Comment peut-on tolérer qu'une BD, fusse-t-elle pour adulte (ce n'est pas une excuse) sorte en France alors que la couverture annonce d'emblée de la pornographie infantile? L'avocate maître Grimaud ne s'y trompait pas lorsqu'elle a affirmé il y a quelques mois que la France est l'eldorado des pédophiles. Rappelons qu'en 2016 était sorti au cinéma le film Sausage Party qui mettait en scène orgies, viols et sodomies dans un dessin animé accessible dès 12 ans. Ce film vomitif qui avait coûté 19 millions de dollars en a rapporté...152 millions à ses producteurs.
Fawkes
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Présenté dans sa préface comme une parodie des aventures de Martine, Petit Paul de Bastien Vivès fait l’objet d’une vive polémique. Ce serait pourtant « un pied de nez à l’ordre moral, la sexualité bien-pensante qui rassure... qui emmerde », relève la préfacière, Céline Tran. Oui, mais on parle aussi de pédopornographie...
Petit Paul vit à la campagne, d’accord : il va à l’école primaire (il a possiblement une dizaine d’années) et la nature l’a doté d’un pénis monstre, dont le sperme coule à flots. Étonnante nature. Le titre inaugure la collection Porn' Pop que les éditions Glénat viennent de lancer pour cette rentrée.Sa directrice, Céline Tran, fut connue sous le nom de Katsuni alors qu’elle était actrice de films X.
Un mineur trop bien membré
Sauf que Petit Paul, comme son personnage le laisse entendre, est un mineur et ainsi que le souligne la couverture du titre, c’est un mineur dans un ouvrage à caractère pornographique. Et c’est là que le bât commence à blesser sérieusement.
Une pétition a été déclenchée, considérant que l’ouvrage verse dans la pédopornographie : le gamin se retrouve en effet, à de nombreuses reprises, à avoir des rapports sexuels avec des femmes, largement adultes, elles.
Par le menu : son institutrice qui lui inflige un cunnilingus – en lui demandant de réciter sa poésie. Et ce, après que Paul gagné par le trac a abondamment répandu du sperme partout dans les toilettes. Il avait quitté la classe avec l’enseignante parce qu’il s’était fait pipi dessus, angoissé à l’idée de sa récitation.
« Seul le sketch avec la maîtresse est un peu borderline, car elle est plus volontaire que les autres protagonistes de l’album. Mais il n’y a pas de sa part de pulsion sexuelle selon moi », indique d’ailleurs l’auteur dans un entretien au Huff Post.
Séquence suivante : de nouveau, Paul (qui a un don pour se mettre dans des situations pas possibles) se retrouve caché derrière un rideau, de nouveau en plein coït. Deux femmes manifestement musulmanes entrent pour se changer, et pas de chance : le pantalon de Paul craque sous la pression de son érection. Pour cacher Paul, une seule solution : la pénétration. Et une fois encore, sans, vraiment, lui demander son avis...
La scène s’achève sur une éjaculation faciale au visage du père de cette jeune femme pleine de bonne volonté.
Nouveau jeu : au judo, c’est un 69 avec sa prof qui s’engage. Difficile de dire si Paul y prend plaisir, mais, là encore, cela s’achèvera pas une éjac'. Il y aura une séquence de sodomie alors que le petit est sur la cuvette des toilettes. Qu’on se rassure : la femme qui en profite a été longuement préparée (fist et foot fucking inside).
Passons rapidement sur la case où l’on assiste à une scène de zoophilie – Monsieur Jacques, paysan, est en train de faire son affaire avec une vache... Dans la ferme se déclenche une sorte de gang bang de haut niveau : pour préserver l’enfant, Magalie, sa soeur, se retrouve à le porter sur son dos, après que, par mégarde, Paul l’a pénétrée.
« Attends, c’est peut-être la seule solution », explique-t-elle, alors que le pénis de Paul est toujours en elle. Cette même Magalie encouragera Paul (cette fois dans une levrette plus conventionnelle) à taper fort, pour échapper à une créature maléfique. C’est la dernière saynète de la BD qui se clôt ainsi...
Représentation de rapports sexuels avec un mineur : ça coince...
Résumons : graphiquement, pas grand-chose à dire. C’est du très bon Bastien Vivès, dont le trait est mis au service de séquences pornographiques velues velues. Sur le fond, et c’est bien ce que la pétition souligne, ces instants de sexualité débridée s’opèrent bel et bien avec un enfant.
