Le destin est parfois cruel. Le livre programmatique de Macron était intitulé tout simplement « Révolution ». Programmatique, mais aussi presque prophétique.
Comme me le faisait si justement remarquer ma femme devant la TSF lors de la journée de samedi, « tu sais mon chéri, il y a quand même un truc qu’on ne pourra pas enlever à Macron, c’est sa capacité à organiser les plus belles festivités commémoratives de mai 68… » Bon, c’était son moment taquin et cruel. Vous savez, les femmes sont terribles. Bien plus que nous, les hommes, souvent un peu « brut de décoffrage ». La finesse féminine sait appuyer généralement là où cela est douloureux.
D’ailleurs, les femmes de France sont très remontées et très nombreuses sur les barricades.
Bon, où en sommes-nous de cette restauration?
Les mots ont un sens et peuvent être parfois lourds de conséquences.
Il appartient à chacun de faire et dire en ces moments de flottement ce qui lui semble bon et juste pour le plus grand nombre.
Je connais que trop l’histoire pour savoir à quel point les révolutions sont dangereuses et se terminent dans des bains de sang et la création d’une nouvelle caste oligarchique qui remplace celle d’avant… pour recommencer l’exploitation des pauvres gens… comme avant !
La restauration, démocratique, pacifique de l’idée « du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » est une nécessité.
C’est un combat légitime s’il est mené de manière résolument non violente, et la force du mouvement des gilets jaunes est telle qu’il a évidemment la puissance nécessaire pour faire trembler jusqu’à la présidence. Nous y reviendrons.
Le gouvernement a su jouer les risques de morts.
C’est heureux d’ailleurs que nous ne comptions pas de victimes.
Ce qui m’a franchement étonné, c’est le nombre colossal de manifestants avec une mobilisation qui ne faiblit pas malgré une propagande considérable visant à décourager les moins motivés. « N’y allez pas, vous allez tous mourir »… Il va falloir trouver autre chose pour samedi prochain, sinon, il va y avoir beaucoup plus de monde.
Il appartient à chacun de faire et dire en ces moments de flottement ce qui lui semble bon et juste pour le plus grand nombre.
Je connais que trop l’histoire pour savoir à quel point les révolutions sont dangereuses et se terminent dans des bains de sang et la création d’une nouvelle caste oligarchique qui remplace celle d’avant… pour recommencer l’exploitation des pauvres gens… comme avant !
La restauration, démocratique, pacifique de l’idée « du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » est une nécessité.
C’est un combat légitime s’il est mené de manière résolument non violente, et la force du mouvement des gilets jaunes est telle qu’il a évidemment la puissance nécessaire pour faire trembler jusqu’à la présidence. Nous y reviendrons.
Le gouvernement a su jouer les risques de morts.
C’est heureux d’ailleurs que nous ne comptions pas de victimes.
Ce qui m’a franchement étonné, c’est le nombre colossal de manifestants avec une mobilisation qui ne faiblit pas malgré une propagande considérable visant à décourager les moins motivés. « N’y allez pas, vous allez tous mourir »… Il va falloir trouver autre chose pour samedi prochain, sinon, il va y avoir beaucoup plus de monde.
Les chiffres cocasses : 1.500 manifestants, 1.750 arrestations…
Gamin, je me souviens de l’exemple de l’URSS. Là-bas, la Pravda, qui était un peu à l’information ce que BFM TV est devenu chez nous au journalisme, expliquait doctement aux populations de l’Union soviétique que jamais la production de blé n’avait été aussi importante, que de nouveaux records venaient d’être battus, et chaque année c’était encore mieux que l’année d’avant. Dans la rue, les Soviétiques, eux, n’avaient du pain qu’une fois par semaine, et encore… en faisant 4 heures de queue !
Bref, nous vivons un instant quasi soviétique.
Si le système médiatique prend ostensiblement les sans-dents pour des imbéciles, le problème c’est que là, ils pilonnent tellement fort que cela se voit.
