La liberté de ton qu'embrassent les internautes sur la toile et le langage fleuri qu'ils n'hésitent pas à employer sont désormais dans la ligne de mire du gouvernement, comme l'a rappelé le secrétaire d'Etat chargé du Numérique Mounir Majhoubi sur les ondes de France Info le 21 septembre.
«Il faut reciviliser internet et notamment les réseaux sociaux. Il faut qu'on ait à nouveau un dialogue et une parole normalisée», a ainsi soutenu Mounir Majhoubi avant d'introduire quelques mesures envisagées par le gouvernement dans le cadre de sa lutte contre le «cyberharcèlement».
Pour étayer son propos et justifier les dites mesures auprès des auditeurs, Mounir Majhoubi a imaginé à quoi ressemblerait le réseau social Twitter s'il s'agissait... d'un bus. Et le secrétaire d'Etat de faire valoir que tout un chacun se ferait chahuter : «Vous rentreriez et vous auriez droit à "hey connard, t'as vu ta gueule, vas-y sors d'ici."» Poussant encore un peu la métaphore, Mounir Majhoubi a décrit un bus où «on vous marcherait sur le pied, on vous pousserait très fort». Images marquantes mais qu'il paraît toutefois difficile de ramener à un comportement sur les réseaux sociaux, où les joutes sont par définition plus verbales que physiques. Ce qui n'a pourtant pas empêché le secrétaire d'Etat d'expliquer que c'était bel et bien ce qu'il lui arrivait «à chaque fois [qu'il faisait] un tweet».
Le gouvernement s'appuiera sur un rapport
C'est donc pour lutter contre ses maux que le gouvernement a repris à son compte le 20 septembre certaines propositions d'un rapport qui appelle à renforcer la pression sur les opérateurs du Net pour lutter contre la «cyberhaine». Les auteurs de ce rapport, l'enseignant franco-algérien Karim Amellal, la députée LREM Laetitia Avia et le vice-président du Conseil représentatif des institutions juive (Crif) Gil Taïeb y dénoncent les «faiblesses du dispositif réglementaire actuel» et l'«indifférence des pouvoirs publics», qui permettent selon eux aux discours de haine de «prospérer sur internet dans une relative impunité».
Une des mesures principales, parmi la vingtaine que comporte le rapport, propose de multiplier par 100 le montant des amendes encourues par les grands réseaux sociaux et moteurs de recherche s'ils ne retirent pas sous 24 heures les propos haineux, à l'image de ce qui se pratique en Allemagne. Ainsi, ces amendes pourraient aller jusqu'à un montant de 37,5 millions d'euros pour les personnes morales et 7,5 millions d'euros pour les personnes physiques par publication non retirée. Le Premier ministre Edouard Philippe, qui s'est dit favorable «à la mise en place de sanctions financières très dissuasives», a par ailleurs confirmé l'intention du gouvernement de proposer au parlement, en 2019, une modification de la loi concernant la lutte contre la cyberhaine.
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