Permettez-moi de le répéter : « Peu importe qui est président des États-Unis ». Je sais que je l’ai déjà dit (ici, par exemple), mais je pense que cela vaut la peine d’être répété. C’est un message simple, mais je ne pense pas qu’il prenne si bien. Bien que personne ne semble vouloir dire que ce message est faux, beaucoup de gens semblent déterminés à l’ignorer. Certains d’entre eux semblent prendre en compte ce que j’ai à dire mais continuent à parler comme si cela importait de savoir qui est président. Ce n’est pas le cas.
Il est possible de faire remarquer que peu importe qui est président en restant général : comment le système politique est-il câblé pour ignorer tous les intrants qui se situent en dehors d’un éventail étroit d’intérêts d’une élite égoïste ; comment le niveau du discours politique aux États-Unis est beaucoup trop bas pour une discussion constructive sur toute question sérieuse ; comment la division partisane générée artificiellement est spécifiquement conçue pour empêcher les gens de trouver une cause commune tout en cachant habilement le fait que les États-Unis ne sont pas une démocratie du tout (comme expliqué ici). Beaucoup de gens sont allés très loin dans les détails, plus que necessaire pour expliquer tout cela, et pourtant si vous demandez à « l’homme dans la rue » si cela compte de savoir qui est président, il est très probable qu’il répondra par l’affirmative.
Puisque parler en général ne parvient pas à convaincre, regardons quelques détails. Spécifiquement, regardons les pitreries désespérées de Trump, qui font enrager certaines personnes, conduisent d’autres à la distraction et, curieusement, sont une source d’admiration pour quelques-unes. Personne ne semble faire valoir que peu importe comment Trump se débat au poste, le résultat sera pratiquement le même. Voici quelques exemples.
Il est possible de faire remarquer que peu importe qui est président en restant général : comment le système politique est-il câblé pour ignorer tous les intrants qui se situent en dehors d’un éventail étroit d’intérêts d’une élite égoïste ; comment le niveau du discours politique aux États-Unis est beaucoup trop bas pour une discussion constructive sur toute question sérieuse ; comment la division partisane générée artificiellement est spécifiquement conçue pour empêcher les gens de trouver une cause commune tout en cachant habilement le fait que les États-Unis ne sont pas une démocratie du tout (comme expliqué ici). Beaucoup de gens sont allés très loin dans les détails, plus que necessaire pour expliquer tout cela, et pourtant si vous demandez à « l’homme dans la rue » si cela compte de savoir qui est président, il est très probable qu’il répondra par l’affirmative.
Puisque parler en général ne parvient pas à convaincre, regardons quelques détails. Spécifiquement, regardons les pitreries désespérées de Trump, qui font enrager certaines personnes, conduisent d’autres à la distraction et, curieusement, sont une source d’admiration pour quelques-unes. Personne ne semble faire valoir que peu importe comment Trump se débat au poste, le résultat sera pratiquement le même. Voici quelques exemples.
Trump fait tout ce qui est en son pouvoir pour dissuader les Européens d’accepter un autre gazoduc venant de Russie pour commencer à acheter du gaz naturel liquéfié venant … des États-Unis, mais qui est au moins deux fois plus cher et pas aussi abondant. Il a menacé de sanctionner les entreprises européennes qui font des affaires avec des compagnies énergétiques russes. Et pourtant Nord Stream 2, le gazoduc qui reliera la Russie à l’Allemagne via le fond de la mer Baltique, est en cours de construction. Un autre président aurait peut-être agi différemment, mais le résultat aurait été exactement le même. Notez l’îlot danois sur le chemin, pays sujet à de fortes pressions de l’OTAN.