Nous assistons à des dialogues surréalistes où des journalistes expliquent à un pauvre gilet jaune, qui explique que l’État va privatiser la Française des Jeux ou les barrages EDF ou encore les aéroports de Paris qui gagnent des sous pour renflouer les caisses de l’État, qu’il faut y penser et sans doute ne pas le faire. Réponse du journaliste : « Vous êtes un faux gilet jaune pour savoir tout ça, vous avez une pensée politique, donc vous n’êtes pas un vrai gilet jaune »… Hallucinant. « Un gilet jaune ne sait pas réfléchir »… Systèmes médiatique et politique devenant complètement fous.
Il y avait donc officiellement 1.500 manifestants sur les Champs. 8.000 CRS qui ont interpellé 1.750 personnes. Hahahahahahahhahaha, bienvenue chez Manu-Ubu roi… Je force à peine le trait.
Déni, répression, et… dictature ou démission !
Ce qui se joue ici est une lutte très déterminée du peuple pour restaurer son pouvoir.
L’histoire des taxes sur le gasoil est désormais totalement secondaire. La France est entrée en sécession vis-à-vis de sa classe politique. C’est évidemment aussi dangereux que grave.
Après la phase de déni, la phase où il a fallu tenter de dissuader les gens de manifester, l’État est entré dans une phase de farouche répression.
On fait sortir les blindés, on arrête 1.800 personnes dont la plupart n’ont pas fait grand-chose si ce n’est d’avoir dans un sac à dos de quoi largement se protéger des gaz lacrymo… La justice sera sévère et dure avec essentiellement de bons gars inconnus des services de police. 1.700 ou 1.800 arrestations, et des pillages partout, dans tout notre pays…
Navré de le dire, mais en maintien de l’ordre… il va falloir faire mieux et plus pertinent…
Quand un gouvernement embastille son peuple, nous sommes sur une mauvaise pente qui me rappelle les « zeureslesplussombres » de notre histoire.
À propos de « zeureslesplussombres », quand on filme l’arrestation de masse de 150 gamins, car, ce sont des gamins, les mains sur la tête, alignés contre un mur, attendant l’exécution sommaire, qui heureusement ne viendra pas, nous sommes sur une pente dangereuse.
Très dangereuse.
Ils alimentent de manière irresponsable l’insurrection !
Un gamin qui se tient mal mérite une correction. Inutile d’interdire aux parents la claque au cul et au lit si c’est pour les aligner plus tard à coup de flash-ball contre les murs d’une banlieue défavorisée.
Les humiliations d’aujourd’hui font les insurgés de demain.
Des gilets jaunes chargés alors qu’ils sont assis, pacifiques, c’est une violence subie qui justifiera des violences demain.
Le cycle infernal de la violence. La seule violence légitime est à l’égard des casseurs et des pilleurs.
Pour lutter contre cette insurrection, il faut lui couper ses sources de carburant. Elles sont essentiellement au nombre de deux, et je vais être sympa en donnant le tuyau aux mamamouchis.
Pour gagner la bataille des cœurs, la répression doit rester modérée et pondérée, et adaptée, c’est-à-dire proportionnée. Ainsi elle sera acceptée par les citoyens et sera tolérable pour les forces de l’ordre au long cours.
La deuxième manière d’éteindre le feu, c’est d’introduire immédiatement le référendum dès 500.000 signatures ou tout autre seuil qui se discute, comme en Suisse avec le système de votation… et là, le peuple pourra dire qu’il se sera réapproprié son destin.
Petit bonus, sous forme de primes et sous-sous pour remplir les gamelles et alléger les gabelles.
La répression est intenable dans la durée. Elle ne peut pas constituer le projet présidentiel !
Le gouvernement et les mamamouchis doivent comprendre qu’il n’y a aucune répression qui sera tenable dans le temps. Aucune humiliation de masse n’est souhaitable.
Les Français, très majoritairement, ne veulent pas d’anarchie et restent favorables à l’ordre républicain. L’ordre républicain se doit d’être juste.
Les policiers, les juges, les corps intermédiaires peuvent être complaisants à court terme, le temps de laisser le temps au pouvoir de trouver une solution politique.
À moyen terme, les forces de l’ordre comme les juges cesseront d’embastiller le peuple. Les forces de l’ordre protègent la population. Ils ne sont pas la milice d’intérêts privés.
Les juges rendent la justice au nom du peuple français, formule qui orne chaque jugement. Les mots ont un sens.
