10 juillet 2018

Val d’Yerres : les policiers municipaux lancent un SOS


Certains agents s’estiment mis en danger par le manque d’assistance de la police nationale dans leurs missions, faute d’effectif. Témoignages.

Les menaces, insultes et intimidations sont devenues son lot quotidien. Depuis plusieurs semaines, elles ponctuent chacune des missions que mène Julien* à la tête de sa brigade de policiers municipaux d’une commune du Val d’Yerres-Val de Seine. Lui qui a connu quelques terrains chauds en Seine-Saint-Denis pensait vivre une deuxième partie de carrière moins agitée dans la banlieue sud de Paris entre les rives de l’Yerres et la forêt de Sénart.

Pourtant, après quelques mois d’activité, son constat est sans appel. « Ici, il y a un travail énorme. Beaucoup plus que dans mes anciens postes du 93. J’ai retrouvé dans cette ville où je suis arrivé fin 2017 des situations en termes de trafics et de délinquance qu’on ne rencontre même plus en Seine-Saint-Denis. » Pour mettre cette réalité à jour, le policier municipal a choisi de témoigner.

« On a attendu les renforts pendant quarante minutes au point que les habitants voulaient qu’on rentre chez eux pour nous abriter »

Selon lui, l’impunité régnerait sur certains quartiers. La faute notamment au désengagement progressif de la police nationale. Dernier exemple en date, la mise en commun depuis le mois d’avril des effectifs des brigades anticriminalité des trois commissariats du Val d’Yerres Val de Seine (Brunoy, Montgeron et Draveil) pour répondre aux arrêts maladie, aux mutations et plus généralement au manque de fonctionnaires. Mais dans une agglomération de 130 000 habitants, les policiers ainsi répartis ne peuvent pas être partout à la fois. Et c’est ce que ressentent les agents municipaux. « En un mois à peine d’exploration de parties communes on a saisi deux kilos d’herbe et résine de cannabis, 200 g de cocaïne, du Subutex [NDLR : médicament substitutif à l’héroïne] mais aussi un peu d’héroïne. Le tout à peine dissimulé dans des gaines techniques ou des trappes d’ascenseur », affirme Julien.

Plus grave, le manque de moyen et de réactivité de la police nationale commence à mettre sérieusement en péril la sécurité de Julien et ses collègues selon ce policier. « Un soir, nous étions deux en périphérie d’une résidence pour tenter de récupérer un scooter volé. On a été encerclés par des dizaines d’individus qui nous ont caillassés. J’ai passé un appel d’urgence au commissariat local. On a attendu les renforts pendant quarante minutes au point que les habitants voulaient qu’on rentre chez eux pour nous abriter. En dix ans de terrain, je n’avais jamais vu ça. Depuis qu’on a accentué la pression sur ces groupes, les menaces se multiplient. Il arrive qu’on soit suivis en voiture jusqu’à notre domicile et qu’on menace nos familles. C’est de l’intimidation mais on craint le jour où les actes dépasseront les paroles. »

A quelques kilomètres de là, Olivier Clodong, maire (DVD) de Yerres dénonce une situation similaire. « Les policiers nationaux sont pleins de bonnes volontés mais sans effectif, ils ne peuvent pas faire grand-chose. Il y a trois semaines, ma police municipale n’a jamais vu venir de renforts sur une intervention. Mes six agents se sont retrouvés face à plus de vingt individus hostiles. Pour compenser et maintenir le niveau de sécurité, je vais recruter quatre agents supplémentaires. »

« Ces agents complètent notre action »

Complémentarité. C’est le terme choisi par Jean-François Papineau, le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) lorsqu’il évoque les missions des polices nationale et municipales. « Dans le cadre de la police de sécurité du quotidien (PSQ), la police nationale met en place un dispositif adapté à chacun des territoires, indique-t-il. Les PM sont associées à cela et ont donc vocation à compléter l’action de la police nationale. » Sur le thème des effectifs, le patron des policiers de l’Essonne joue la prudence. « On optimise nos moyens pour être présents sur le terrain. Chaque commissariat dispose d’un effectif de référence. Mais celui-ci peut varier à certains moments en fonction des mutations et des sorties d’école », reconnaît Jean-François Papineau. « Je suis satisfait lorsqu’une mairie investit dans une police municipale, poursuit-il. C’est un apport intéressant sur le terrain à condition que les agents soit formés et compétents. »

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