Donc de la pédophilie – cette dernière consistant à une pornographie où des enfants sont mis en scène. Et dans le cas de Paul, nous sommes bel et bien face à un personnage en dessous de l’âge de la majorité sexuelle – donc d’une atteinte sexuelle sur mineur. Soit 7 ans de prison et 100.000 € d’amende – et quand bien même le mineur serait consentant. (article 227-25 du Code pénal de 1994, modifié par la loi du 17 juin 19982 et celle du 3 août 20183)
Quand à l’article 227-23, il est radical : « Le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d'enregistrer ou de transmettre l'image ou la représentation d'un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. »
Dans le cas de Paul, qui ne manifeste pas de résistance ni n’exprime de consentement explicite, on pourrait basculer dans l’agression sexuelle... voire le viol puisqu’il y a pénétration. Le cas de la maîtresse, en début de BD, relèverait même de circonstances aggravantes, puisque la personne abuse de l’autorité que lui confère son poste pour obtenir son cuni – 10 ans de prison et 150.000 € d’amende.
La loi Schiappa sur les violences sexuelles est encore fraîche de ses vifs débats dans les chambres parlementaires – notamment concernant l’article 2 qui était accusé de minorer les peines en cas de viol. Et c’est bien d’un crime dont on parle...
Ne pas se voiler la face toutefois
« Nous rappelons que le livre est censé être humoristique, et il nous paraît délicat de rire d’une scène faisant l’apologie de l’abus d’enfant, un sujet malheureusement bien trop actuel », indique la pétition qui demande le retrait du marché de la BD.
Alors, peut-on rire de tout, avec tout le monde, et commercialiser un ouvrage qui présente tous les aspects d’un titre centré sur la pédopornographie ? Excellentes questions : la réponse juridique est non.
Pas question non plus de feindre l’ignorance : internet regorge, si l’on veut en trouver, de comics mettant en scène des incestes et de la pédophilie à foison. Le magazine spécialisé (et pour adultes) Le tag parfait, faisait déjà état en novembre 2015 de la recrudescence d’une « vague incestueuse » dans la BD pour adultes.
« Je pense que l’inceste attire les gens parce que c’est la chose la plus défendue qui vient à l’esprit dans le domaine du sexe. Et tout ce qui est défendu semble plus attirant » indiquait alors le dessinateur Romulo « Melkor » Mancin, qui a bossé pour Milftoon, éditeur dédié à cette littérature.
Pour autant, les scénarii des BD n’étaient pas de lui, et les histoires impliquaient des affaires de belle-mère. Mais le fait qu'existe une demande et qu'une offre y réponde n'autorise pas non plus à passer outre la loi, et la protection des mineurs.
Les éditions Glénat ont diffusé un communiqué, répondant à ces différentes questions.
« Suite aux récentes et vives attaques à l’encontre de l’ouvrage Petit Paul de Bastien Vives, nous avons tenu à réagir. Premièrement, il est important de souligner que Petit Paul est un ouvrage exclusivement destiné aux adultes (l’album est vendu scellé, sous blister, avec un sticker avertissant distinctement de la teneur de son contenu pour public avertis) et que sa mise à disposition est, par conséquent, interdite aux mineurs.
Par ailleurs, nous réfutons fermement et catégoriquement les accusations de pédopornographie dont Petit Paul fait l’objet. Aussi obscène et provocatrice qu’on puisse la considérer, cette œuvre de fiction n’a jamais pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineurs de quelque manière que ce soit. Il s’agit d’une caricature dont le dessin, volontairement grotesque et outrancier dans ses proportions, ne laisse planer aucun doute quant à la nature totalement irréaliste du personnage et de son environnement. L’aspect de Petit Paul ne peut en aucun cas être tenu pour la représentation fidèle d’un mineur ; ni les situations extrêmes et absurdes qu’il vit pour des situations réalistes.
Si notre maison laisse libre cours à la liberté de ton, l’audace et la créativité, elle est également particulièrement attentive à ce qu’elle publie et assume l’ensemble de ses choix éditoriaux. Jamais elle n’aurait autorisé la publication d’une œuvre allant à l’encontre de la loi, ou présentant la moindre ambiguïté sur un sujet aussi grave.
Merci de votre vigilance.
