgées d’eau, et qui rendent les agriculteurs dépendants des semenciers » accuse le directeur de Kokopelli Ananda Guillet, 27 ans. L’association fondée par ses parents en 1999 produit en agriculture biologique et commercialise plus de 2200 variétés de graines anciennes, issues d’hybridations naturelles, dont 650 espèces de tomates !

Pour rencontrer Kokopelli, il faut se rendre au plus profond de l’Ariège. Depuis 15 ans, l’association milite pour l’utilisation de graines vivantes et libres : ni enfermées dans un frigo comme à la morgue, ni protégées par de supposés droits de propriété intellectuelle. Kokopelli a dans ses cartons plusieurs tonnes de graines aux noms poétiques : carotte « arc en ciel », tomate Wagner, fenouil de Florence, pois de senteur « painted lady »… Un poème tragique quand on sait que 3/4 des espèces comestibles ont disparu en un siècle.

Parmi les adhérents, beaucoup cultivent leur jardin potager et parrainent des semences pour Kokopelli. C’est le cas de Patrick et Anita Paredes, retraités toulousains, dont le jardin est une jungle de haricots grimpants, maïs vert, tomates ananas ou encore de Cédric et Alexandre de Macadam Gardens, jeunes entrepreneurs, qui commercialisent des plans pour les urbains et ont aménagé un potager ancien de 500 m2 sur le toit de la clinique Pasteur à Toulouse.

Quête du goût pour ceux qui en ont marre des légumes insipides dopés aux pesticides, ou lutte vitale pour ces artisans semenciers soucieux de la survie des espèces, pour éviter qu’un jour, ce soit justement la fin des haricots ?

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