Rungis, ce lundi. Près d’une trentaine de gilets jaunes et de chauffeurs VTC ont filtré l’entrée du marché international de Rungis. LP/Charlotte Follana
Ce lundi, à l’appel d’une association de VTC, une trentaine de Gilets jaunes ont instauré un barrage filtrant des camions étrangers au MIN. De quoi plomber encore un peu plus le moral des commerçants déjà impactés par le conflit social.
Gros bouchons devant l’entrée du marché d’intérêt national de Rungis dès 5 h 30 du matin, ce lundi. Un barrage de filtrage a été dressé. A l’appel d’une association de VTC, près d’une trentaine de manifestants, gilets jaunes et chauffeurs VTC, ont décidé de bloquer « durant plusieurs heures » les camions étrangers au marché de Rungis, qui alimente au quotidien près de 18 millions de personnes.
Ils n’ont laissé passer que les camions et véhicules français à la porte de Thiais, au niveau du centre commercial de Belle Epine, côté RN 7. Quatre camions de la gendarmerie ont été dépêchés à l’entrée du MIN. « La sécurité a été renforcée dans ce secteur afin d’encadrer cette action », souligne la préfecture du Val-de-Marne.
Derrière Rungis, c’est l’économie que les Gilets jaunes veulent attaquer. Le but ? Arracher de nouvelles concessions en paralysant le pays à quelques jours de Noël.
« Le blocage de Rungis a pour but de faire plier le gouvernement sur les revendications des Gilets jaunes, clame Jean-Claude Resnier, président de l’association des VTC de France et gilet jaune. Nous continuons notre mobilisation. Le mouvement doit perdurer », renchérit Jimmy Prieur, autoentrepreneur venu de Chartres. « Bloquer le MIN est un symbole fort à l’international », ajoute Gaëtan, Gilet jaune de 38 ans.
Blocage prévu jusqu’au 26 décembre
Bon nombre de Gilets jaunes et l’association des VTC de France annoncent déjà vouloir occuper les lieux sans discontinuer jusqu’au lendemain de Noël. « Le blocage est prévu jusqu’au 26 décembre au soir et pourrait être reconductible », prévient Jean-Claude Resnier.
A l’approche des fêtes de fin d’année, des difficultés d’accès auraient des conséquences catastrophiques pour le MIN. Au mois de décembre, les quantités livrées explosent pour atteindre 160 000 t. C’est plus du double des quantités habituelles. « Tant que le président de la République n’aura pas entamé des négociations sur les différentes revendications, nous ne lâcherons rien », explique Gaëtan qui espère notamment la création d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC).
En attendant, le marché de Rungis est déjà fortement impacté par le mouvement de contestation des Gilets jaunes dans l’approvisionnement de certains produits. « Les mouvements sociaux perdurent et ont une incidence non négligeable sur l’activité commerciale et sur le rythme des apports », explique le marché qui pointe plusieurs retards dans l’approvisionnement des produits.
Depuis le début du mouvement, les grossistes font face, assurent-ils à un recul de 10 à 15 % sur les ventes.
« C’EST UN SUICIDE COLLECTIF »
Frédéric Masse, président de la Maison Masse à Rungis, est très impacté économiquement par le mouvement des gilets jaunes. Il a perdu près de 15 % de son chiffre d’affaires.
Très impactée par le mouvement des gilets jaunes, la Maison Masse à Rungis qui fournit principalement des restaurateurs, dont une bonne partie de chefs étoilés, a perdu près de 15 % de son chiffre d’affaires. « Ce n’est définitivement pas rattrapable. Ce sont les petits patrons et le commerce traditionnel qui subissent », souffle Frédéric Masse, président de la Maison Masse, spécialiste de la truffe, du foie gras et des produits haut de gamme, qui décrit la situation comme « un suicide collectif ». Décembre représente un quart de son chiffre d’affaires annuel.
Pour ce chef d’entreprise, également implanté sur le MIN de Nantes, de Strasbourg et le marché de Lyon, l’objectif de fin d’année ne sera pas atteint et risque de se répercuter sur l’année prochaine.
« Malgré les efforts de fin d’année, pour les PME, c’est catastrophique », se désespère-t-il, tandis que sa clientèle en hôtellerie a filé. « On a mis trois ans à réapprivoiser les clients étrangers après les attentats et là, ça recommence : ils désertent », explique-t-il.
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