03 janvier 2019

Le credo de Macron : taper fort, tout de suite


Dès 4 heures ce matin, mercredi 2 janvier, un peu moins d’une centaine de Gilets jaunes ont commencé à bloquer l’accès principal du terminal pétrolier Rubis, à Grand-Quevilly près de Rouen. A 9.00 du matin ils étaient évacués par la police.

Le credo de Macron : taper fort, tout de suite

Dès 4 heures ce matin, ils étaient entre 60 et 80 Gilets Jaunes venus bloquer l’accès principal du terminal pétrolier Rubis, près de Rouen, empêchant les camions citernes d’entrer et de sortir. Dès 9 heures, ils étaient évacués par les forces de police. Pour justifier cette déclaration de guerre éclair aux Gilets Jaunes, quelques heures après le discours autiste et provocateur du désormais honni Macron, Bruno Lemaire, directeur de cabinet de la préfète de Seine-Maritime, a récité son credo selon saint Macron :

« Comme tout blocage, il n’est pas acceptable. Faire un feu devant un dépôt pétrolier c’est extrêmement dangereux. Ils seront autant que possible poursuivis devant les tribunaux »… « Ce sont des actions particulièrement irresponsables ». Et de brandir immédiatement le bras armé dont il dispose : « Dès qu’il y a blocage et que ce blocage crée une gêne à l’ordre public et à la sécurité publique, les forces de l’ordre interviennent ».

Pourtant, des Gilets Jaunes, présents sur le site ce matin, contestent le prétexte de sécurité. Ils s’exaspèrent d’avoir entendu à la radio, après l’évacuation, qu’il y avait eu un feu et usage de la force par les gilets jaunes « alors que pas du tout ! ». Selon eux, la police était venue une première fois, à titre préventif, pour leur signifier de ne pas brûler des palettes ; ce à quoi ils s’étaient engagés. Selon la même source, citée par France Bleue, quand la police est revenue, une deuxième fois vers 8h30 pour les évacuer, il n’y a eu ni feu, ni violence, ni insulte de la part des manifestants.

Le cocktail que nous servent Macron et ses valets est donc toujours le même : menaces, calomnies, usage de la répression policière et judiciaire.

Derrière la force, la crainte d’une reprise des sites stratégiques

Macron a décidé de ne rien entendre, de maintenir son cap et de jouer à fond la carte de la répression et de la violence la plus extrême, si cela s’avère nécessaire. Cela l’oblige, lui et ses forces de répression, à être sans cesse sur le qui-vive et à mesurer en permanence les risques pour sa stratégie.

Si les décisions ont été si promptes à se prendre ce matin et l’évacuation réalisée en un temps record, c’est que le terminal pétrolier de Rubis est stratégique pour deux raisons :

La première, c’est que de ce terminal partent les camions citernes qui distribuent le carburant dans toute la Haute-Normandie (Eure et Seine-Maritime) et même au-delà (jusque dans l’Oise, la Somme, l’Orne…). Par ailleurs, la Normandie est, avec la région Paca, l’une des premières régions de France en matière de raffinage et de transports de carburant par camions ou par pipe-line. Elle concentre huit sites vitaux pour l’approvisionnement en carburant. Toute contagion des blocages entre les différents sites serait stratégiquement désastreuse.

La deuxième raison, fondamentale dans cette période critique, c’est que le site de Rubis n’en est pas à son premier essai et constitue un « foyer » de mouvement social. Déjà le 3 et le 13 décembre, il avait été bloqué non seulement par des Gilets Jaunes mais aussi par des militants de la CGT. Par ailleurs, durant les derniers « samedis » de manifestations, la ville de Caen a été l’une des plus actives, avec Bordeaux et Toulouse. On se souvient aussi de la lutte puissante qui a été menée par les hospitaliers du Rouvray, dans cette même région, près de Rouen.

On comprend pourquoi Bruno Lemaire n’a pas traîné ce matin, et on comprend aussi, que la région normande est l’un des lieux où la question de la convergence des luttes se pose avec le plus d’acuité et qu’elle a, peut-être, le plus de potentiel si l’on veut que 2019 soit pour Macron et son monde, une année de défaite.

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