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Présenté dans sa préface comme une parodie des aventures de Martine, Petit Paul de Bastien Vivès fait l’objet d’une vive polémique. Ce serait pourtant « un pied de nez à l’ordre moral, la sexualité bien-pensante qui rassure... qui emmerde », relève la préfacière, Céline Tran. Oui, mais on parle aussi de pédopornographie...
Un mineur trop bien membré
Sauf que Petit Paul, comme son personnage le laisse entendre, est un mineur et ainsi que le souligne la couverture du titre, c’est un mineur dans un ouvrage à caractère pornographique. Et c’est là que le bât commence à blesser sérieusement.
Une pétition a été déclenchée, considérant que l’ouvrage verse dans la pédopornographie : le gamin se retrouve en effet, à de nombreuses reprises, à avoir des rapports sexuels avec des femmes, largement adultes, elles.
Par le menu : son institutrice qui lui inflige un cunnilingus – en lui demandant de réciter sa poésie. Et ce, après que Paul gagné par le trac a abondamment répandu du sperme partout dans les toilettes. Il avait quitté la classe avec l’enseignante parce qu’il s’était fait pipi dessus, angoissé à l’idée de sa récitation.
« Seul le sketch avec la maîtresse est un peu borderline, car elle est plus volontaire que les autres protagonistes de l’album. Mais il n’y a pas de sa part de pulsion sexuelle selon moi », indique d’ailleurs l’auteur dans un entretien au Huff Post.
Séquence suivante : de nouveau, Paul (qui a un don pour se mettre dans des situations pas possibles) se retrouve caché derrière un rideau, de nouveau en plein coït. Deux femmes manifestement musulmanes entrent pour se changer, et pas de chance : le pantalon de Paul craque sous la pression de son érection. Pour cacher Paul, une seule solution : la pénétration. Et une fois encore, sans, vraiment, lui demander son avis...
La scène s’achève sur une éjaculation faciale au visage du père de cette jeune femme pleine de bonne volonté.
Nouveau jeu : au judo, c’est un 69 avec sa prof qui s’engage. Difficile de dire si Paul y prend plaisir, mais, là encore, cela s’achèvera pas une éjac'. Il y aura une séquence de sodomie alors que le petit est sur la cuvette des toilettes. Qu’on se rassure : la femme qui en profite a été longuement préparée (fist et foot fucking inside).
Passons rapidement sur la case où l’on assiste à une scène de zoophilie – Monsieur Jacques, paysan, est en train de faire son affaire avec une vache... Dans la ferme se déclenche une sorte de gang bang de haut niveau : pour préserver l’enfant, Magalie, sa soeur, se retrouve à le porter sur son dos, après que, par mégarde, Paul l’a pénétrée.
« Attends, c’est peut-être la seule solution », explique-t-elle, alors que le pénis de Paul est toujours en elle. Cette même Magalie encouragera Paul (cette fois dans une levrette plus conventionnelle) à taper fort, pour échapper à une créature maléfique. C’est la dernière saynète de la BD qui se clôt ainsi...
Représentation de rapports sexuels avec un mineur : ça coince...
Résumons : graphiquement, pas grand-chose à dire. C’est du très bon Bastien Vivès, dont le trait est mis au service de séquences pornographiques velues velues. Sur le fond, et c’est bien ce que la pétition souligne, ces instants de sexualité débridée s’opèrent bel et bien avec un enfant.
Donc de la pédophilie – cette dernière consistant à une pornographie où des enfants sont mis en scène. Et dans le cas de Paul, nous sommes bel et bien face à un personnage en dessous de l’âge de la majorité sexuelle – donc d’une atteinte sexuelle sur mineur. Soit 7 ans de prison et 100.000 € d’amende – et quand bien même le mineur serait consentant. (article 227-25 du Code pénal de 1994, modifié par la loi du 17 juin 19982 et celle du 3 août 20183)
Quand à l’article 227-23, il est radical : « Le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d'enregistrer ou de transmettre l'image ou la représentation d'un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. »
Dans le cas de Paul, qui ne manifeste pas de résistance ni n’exprime de consentement explicite, on pourrait basculer dans l’agression sexuelle... voire le viol puisqu’il y a pénétration. Le cas de la maîtresse, en début de BD, relèverait même de circonstances aggravantes, puisque la personne abuse de l’autorité que lui confère son poste pour obtenir son cuni – 10 ans de prison et 150.000 € d’amende.
