GILE MICHEL/SIPA
Aucun gouvernement ne peut résister au tsunami fiscal de Bercy. La techno structure française rend tout illisible; la volonté de réformer est réelle mais il fallait d'abord réformer ceux qui font les réformes ( ou les virer ?).
Il va falloir un jour l'avouer, on ne comprend plus rien à la fiscalité ambiante.
Cela fait des jours que l'on nous explique par exemple, que la baisse de la taxe d'habitation n'est pas une baisse, ce serait une hausse pour certains, dans certaines conditions, car certains maires auraient en fait augmenté "la part communale de la TH" sans qu'on le sache; de toutes façons la baisse présumée ne concerne pas les 20% les plus riches... Les retraités qui figurent parmi les malchanceux, en plus ne verront pas la baisse des charges compensatoire sur les salaires qui va intervenir, puisqu'ils sont à la retraite ! Vous me suivez ?! Ils paient la CSG "contribution sociale généralisée" (pour ceux qui ne savent pas ce que c'est mais qui la paient).
Tout le monde se gratte la tête en râlant. Nous sommes saturés par les témoignages vus à la télé du type qui a perdu 3 euros, de celui qui en a gagné 200, de celui qui a gagné beaucoup plus, et avec sa feuille d'imposition en gros plan... Tout le monde n'en peut plus et surtout le téléspectateur qui veut qu'on lui parle d'autre chose. Ne plus savoir à quel impôt se vouer rend les gens de très mauvaise humeur, peut-être même plus que les sommes qu'on leur prélève.
Pour les "ultra riches” nouvelle catégorie après les "super riches" qui ont failli se réjouir de la suppression de l'ISF ('Impôt sur la Fortune) bienvenu dans le monde fiscal kafkaïen de l'impôt sur la fortune immobilière qui s'adresse aux mêmes, puisque lorsqu'on est riche on possède de l'immobilier : pas bêtes à Bercy ! Petits, les inspecteurs des finances, devaient jouer au bonneteau à la récré, devenus grands… Ils continuent. Résumons-nous : abattement pour la résidence principale (bon courage pour les décotes) et pour le reste, simple comme bonjour, il faut prendre en compte les investisseurs sans frontières, les SCPI, les OCPI (placements collectifs) les contrats de capitalisation, les crédits déductibles sur 10 ans de façon dégressive et rétroactivement, les dettes familiales, les contrats de prêts, le patrimoine immobilier affecté à une activité professionnelle et je vous en passe... au moins on n'en parlera pas dans les médias, car cela ne concerne que les riches qui n'ont, c'est bien connu que ce qu'ils méritent.
Les Shadocks ont fait souche à Bercy
Pour les autres, il va falloir comprendre sa nouvelle feuille de paye (avec des lignes spéciales en gras pour nous faire remarquer quand c'est favorable). La compréhension du prélèvement à la source et la déclaration d'impôt à venir dépassent les capacités intellectuelles du Français moyen et même de l'élite, puisque pour l'élite c'est encore plus compliqué avouent les énarques et les PDG.
On se demandait à quoi on allait bien pouvoir employer les cohortes de fonctionnaires chargés de la perception des impôts à l'heure du numérique. C'est tout vu et il faudra même en recruter davantage, car ils seront dévolus à l'explication du changement et au contrôle des erreurs. La bureaucratie n'est jamais à cour d'idée pour justifier ses besoins en effectifs. Pour les entreprises, les experts-comptables et conseillers fiscaux se frottent les mains, malgré le burn-out qui les menacent. Les Shadocks ont fait souche à Bercy.
Toujours dans cette frénésie " simplificatrice ", sachez que depuis quelques jours, les carburants portent de nouveaux noms bucoliques : fini le Diesel c'est maintenant du B7, le sans plomb 98, lui, est devenu E5, mais soyons juste avec Bercy, nous devons cette dernière lubie, à une directive européenne, destinée à unifier les appellations en Europe … à Bruxelles aussi on simplifie!
Même pour faire ses courses la vie se complique, pour être certain de bien se nourrir il faut une appli spéciale qui scanne le produit qu'on achète, pour le reste Bercy va remédier à nos interrogations puisqu'il va taxer les aliments qui ont trop de sel ou trop de sucre, voire trop de gras. Bercy veille à notre santé, la taxe est bonne pour la santé. Tellement bonne d'ailleurs qu'on fume un peu moins depuis que le prix du paquet est franchement dissuasif, du moins pour les fumeurs n'ont pas encore trouvé la filière pour acheter ailleurs. La ministre de la Santé qui a parfaitement raison de s'inquiéter de la consommation d'alcool, en particulier chez les jeunes, a sermonné Bercy pour avoir oublié (sic) d'augmenter les taxes sur l'alcool. La taxe est la nouvelle panacée de nos gouvernants.
L’Administration est au pouvoir
Mais après tout nous pouvons être fiers : 1 impôt par jour (365 différents) c'est un record, sinon mondial, du moins européen. Sans compter les taxes qu'on appelle joliment les" taxes adjointes". Là, on se lâche... Il y en a partout, connaissez-vous la TEOM par exemple ? (Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères) elle a dans certains cas augmenté de 25%. Vous remarquerez également que ce prélèvement (car c'en est un) croit à mesure que l'on vous demande de faire un tri aussi sélectif que rigoureux. Trier ses déchets c'est peut-être " bon pour la planète " mais cela suppose de multiplier les bacs et donc les camions de collecte (ça, c'est peut-être moins bon, mais chut !)… CQFD. Que dire de la GMAPI ? La taxe sur la Gestion des Milieux Aquatiques et de Prévention des Inondations. Il serait logique d'en créer une pour la prévention des avalanches en montagne, au nom de la non-discrimination devant l'impôt.
Comment voulez-vous que les Français n'en aient pas ras-le-bol ? Aucun gouvernement ne peut résister au tsunami fiscal de Bercy, d'autant que chacun sait que tant que l'on n'aura pas baissé la dépense publique, nous serons condamnés à payer sur tout et plus encore. Comme le disait Clemenceau : " La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et l'on y récolte des impôts ".
Alors certes, la complexité croissante actuelle permet d'expliquer que finalement on va y gagner, et les porte-paroles de nommer quelques catégories sociales gagnantes et de démontrer que tout va s'arranger, lorsque que nous verrons nos nouvelles feuilles de paie ... sauf qu'il y aura le prélèvement à la source et que la baisse des charges salariales sera moins visible, d'où l'obligation de mettre 2 lignes en gras pour qu'on le remarque bien.
Stop ! La techno structure française rend tout illisible; la volonté de réformer est réelle mais il fallait d'abord réformer ceux qui font les réformes. Nous nous engluons dans les sables mouvants de l'administration et même le président de la République semble impuissant. En tous les cas ne nous inquiétons pas, le temps passé sans ministre à la tête des ministères n'a vraiment aucune importance : la haute administration (et la petite) est au pouvoir et ne lâche rien.
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