Tous les jours, je reçois des messages, des gentils, des aimables, des méchants, des insultes, il y a évidemment de tout.
Tous les jours, depuis maintenant 3 semaines, je contemple mon pays s’enfoncer dans ce qu’il convient d’appeler a minima une insurrection.
Lorsque je vois cette vidéo du président se faisant littéralement « poursuivre » par le peuple dans la ville du Puy, il y a évidemment de quoi redouter le pire. Quel avenir pour notre pays ? Quelle faillite, dans tous les sens du terme ?
À la télé, le dernier exercice en date convenu consiste à appeler au calme et à éviter les violences. C’est une évidence tellement peu évidente qu’en réalité, si tout le monde se prête à ce jeu, c’est avec une évidente hypocrisie et cela m’amène au point suivant, et il n’est pas réjouissant. L’histoire n’est jamais écrite par les modérés.
En réalité, les modérés sont inaudibles.
Depuis plusieurs jours, je dis qu’il faut parler des complexités, parler aux raisons, parler aux intelligences. Je continuerai autant que je le pourrai parce qu’il est impensable de laisser ce pays ne plus penser.
Je voulais aussi vous montrer et vous démontrer que c’est loin d’être simple, facile ou confortable, encore plus quand, où que vous regardiez, des tensions terribles montent.
J’ai essayé d’expliquer tout plein de choses à nos mamamouchis, qu’il fallait adapter la superstructure aux changements de l’infrastructure, qu’il fallait adapter le fonctionnement de nos institutions, expliquer aux gens qu’il fallait débattre de la dette, de nos recettes et de nos dépenses et de voir comment ils voulaient allouer nos ressources collectives. Comme nous ne faisons rien de tout cela, alors, funeste présage, je crains le pire et je pense que le peuple veut ni plus ni moins appliquer l’article 2 de notre Constitution qui dit en substance « par et pour le peuple »… Dans les périodes de troubles, les modérés, donc, ne l’emportent jamais ou presque. L’histoire sera écrite comme à chaque fois par une minorité d’excités, d’un côté et de l’autre. Nous allons vers des heures où l’État pourrait vaciller et je maintiens mon analyse consistant à dire que les institutions, si elles donnent l’illusion de la stabilité, sont en réalité aussi fragiles que celles de l’URSS la veille de sa chute.
La raison est simple à comprendre. Il n’y a plus d’adhésion suffisamment forte à la fiction imaginaire que représente notre État. L’institution présidentielle n’est pas seulement plus respectée… elle est vomie par une trop grande partie de la population.
Tout cela était tellement prévisible, tellement évident en termes analytiques. « Ils » ont voulu faire marcher la France, mais la France n’a pas marché.
Mais revenons à la base de tout. À la base de tout, il y a la dette.
La dette qui étouffe le pays.
Voici donc le message reçu de Marc.
« Vous blaguez Charles quand vous dites «au bout du compte nous ne paierons pas les dettes……………….et les riches épargnants ne feront pleurer personne».
Si, être cul nu dans les orties pendant 10 ans et plus, ça vous semble être réjouissant, vous allez apprécier alors.
Quant aux riches épargnants, vous pensez vraiment qu’ils vont plus perdre que les autres ??
Attention, les écrits restent, vos enfants pourraient les lire dans quelques années, au coin du feu de bois, en mangeant leur soupe de champignons radioactifs, entourés de robots désactivés faute d’énergie.
Attention vous virez coco, pour ne pas dire stalinien ? »
Attention, vous virez coco, pour ne pas dire Stalinien?
Comment puis-je répondre efficacement à Marc ?
Efficacement, cela veut dire que je ne veux convaincre Marc ni de payer les dettes ni de ne pas les payer.
En fait, ce n’est pas à moi que la décision revient et si elle devait me revenir, je la rendrais au peuple et demanderais aux gens de voter pour savoir ce qu’ils veulent faire parce qu’il faudrait qu’ils en assument pleinement les conséquences après s’être saisis des complexités. Voilà l’exigence de l’idéal démocratique du « par et pour le peuple ». Pour ne pas être dépossédé de son pouvoir, le peuple doit s’en saisir et l’assumer. C’est exactement ce qui est en train de se passer pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris.
Le rôle du politicien est révolu (sous sa forme actuelle). Nous en reparlerons prochainement.
Commençons simplement par expliquer.
Ce qu’il se passe avec les gilets jaunes montre sans l’ombre d’un doute que le gouvernement ne peut plus augmenter la pression fiscale. C’est fini. Terminé.
Vous allez me dire remettons l’ISF blablablabla… Je vous dirai d’accord, si vous voulez. Hélas, les gens partent avec leur argent se faire taxer moins cher ailleurs. Je sais, c’est pas bien, c’est pas beau, mais c’est la réalité. Mon gamin (histoire vraie) rentre de l’école et me dit tu sais machin et truc, ils partent s’installer au Portugal ! Pourquoi ? Parce que leur papa ne veut plus payer d’impôts. Cela se passe des milliers de fois chaque année.
