01 juillet 2018

Nous sommes dans la phase terminale de la plus grande bulle de dette de l’histoire mondiale


Chaque fois que les médias grand public parlent de « nouveaux formidables chiffres économiques, » ça me fait grincer des dents. Certes, il est vrai que ça s’est légèrement amélioré depuis que Donald Trump est à la Maison Blanche, mais le tableau économique florissant décrit constamment par les médias grand public, est tout à fait absurde. Comme vous allez le découvrir, si les vraies données étaient prises en compte, tous les aspects économiques majeurs seraient absolument catastrophiques. Nous pouvons bien sûr espérer voir les États-Unis se redresser économiquement sous Donald Trump, mais nous n’en sommes pas encore là. L’économiste John Williams de shadowstats.com recalcule depuis de nombreuses années ce que seraient les chiffres clés de notre économie si les vraies statistiques étaient prises en compte, et il a acquis la réputation d’être très précis. Selon lui, l’économie étasunienne est en récession et/ou en dépression depuis très longtemps.

Commençons par le chômage. On nous raconte que le taux de chômage aux États-Unis est actuellement de ‘3,8%’, et que ce serait le taux le plus bas depuis ‘près de 50 ans’.

Pour étayer ce racontar, les médias grand public pondent sans cesse des articles évoquant le merveilleux de la situation. Par exemple, voici ce qu’on trouve dans un article récent du New York Times, intitulé Les mots nous manquent pour décrire à quel point les chiffres de l’emploi sont bons :

En analysant les chiffres d’emplois de mai publiés vendredi, la vraie question est de savoir s’il y a assez de synonymes de « bon » dans un dictionnaire en ligne pour les décrire correctement.

Ainsi, par exemple, ‘splendide’ et ‘excellent’ font l’affaire. Ce sont les termes appropriés lorsque l’économie des États-Unis ajoute 223.000 emplois par mois, malgré neuf ans de développement, alors que le taux de chômage tombe à 3,8%, un nouveau creux depuis 18 ans.

Cela n’a-t-il pas l’air génial ? Ce le serait si les données prises en compte étaient honnêtes.

La vérité est bien évidemment que le pourcentage de la population employée a remonté à peine depuis les profondeurs de la dernière récession. D’après John Williams, si les bons chiffres étaient utilisés, le taux de chômage serait en réalité de 21,5% aujourd’hui.

Mais quelle est donc la raison de cet écart ? [de 17,7% quand même, ils n’y vont pas de main morte ! NdT]

Comme je l’explique maintes fois depuis des lustres, le gouvernement transvase tout bonnement des gens de la catégorie ‘chômeurs officiels’ dans la catégorie ‘population inactive’.

Si nous prenons les chiffres du gouvernement, il y a près de 102 millions de gens en âge de travailler qui n’ont pas d’emploi en ce moment. Ce chiffre est le plus important de la dernière récession.

Nous sommes manipulés. J’ai un ami dans le sud de l’Idaho, ingénieur informatique hautement qualifié, qui est sans emploi depuis deux ans. Si le taux de chômage est vraiment de 3,8%, pourquoi ne peut-il pas trouver un emploi décent ?

Au fait, si vous vivez dans la région de Boise et que vous connaissez un poste d’ingénieur informatique libre, merci de me le faire savoir pour que je l’en informe.

Bien, passons maintenant à l’inflation.

D’après Williams, la façon dont l’inflation est calculée dans ce pays a été modifiée plusieurs fois au cours des décennies :

Williams affirme qu’aux États-Unis, les organismes de statistiques surestiment les données du PIB en sous-estimant les données de l’inflation qu’ils utilisent dans le calcul.

Manipuler le taux de l’inflation, affirme Williams dans son commentaire sur la mesure de l’inflation publique, sert aussi au gouvernement à truquer l’ajustement au coût de la vie, afin de moins débourser pour les retraités.

L’ironie veut que cette manipulation se pratique maintenant au grand jour depuis des lustres, les administrations républicaine et démocrate successives apportant des ‘améliorations’ dans la façon de calculer les données.

Si l’inflation était encore calculée comme elle l’était en 1990, son taux serait aujourd’hui de 6% au lieu d’environ 3%.

Et si l’inflation était encore calculée comme elle l’était en 1980, son taux serait d’environ 10% aujourd’hui.

N’avez-vous pas l’impression que ces chiffres correspondent à la réalité ? Nous avons tous vu la manière dont les prix du logement, de la nourriture et des soins de santé ont grimpé ces dernières années. Après examen de ce qui s’est passé dans votre vie, croyez-vous que les taux officiels de l’inflation de 2% et 3% dont on nous bassine ces dernières années, sont proches de la réalité ?

Comme l’inflation est très fortement sous-évaluée, la répercussion est aussi énorme sur les chiffres de notre PIB.

Si les vrais chiffres de l’inflation étaient pris en compte, nous serions encore en récession en ce moment.

En fait, John Williams insiste sur le fait que nous serions toujours dans la récession où nous tombâmes en 2004.

Et il n’y a aucun doute. Toute une série d’autres indicateurs plus indépendants vont aussi dans ce sens. Ce qui suit est tiré d’un excellent article de Peter Diekmeyer :

Les conclusions de Williams, bien que controversées, corroborent diverses autres données. Les salaires moyens stagnent depuis des décennies. Le taux d’activité aux États-Unis est coincé au plus bas niveau depuis plusieurs décennies. Même notre joyeux Big Mac déflationniste laisse supposer que l’économie étasunienne se déprime.

Une autre piste est d’évaluer l’économie étasunienne exactement comme celle d’un pays du tiers monde, dont on ne fait pas confiance à leurs données. Les économistes le font en recourant à des chiffres qui sont difficiles à truquer.

Là aussi, grâce à diverses mesures, allant de la consommation pétrolière à la production de biens de consommation, en passant par l’activité du transport de marchandises, l’économie étasunienne ne semble guère s’être améliorée, voire pas du tout, depuis le début du millénaire.

En fin de compte, tout ce qu’il suffit de faire, c’est tout simplement d’ouvrir les yeux et de regarder ce qui se passe. Nous sommes dans la pire année de fermetures de magasins de détail de l’histoire des États-Unis, et cette ‘apocalypse commerciale’ touche les régions rurales plus durement que partout ailleurs :

Le magasin Target de cette ville a fermé. Tout comme Kmart, MC Sports, JCPenney, Vanity et bientôt le grand magasin Herberger’s.

« Le centre commercial est plutôt lugubre, » explique Amanda Cain, une enseignante et mère. « Dès que Herberger’s sera fermé, nous n’aurons plus de point d’attache où aller. »

Environ les deux tiers du centre commercial Quincy Place d’Ottumwa seront vides avec la disparition de Herberger’s.

Il n’y a évidemment pas que l’économie étasunienne qui aille mal.

Nous sommes dans la phase terminale de la plus grande bulle de dette de l’histoire mondiale. De nombreux pays font déjà l’expérience d’un ralentissement économique très marqué, et notre planète est littéralement en train de mourir.

Aussi, merci de ne pas croire le matraquage médiatique.

Nous espérons certes que les choses aillent mieux, mais la vérité est que l’économie étasunienne va mal depuis très, très longtemps.

The Economic Collapse, Michael Snyder

Original: theeconomiccollapseblog.com/archives/the-real-economic-numbers-21-5-percent-unemployment-10-percent-inflation-and-negative-economic-growth
Traduction Petrus Lombard

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