20 novembre 2017

Scandal du Levothyrox : un médecin porte plainte pour tromperie aggravée

Alors que la polémique sur le Levothyrox prend un tournant judiciaire, un médecin généraliste a décidé de porter plainte à son tour, s'estimant trompé.


La plaie n’en finit plus de suppurer. Après les patients, c’est au tour d’un médecin d’en appeler à la justice dans l’affaire du Levothyrox. Le Dr Nicolas Bouvier, médecin généraliste à Reims, estime avoir été mis en situation de faire prendre un risque indu à ses patients, à cause de la nouvelle formule controversée du médicament pour la thyroïde. Il annonce avoir porté plainte contre X pour « tromperie aggravée », c’est-à-dire ayant entraîné un danger pour la santé de l’homme.

« J’ai déposé plainte (…) afin que la justice française puisse déterminée (sic) de façon précise les causes des troubles graves et authentiques que de très nombreux français ont présentés suite à l’absorption durant plusieurs semaines de cachets de Levothyrox produit par le laboratoire Merck Kgaa », a annoncé le médecin rémois sur son compte Facebook, le 9 novembre dernier. Il annonce depuis avoir également saisi le Défenseur des droits.

Une polémique qui n'en finit pas

Nicolas Bouvier, qui a exercé au service de pharmacologie du CHU de Reims, se déclare inquiet des symptômes observés suite au changement de formule. « Au départ, nous pensions que les symptômes — perte de cheveux, troubles cardiaques, troubles digestifs, fatigue — allaient s'estomper, mais rien n'y faisait », détaille-t-il dans les colonnes du Parisien. « Pis, certains qui allaient bien au début du changement de formule présentent aujourd'hui des troubles préoccupants. »

La nouvelle formule du Levothyrox avait été demandée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) au laboratoire Merck en 2012, d’améliorer la stabilité du produit dans le temps. Le changement, effectif depuis le printemps dernier, a suscité des effets indésirables chez beaucoup de patients. Les autorités de santé, et beaucoup de médecins, y voient le signe de ruptures d’équilibre thyroïdien liées à des variations d'absorption, sans doute renforcées par un effet nocebo lié à l’ampleur médiatique de l’affaire.

Première plainte de médecin

Mais alors que la polémique ne désenfle pas, et que certains patients font état de symptômes persistants, les recours à la justice s’accumulent, avec une action collective contre le laboratoire Merck à Lyon et de nombreuses plaintes individuelles, centralisées auprès du pôle santé publique du TGI de Marseille. C’est cependant la première fois qu’un médecin porte plainte en sa qualité de professionnel de santé.

Devant la polémique suscitée par la nouvelle formule, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait annoncé en septembre le retour sur le marché de l’ancienne formule de Merck, sous le nom Euthyrox. La L-Thyroxyn Henning, commercialisée en Allemagne par Sanofi, est également disponible en officine depuis le mois dernier. Vendredi dernier, le ministère a annoncé qu’un autre générique, le Thyrofix (Unipharma), serait disponible à compter de début décembre. Des nouveautés qui portent à quatre le nombre d’alternatives au nouveau Levothyrox.

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