La loi Schiappa sur les violences sexuelles est encore fraîche de ses vifs débats dans les chambres parlementaires – notamment concernant l’article 2 qui était accusé de minorer les peines en cas de viol. Et c’est bien d’un crime dont on parle...
Ne pas se voiler la face toutefois
« Nous rappelons que le livre est censé être humoristique, et il nous paraît délicat de rire d’une scène faisant l’apologie de l’abus d’enfant, un sujet malheureusement bien trop actuel », indique la pétition qui demande le retrait du marché de la BD.
Alors, peut-on rire de tout, avec tout le monde, et commercialiser un ouvrage qui présente tous les aspects d’un titre centré sur la pédopornographie ? Excellentes questions : la réponse juridique est non.
Pas question non plus de feindre l’ignorance : internet regorge, si l’on veut en trouver, de comics mettant en scène des incestes et de la pédophilie à foison. Le magazine spécialisé (et pour adultes) Le tag parfait, faisait déjà état en novembre 2015 de la recrudescence d’une « vague incestueuse » dans la BD pour adultes.
« Je pense que l’inceste attire les gens parce que c’est la chose la plus défendue qui vient à l’esprit dans le domaine du sexe. Et tout ce qui est défendu semble plus attirant » indiquait alors le dessinateur Romulo « Melkor » Mancin, qui a bossé pour Milftoon, éditeur dédié à cette littérature.
Pour autant, les scénarii des BD n’étaient pas de lui, et les histoires impliquaient des affaires de belle-mère. Mais le fait qu'existe une demande et qu'une offre y réponde n'autorise pas non plus à passer outre la loi, et la protection des mineurs.
Les éditions Glénat ont diffusé un communiqué, répondant à ces différentes questions.
« Suite aux récentes et vives attaques à l’encontre de l’ouvrage Petit Paul de Bastien Vives, nous avons tenu à réagir. Premièrement, il est important de souligner que Petit Paul est un ouvrage exclusivement destiné aux adultes (l’album est vendu scellé, sous blister, avec un sticker avertissant distinctement de la teneur de son contenu pour public avertis) et que sa mise à disposition est, par conséquent, interdite aux mineurs.
Par ailleurs, nous réfutons fermement et catégoriquement les accusations de pédopornographie dont Petit Paul fait l’objet. Aussi obscène et provocatrice qu’on puisse la considérer, cette œuvre de fiction n’a jamais pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineurs de quelque manière que ce soit. Il s’agit d’une caricature dont le dessin, volontairement grotesque et outrancier dans ses proportions, ne laisse planer aucun doute quant à la nature totalement irréaliste du personnage et de son environnement. L’aspect de Petit Paul ne peut en aucun cas être tenu pour la représentation fidèle d’un mineur ; ni les situations extrêmes et absurdes qu’il vit pour des situations réalistes.
Si notre maison laisse libre cours à la liberté de ton, l’audace et la créativité, elle est également particulièrement attentive à ce qu’elle publie et assume l’ensemble de ses choix éditoriaux. Jamais elle n’aurait autorisé la publication d’une œuvre allant à l’encontre de la loi, ou présentant la moindre ambiguïté sur un sujet aussi grave.
Merci de votre vigilance.
- Les éditions Glénat. »
Dont acte...
L’association internationale des victimes de l’inceste ne semble pas avoir digéré le communiqué de l’éditeur, et a manifestement décidé de porter plainte.
Nous avons pris attache avec l'association et sommes en attente de précisions, ainsi que de la part des éditions Glénat.
Première réaction, rapidement après le déclenchement de la polémique, la décision de Cultura de déréférencer l’ouvrage, et de le retirer de la vente dans ses boutiques.
Peu après, c'est le groupe Gibert qui a fait part de la même décision
Source
Dont acte...
L’association internationale des victimes de l’inceste ne semble pas avoir digéré le communiqué de l’éditeur, et a manifestement décidé de porter plainte.
Nous avons pris attache avec l'association et sommes en attente de précisions, ainsi que de la part des éditions Glénat.
Première réaction, rapidement après le déclenchement de la polémique, la décision de Cultura de déréférencer l’ouvrage, et de le retirer de la vente dans ses boutiques.
Peu après, c'est le groupe Gibert qui a fait part de la même décision
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