Trump a plusieurs fois retourné sa veste sur la Russie. Parfois, il dit que personne n’est plus dur avec la Russie que lui ; puis il se retourne et invite la Russie au G7 (ce à quoi Poutine a répondu qu’il avait d’autres projets). Il expulse les diplomates russes pour des raisons inventées, puis semble vouloir organiser un sommet avec Poutine. Encore une fois, qu’il soit amical ou hostile envers la Russie n’a aucune importance. Qu’il impose ou assouplisse les sanctions, les objectifs de la Russie restent les mêmes : se libérer de l’influence des États-Unis et mettre fin au recours au dollar américain. Le résultat final sera exactement le même.
Trump a cessé d’insulter Kim Jong-un, le président de la Corée du Nord en l’appelant « petite fusée » et en menaçant de « détruire complètement » son pays pour finir par organiser récemment un sommet avec lui et en y signant une lettre commune promettant la paix et la coopération. Kim Jong-un a embrassé l’objectif ultime d’une péninsule coréenne entièrement dénucléarisée tandis que Trump a promis de fournir à la Corée du Nord des garanties de sécurité. Mais que valent ces garanties de sécurité, étant donné que Trump vient en même temps de se retirer de l’accord nucléaire avec l’Iran, et qu’avant cela les États-Unis avaient détruit la Libye qui avait renoncé volontairement à son programme nucléaire ? Peu importait quand Trump menaçait la Corée du Nord de destruction complète parce qu’il n’aurait pas pu l’attaquer : si elle était attaquée, la Corée du Nord aurait réagi en détruisant la Corée du Sud et le Japon, annulant les garanties de sécurité américaines pour ces pays. Et peu importe que Trump fasse des promesses, parce que tout le monde sait maintenant que les États-Unis sont incapables de tenir leurs promesses.
Sur le plan intérieur, l’une des rares victoires législatives de Trump a consisté à faire adopter une réforme fiscale qui incite les entreprises américaines à rapatrier leurs bénéfices depuis l’étranger et à les investir au pays. Ces réductions d’impôt peuvent stimuler une activité financière à court terme et soutenir un système financier de plus en plus bancal. Mais à plus long terme, elles ne feront qu’exacerber les déséquilibres financiers qui sont maintenant des caractéristiques structurelles du système, entraînant très bientôt un budget déficitaire en milliers de milliards de dollars. Peu importe ce que le président fait à ce stade, le budget fédéral des États-Unis, avec tous les budgets de l’État, va exploser.
Également au pays, Trump est une figure de division politique qui a augmenté le fossé entre les partis libéraux et conservateurs du spectre politique (le terme est un terme impropre, parce que deux couleurs ne font pas un spectre). Mais peu importe, car une forte majorité parmi les jeunes générations ont décidé qu’elles ne veulent rien avoir à faire avec le duopole démocrate/républicain. Elles ont embrassé différents principes du socialisme et ont décidé que le capitalisme est mauvais et doit disparaître. Ce n’est pas un développement utile ni pour le parti capitaliste ni pour l’autre parti capitaliste ; ils vont aussi disparaître. Trump peut être aussi conflictuel qu’il le veut, mais tout ce qu’il peut faire, c’est provoquer une bagarre dans cette vieille maison. Le monde va continuer malgré tout.
Je suis sûr que vous pouvez réfléchir à bien d’autres exemples dans la même veine. Peu importe ce que Trump fait ou ne fait pas, dit ou ne dit pas, les résultats seront indépendants de ses actions. Tout le système politique est maintenant un peu une marionnette de l’ombre, la présidence en son centre est un mirage, et toute la couverture de l’information disponible n’est que pure propagande. Certaines personnes sont impatientes de donner du crédit à Trump pour « détruire le système », mais alors que nous travaillons à travers divers exemples spécifiques, nous pouvons voir que le système se détruit assez bien tout seul, merci beaucoup, sans qu’aucune aide présidentielle ne soit nécessaire. En ce sens, Trump est presque le président parfait : fort, odieux et finalement insignifiant. Et pour supprimer le qualificatif « presque » et devenir le président parfait, il lui suffirait de réaliser une chose : faire en sorte que tout le monde voit qu’il importe peu de savoir qui est président.
Dmitry Orlov
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone
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