La répression ne fonctionnera pas, pas plus que la peur n’a dissuadé les gens de sortir massivement dans la rue.
L’essentiel pour éteindre le feu qui brûle les cœurs, les colères qui enragent le peuple, c’est de rendre le pouvoir (au moins en partie), et d’accepter d’être le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Voilà ce qui serait un message d’apaisement solide et qui constituerait une sortie de crise crédible.
La seule chose que nos dirigeants puissent désormais faire, s’ils étaient pleins de sagesse, serait de se battre pour transformer cette révolution en restauration démocratique et citoyenne en modernisant considérablement des Institutions auxquelles nous sommes collectivement relativement attachés… et en « coconstruisant » la nouvelle démocratie en étant eux-mêmes les politiciens acteurs de ce grand mouvement en marche… J’adore parler comme eux, mais bon, ne soyons pas dupes !
Je crains évidemment que ce ne soit pas le cas. Macron est tellement perçu comme le président de l’oligarchie, faisant la politique de l’oligarchie pour l’oligarchie, que la confrontation risque d’être durable. D’ailleurs Macron n’est pas le seul à « refuser » le changement. Les derniers propos de Ségolène Royal expliquant que cela fera « des souvenirs aux gamins » (de Mantes la Jolie) montre bien le refus de rendre un peu de pouvoir au peuple.
Dans tous les cas, Macron ne peut plus gouverner tel qu’il l’envisageait ce qui ne veut pas dire qu’il ne peut plus gouverner. Il faut donc se poser la question de la pertinence de sa présence au plus haut sommet de l’État et du sens de son action future à la présidence.
Vers la solution historique de la démission d’un président ?
Tous ceux qui observent vraiment et écoutent réellement ont compris à quel point le niveau de haine était élevé. C’est même du jamais vu. Nous ne parlons plus ici de popularité ou de cote d’impopularité.
Nous parlons de haine, et c’est infiniment plus grave et plus inquiétant et en aucun cas souhaitable pour notre démocratie et nos institutions.
Espérons que le discours du président calmera les esprits et qu’il saura trouver les mots et les propositions qui inciteront les gens à rentrer chez eux.
Si ce n’est pas le cas, alors, la seule solution la plus sage consistera à préparer en bon ordre le retrait du président qui, conformément à la Constitution, laissera le pouvoir au Président du Sénat, Gérard Larcher, un homme d’expérience, peu clivant, plutôt débonnaire et rassurant, amateur de choucroute et de cassoulet qui sera en mesure de préparer et d’organiser de nouvelles élections avec cette fois, un débat, un vrai débat.
S’accrocher à un pouvoir qui confère une autorité qui n’est plus respectée ni même respectable est une mauvaise gestion d’une situation dont nos mamamouchis n’ont pas encore totalement pris la mesure de la profondeur et de la gravité.
Poser la question du maintien de Macron n’est pas une provocation. C’est encore un peu tôt, et je me situe ici dans l’anticipation car si dans les deux semaines qui viennent le mouvement perdure avec la même force, alors c’est cette question qui sera sur toutes les lèvres.
Économiquement, c’est, disons-le sans faux-fuyant, la catastrophe. Même Bruno Le Maire le confirme. Paris était fermé, les commerces aussi dans une grande partie du pays, les pillages ont été nombreux, les dégradations, massives. La France ne pourra pas tenir éternellement de cette façon-là.
Enfin, le JDD a fait part de la dernière fuite du Palais où Macron a confié à ses conseillers… "Quand il y a de la haine, c’est qu’il y a aussi une demande d’amour".
Certes, mais le pays n’a pas besoin ni d’une cellule psychologique ni d’une psychothérapie générale avec des câlins gratuits. Personne ne croira Jupiter s’il vient jouer la pièce de théâtre du « mais je vous aime ».
Il est important de préciser au président que le peuple risque de demander des « preuves d’amour », et que ces preuves d’amour, c’est a priori plus de liberté et d’autodétermination.
Pour le moment, notre pays est toujours sur la corde raide. Tout peut arriver. Le président peut reprendre le contrôle de la situation… ou pas, tout peut basculer, alors…
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
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