Il est possible de remettre l’ISF, mais pas dans le cadre actuel de libre circulation des biens et des personnes. Si nous le faisons, ce sera contre-productif. Les staliniens vont me maudire et me haïr, néanmoins cela devrait plaire et rassurer mon lecteur Marc, mais ce sera de courte durée. Si les « Staliniens » veulent l’ISF, qu’ils mettent des frontières avec des passeports et des contrôles aux frontières avec un contrôle des changes et de flux. Au moins, il y aurait une cohérence technique.
Parce que Marc, en réalité, nous ne paierons pas les dettes.
90 % des Français n’ont pas d’épargne, mais des découverts en comptes et des dettes à la banque. Effacer l’épargne ne fera pleurer personne, croyez-moi, les révolutions de rentiers ne forment jamais de barricades. C’est ainsi.
Marc, je vous disais que nous ne paierons pas les dettes.
En fait, ce que je dis n’a que peu d’importance, eh oui : vous, moi et nos gosses risquons d’avoir quelques problèmes d’accès au confort. C’est d’ailleurs la raison, Marc, qui me fait répéter sans cesse et avec une constance indéniable qu’il est déjà trop tard et qu’il faut vous préparer. Oui, vous et moi allons en bouffer des raviolis et des pissenlits. Et encore, croyez-moi, au Venezuela, quand vous ouvrez une boîte de raviolis, c’est jour de fête !
Le mouvement de rejet total des gilets jaunes montre que le pays ne peut pas supporter ce que la Grèce vient d’endurer pendant 10 ans sous les regards totalement indifférents des Français et des Européens. Pensez donc, les Grecs l’ont quand même bien cherché hein…
C’est notre tour.
Nous sommes dos au mur.
Soit nous prenons les mesures nécessaires pour éviter la faillite, et les conséquences, vous les avez sous les yeux.
Soit nous actons prochainement notre incapacité à lever plus d’impôts, à fonctionner avec un budget créditeur et à assumer nos obligations. Cela s’appelle faire faillite.
Nous pouvons sortir de l’euro (mais c’est l’euro qui explosera sous les tensions et les incapacités), reprendre notre planche à billets et rembourser en monnaie de singe. Aucun problème, c’est ce que nous finirons par faire. Mais comme avec Mitterrand et ses dévaluations, la valeur de notre nouveau franc s’effondrera. C’est pour cela que je vous dis d’avoir de l’or et des raviolis.
Il y aura des pénuries, il y aura des manques, nous allons payer les coûts de nos erreurs, quelles que soient les solutions retenues. Elles ont toutes de funestes et fâcheuses conséquences. Et puis la France remontera et se redressera parce que nous sommes un grand peuple et une grande nation. Le sursaut sera à la hauteur de la chute.
Soyez rassuré Marc, que nous payons ou pas les dettes, dans tous les cas, nous allons souffrir, beaucoup, énormément, nous allons littéralement expier nos pêchés financiers. Nous devrons au passage expier nos pêchés sociaux. Que je sois considéré comme libéral les jours pairs ou un horrible marxiste stalinien les jours impairs ne changera rien aux faits.
La vie sera moins dure à la campagne et c’est pour cette raison que je vous invite, depuis des années, à penser votre localisation en cohérence avec votre emploi et de préférence en zone semi-rurale.
En attendant, et même les choses complexes peuvent être simplifiées, la situation est simple.
Les conséquences de la faillite ou les conséquences de la politique à mener pour éviter la faillite sont sensiblement les mêmes.
Si la population française ne supporte pas les conséquences de la politique à mener pour éviter la faillite (politique dont les contours devraient évidemment pouvoir se discuter mais que Macron a voulu imposer avec brutalité) alors … nous sommes en route pour la faillite.
Si l’on fait faillite, ce qui correspond à la dette des uns, c’est l’épargne des autres. Si vous ne payez pas les dettes, dit simplement, vous volez les épargnants.
Les épargnants ne seront pas contents, ils seront même furieux, mais… ils sont tellement minoritaires qu’ils ne sont pas un problème politique. Ils sont un problème économique, car on ne les ruine qu’une seule fois. Comme il n’y aura plus de confiance, alors plus personne ne prêtera à l’État.
Voilà où nous en sommes. Nous y sommes parce qu’ « À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes ». Cela fait presque 10 ans que cette citation de JFK conclut mes éditos. Là encore, étouffer la pensée de tous, sous le politiquement correct politico-médiatique, a été une erreur fondamentale, car on a interdit à tous de penser pour panser.
Évidemment qu’il faut appeler au calme. Le problème c’est que l’histoire n’est jamais écrite par les modérés. Même l’ONU appelle au calme en France. C’est dire le niveau d’inquiétude que nous devrions avoir, car quand l’ONU appelle au calme, en général, cela ne sert strictement à rien… Ayons quand même à l’esprit, en toutes circonstances de préserver la vie.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
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