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« Il y a en France un apartheid territorial, social et ethnique », avait dit Manuel Valls lors de ses vœux à la presse du 20 janvier 2015. Des mots qui avaient entrainé une levée de boucliers quasi générale de la part de la classe politico-médiatique, quelques jours après l’attentat contre les locaux de Charlie Hebdo. Ce qui était une réalité il y a deux ans ne l’est donc plus aujourd’hui, puisque lors de la remise de son rapport relatif aux banlieues au Premier ministre Philippe, Jean-Louis Borloo a mis en garde contre l’éventualité de la création d’un apartheid de fait entre ces quartiers qu’on décrit pudiquement comme « populaires » et le reste du territoire national.
En fait d’« apartheid », il faudrait parler de « séparation ». Vous me rétorquerez qu’en afrikaans, « apartheid » peut être traduit par « séparation », mais le terme désigne aussi une politique. Jamais l’Etat français n’a voulu séparer les banlieues du territoire, ni leurs habitants. Personne n’a décidé une politique distinguant plusieurs catégories de citoyens, ce qui serait contraire aux principes républicains et à la constitution de la Vème République. Cette séparation résulte donc, avant tout, de différences culturelles qui ne se sont pas effacées avec le temps, et même, il faut le dire, qui se sont creusées.
Tout le paradoxe du plan Borloo, un parmi tant d’autres depuis 1977, est qu’il identifie les populations des banlieues comme étant différentes de la population majoritaire. En 1989 déjà, l’Etat lançait le plan « Banlieue 89 » pensé par l’architecte Roland Castro pour désenclaver les banlieues et rénover plusieurs cités. Il y eut aussi la création des zones franches urbaines par le Premier ministre Juppé en 1996 ; le programme de « rénovation urbaine et de solidarité » de Lionel Jospin de 1999 ; le programme national de « rénovation urbaine », un autre, décidé par nul autre que Jean-Louis Borloo ; le plan « espoir banlieue » de Fadela Amera de 2008 ; ou encore, le plan Ayrault de 2013. À chaque fois, l’essentiel des moyens s’est porté sur l’habitat, les équipements urbains ou sportifs. Pour quel résultat ? Poser la question c’est y répondre. Ce plan Borloo annoncé à grands coups de klaxon n’est pas une innovation majeure, car il s’inscrit parfaitement dans quatre décennies de politique de la ville, gouffre financier majeur.
Eric Zemmour l’a très bien dit : « Ce type, sur une page entière d’interview, arrive à parler de la banlieue sans prononcer les mots immigration et islam, c’est très fort, je lui tire mon chapeau ». Que trouve-t-on dans ce plan de « réconciliation nationale » ? De mauvaises idées et de fausses bonnes idées en pagaille. Commençons par le mot clé : l’équité. Un mot d’ailleurs dénaturé en l’espèce, la notion se rapprochant ici plus de l’idéologie de l’égalité, c’est-à-dire l’égalitarisme. Pour Jean-Louis Borloo, « aucun doute n’est permis sur le fait que les habitants des QPV (quartiers prioritaires de la ville) subissent des discriminations intolérables au faciès ou à l’adresse ». Son plan veut donc y mettre fin. Comment ? Par exemple, en créant une « académie des leaders », notez l’emploi de l’anglais, qui serait une passerelle sans diplôme permettant aux « jeunes des quartiers populaires de devenir fonctionnaires stagiaires de l’ENA ». Redoutablement pervers, Jean-Louis Borloo ajoute que cette académie remettrait dans le pays « un peu de la méritocratie voulue par Charles de Gaulle ».
Oui, il y a proportionnellement moins de services publics et d’équipements dans les communes de banlieues. Mais c’est aussi par la faute des habitants. Ce sont les personnes issues de l’immigration qui détiennent les clés de leur intégration et de leur prospérité
Le retour de la méritocratie républicaine par la plus grossière mesure de discrimination « positive » des dernières années ? Vous ne rêvez pas. La discrimination « positive » n’existe pas, toute discrimination s’exerçant au détriment d’un autre groupe. Dans le même ordre d’idées, Jean-Louis Borloo préconise d’inclure « pleinement la lutte contre les discriminations dans la loi Pacte », d’ajouter 500 « délégués au Défenseur des droits », de créer un « observatoire national des discriminations », de dénoncer les employeurs qui discrimineraient à l’embauche en généralisant la pratique anglo-saxonne du « name and shame », ou de contraindre l’Etat à « diversifier son recrutement ». Il s’agit donc d’un plan racialiste, et non pas simplement social. Tout le monde sait très bien que les « quartiers » visés par Jean-Louis Borloo sont très majoritairement habités par des personnes descendantes de l’immigration afro-maghrébine. Jean-Louis Borloo a du reste tout prévu, en prévoyant parallèlement la création d’une justice politique pour juger les mauvais élèves, dont les cas seront traités avec célérité et rapidité par des « procureurs spécialisés ». Cela fait frémir.
Il faut comprendre que le contrat de travail, de même que les baux d’habitation, sont des contrats intuitu personae. Par nature, l’employeur ou le locataire a pleine liberté pour choisir son cocontractant, en fonction des qualités propres de la personnalité ce dernier. Imposer des quotas de travailleurs venus de quartiers dits « populaires » porterait donc gravement atteinte à l’esprit même de notre droit, aux valeurs qui fondent notre République. Le rapport Borloo de « réconciliation nationale » présente en son sein des dérives d’une extrême dangerosité. Il est malsain. Où est la notion d’équité quand des millions d’individus vont bénéficier d’un marche pied officiel de l’Etat ? Quid du jeune né de parents pauvres, hors des grandes métropoles et de leurs banlieues ? Venir de banlieue parisienne n’est pas une malchance, la proximité de Paris offrant des opportunités qu’un natif de la Creuse pourra difficilement avoir aujourd’hui.
Le logiciel de Jean-Louis Borloo est celui du vieux monde. Pour régler les problèmes des banlieues, il faut d’abord livrer une bataille culturelle, ainsi que l’avait indiqué le maire de Montfermeil Xavier Lemoine dans nos colonnes. Surtout, il convient de limiter grandement l’immigration, afin que les ghettos déjà existants ne soient pas renforcés. Quel pays pourrait supporter qu’une partie de sa population, plus fortement criminogène, dépendante des aides sociales et de l’économie souterraine, dont certains des nationaux se vivent comme les ressortissants de pays étrangers, quand ils ne privilégient pas leur deuxième nationalité, dont ils sont le plus souvent pourvus, bénéficie d’avantages légaux exorbitants, de privilèges d’Etat ? Oui, il y a proportionnellement moins de services publics et d’équipements dans les communes de banlieues. Mais c’est aussi par la faute des habitants. Qui voudrait installer une entreprise dans une zone où les locaux peuvent être incendiés au premier petit dealer appréhendé par la police ?
Ce sont les personnes issues de l’immigration qui détiennent les clés de leur intégration et de leur prospérité. Jean-Louis Borloo aimant citer Charles de Gaulle, je me permettrais donc de lui faire parvenir cette réflexion, rapportée par Philippe de Gaulle dans De Gaulle mon père publié aux éditions Plon en 2003 : « Si une communauté n’est pas acceptée, c’est parce qu’elle ne donne pas de bons produits, sinon elle est admise sans problème. Si elle se plaint de racisme à son égard, c’est parce qu’elle est porteuse de désordre. Quant elle ne fournit que du bien, tout le monde lui ouvre les bras. Mais il ne faut pas qu’elle vienne chez nous pour imposer ses mœurs ». À Emmanuel Macron d’arbitrer maintenant…
Gabriel Robin
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