Dans les années 80, une grande vague d’attentats secoue Paris. Chirac est alors Premier ministre. L’Ambassade d’Iran finira encerclée par nos forces de l’ordre. Téhéran faisait exploser sur notre sol quelques bombes, pour récupérer son uranium et sa très grosse bombe nucléaire, héritée d’accords passés entre la France et l’Iran sous l’égide américaine à l’époque… du Shah !
Une histoire très compliquée vous dis-je. Une histoire oubliée. Une histoire occultée. Une histoire qui n’en est pas moins vraie, jusqu’à la disparition de Baroin Père, dont Chirac prendra soin du fils.
Depuis plus de 40 ans, il y a un pays, l’Iran, qui veut son indépendance, et pour la garantir, sa bombe atomique, le tout dans l’une des régions les plus sensibles du monde. La France devait lui fournir de l’uranium enrichi, ce qui aurait permis à ce pays de se doter de l’arme nucléaire ce qui n’était plus souhaité… C’est le « célèbre » et très problématique « contentieux Eurodif », une entreprise commune franco-iranienne créée en 1973 et qui devait justement fabriquer l’uranium au CEA en France.
En face, Israël et l’Arabie saoudite qui préfèrent la guerre totale avec l’Iran plutôt que devoir vivre sous la menace d’un Iran nucléarisé.
Puis il y a la Russie, très fâchée par la politique américaine, qui soutient la Syrie mais livre aussi consciencieusement tout ce qui est nécessaire à l’Iran afin d’assurer sa défense, notamment les batteries antimissiles efficaces aussi bien contre les navires que les avions.
Problème pour la marine américaine, le golfe Persique n’est rien d’autre qu’une immense piscine, très grande pour se baigner, mais trop petite désormais pour faire évoluer des armadas de porte-avions.
C’est une histoire très compliquée mais je vous l’ai déjà dit.
Il y avait une grosse montée des tensions. Des risques de guerre il y a déjà quelques années, puis un accord international avait été trouvé. L’Iran avait amorcé une forme d’ouverture sous la pression également populaire. Avec le temps, tout s’en va, et tout s’émousse, y compris la « pureté » des révolutions et la motivation souvent extrémiste des « révolutionnaires ». L’Iran n’échappe pas à cette règle. L’étau se desserre.
Et voilà que Trump veut déchirer le dernier accord en date qui amenait un peu de stabilité et de visibilité sur ce dossier particulièrement sensible.
Se retirer de l’accord peut signifier la guerre selon Der Spiegel.
Pour le grand journal allemand Der Spiegel, « le président américain Donald Trump a menacé de se retirer de l’accord nucléaire avec l’Iran et il a jusqu’au 12 mai pour prendre une décision. S’il va jusqu’au bout, cela pourrait signifier une guerre au Moyen-Orient. Mais les Européens essaient de l’empêcher ».
Voici la traduction de cet article pour vous :
Si Trump signe, le monde poussera un soupir de soulagement. Cela signifierait que le président américain a encore une fois prolongé de 120 jours la suspension des sanctions liées au programme nucléaire contre l’Iran. Cela signifierait que l’accord avec l’Iran est toujours en vie.
Mais ce n’est pas le scénario le plus probable.
Il est plus probable que le président ne signera pas simplement la prolongation. Après tout, il a été menaçant il y a quatre mois, quand il a dit : « Soit vous corrigez les défauts désastreux de l’accord, soit les États-Unis se retirent. » En tant que tel, la question est maintenant de savoir si Trump acceptera un compromis de dernière minute et à quoi pourrait ressembler un tel compromis.
Joint Comprehensive Plan of Action
Le document de 159 pages porte un nom peu pratique : Joint Comprehensive Plan of Action, ou JCPOA. Mais il repose sur une idée simple : si l’Iran cesse enfin de développer les moyens de construire une arme nucléaire, le monde reprendra ses affaires avec ce pays.
En tant que tel, si Trump réimpose des sanctions, l’accord nucléaire serait gravement paralysé, et il semble probable que les Iraniens y verraient une violation, ce qui conduirait au retrait de Téhéran.
L’Iran pourrait alors reprendre l’enrichissement de l’uranium à des niveaux de qualité militaire et travailler à la construction d’une arme nucléaire. Cela marquerait le début de la prochaine crise au Moyen-Orient. Cela signifierait la victoire de l’égoïsme national sur la diplomatie et représenterait un fossé difficile à combler entre les États-Unis et l’Europe.
Ou, comme le dit l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, « Si nous ne faisons pas attention, nous pourrions faire face à une autre guerre de trente ans au Moyen-Orient ».
Tels sont les enjeux.
Alors qu’il ne reste que quelques jours avant la décision de Trump, il n’est pas évident de savoir si la crise peut être évitée. Mais pour comprendre comment le président américain pourrait décider en fin de compte, il est utile de revenir au 12 janvier de cette année.
Deux heures avant que Trump ne menace publiquement ce jour-là qu’il envisage de tuer l’accord nucléaire avec l’Iran, un petit groupe de diplomates européens de haut niveau a été informé de sa décision.
Brian Hook, conseiller politique principal au département d’État, a appelé des fonctionnaires européens et leur a lu au téléphone la déclaration de trois pages du président. Parce qu’une phrase concernant les Européens était erronée, Hook l’a fait supprimer de la déclaration. Le groupe de l’autre côté de l’Atlantique s’est réjoui du retrait parce qu’il a montré que M. Hook, leur contact au département d’État, avait de l’influence à la Maison Blanche. Ils parlaient au bon gars. Mais ce n’était qu’une victoire mineure. Il n’y avait plus rien à faire pour changer la nature de l’ultimatum de Trump.
Un moment particulièrement amer
Ce fut un moment particulièrement amer pour les Européens. L’accord nucléaire a longtemps été considéré comme le couronnement de la diplomatie de l’UE. Il a été considéré comme une preuve positive qu’un problème comme la menace nucléaire iranienne pouvait être résolu plus efficacement par des discussions et des incitations économiques que par des frappes militaires et des actions punitives. Le monde entier a célébré l’accord et Donald Trump a été élu président des États-Unis. Le même homme qui a qualifié l’accord de « terrible », de « catastrophe », de « fou » et d' »horrible ».
La tâche des Européens est devenue claire le 12 janvier. Ils n’avaient que quatre mois pour apporter des améliorations à la « pire affaire jamais vue » et pour faire changer d’avis à Trump…
Pour le moment, Trump n’a pas changé d’avis et Netanyahu, le Premier ministre israélien, vient de présenter il y a quelques jours publiquement les « preuves » d’un programme nucléaire iranien clandestin.
Pas de quoi faire baisser la tension ni faire cesser le bruit des tambours de la guerre qui, décidément, ces derniers temps, résonnent de plus en plus fortement.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
Source Der Spiegel ici
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