A Berlin, les relations sont plus que tendues entre le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, et la chancelière, Angela Merkel. AFP/Tobias SCHWARZ
La coalition au pouvoir risque de vaciller. Angela Merkel est plus que jamais fragilisée.
Alors que l’Union européenne est divisée sur la politique migratoire, le débat est plus vif que jamais en Allemagne. Dimanche, un nouveau palier a été atteint. « Je ne peux plus travailler avec cette femme », a déclaré le ministre de l’Intérieur allemand, Horst Seehofer, à propos d’Angela Merkel, devant des membres de l’Union chrétienne-sociale (CSU), variante bavaroise de la CDU et bien plus à droite. Des propos qu’a révélés l’édition dominicale de Die Welt.
Le site du Bild affirme même dimanche que la CSU devrait lancer lundi un nouvel ultimatum à la chancelière. Elle lui donnerait deux semaines pour trouver une solution au niveau européen afin de renvoyer les réfugiés dans le pays de l’UE où ils se sont inscrits en premier, comme le prévoit l’accord controversé de Dublin.
La CSU a démenti l’information, selon Der Spiegel, indiquant néanmoins que le sujet serait sur la table. Le quotidien populaire maintient, lui, son affirmation. Peut-être est-ce une provocation de plus du ministre de l’Intérieur, qui s’était dit favorable tout comme ses homologues autrichien et italien à un « axe » contre l’immigration illégale…
« Seehofer : nouvel ultimatum pour Merkel », titre Bild.
Les partis traditionnels en perte de vitesse
Les partis traditionnels en perte de vitesse
Si les députés de CSU décident de ne plus voter aux côtés de la CDU et des sociaux-démocrates du SPD, la coalition, si longue à mettre en place, serait fragilisée au Bundestag.
Et si de nouvelles élections législatives avaient lieu maintenant, la crise chez les conservateurs les desservirait. La CDU-CSU n’obtiendrait que 30 % des suffrages, soit une chute de quatre points en une semaine, selon un sondage pour NTV. Le SPD baisserait aussi, de 18 à 16 %. Autrement dit, la grande coalition actuelle ne serait plus majoritaire.
Le parti d’extrême droite AfD ne s’en porterait que mieux en gagnant 2 % en une semaine et obtiendrait 15 %. Alors que des élections sont prévues le 14 octobre dans le Land de Bavière, la CSU durci aussi le ton pour couper l’herbe sous le pied à ce nouveau parti.
Un dessin assez emblématique de la situation se partageait sur les réseaux sociaux. Alors que les Allemands tenants du titre s’apprêtaient dimanche à voir leur équipe jouer le premier match de cette Coupe du monde de football 2018, Horst Seehofer lance : « Ou la chancelière accepte un compromis ou je retire les joueurs du Bayern de la Mannschaft ».
Macron en Allemagne mardi
Alors que Rome vient de fracasser le fragile statu quo dans l'UE en refusant d'accueillir des migrants venus d'Afrique, Angela Merkel et Emmanuel Macron sont d'accord sur un point : la gestion des réfugiés doit être européenne.
Aussi tenteront-ils d'imaginer mardi lors de la venue du président français à Berlin une réforme acceptable pour tous, même si des pays comme la Pologne et la Hongrie refusent catégoriquement d'ouvrir leurs frontières.
Angela Merkel ne peut qu'adopter une ligne dure sous peine de voir éclater sa coalition gouvernementale. La France espère un accord avec Berlin, puis au niveau européen sur le renforcement massif de Frontex, l'agence qui patrouille les côtes européennes, sur la création de centres de tri en Afrique et sur l'harmonisation du droit d'asile. Paris n'escompte aucun accord des Européens fin juin sur une réforme du règlement de Dublin, qui stipule que les demandeurs d'asile seront renvoyés dans leur pays d'arrivée.
Ce dimanche soir, après le match contre le Mexique, la chancelière va s’entretenir avec ses proches de la CDU des suites de cette crise politique fratricide.
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