Des actionnaires minoritaires viennent de déposer une plainte pour «diffusion d'informations fausses et trompeuses» contre le propriétaire de SFR. Depuis l’annonce des mauvais chiffres, la capitalisation boursière du groupe a été divisée par deux.
Frédérik-Karel Canoy, avocat spécialiste des procédures contre les grands groupes, a fait savoir à l’AFP, le 22 novembre, qu’une cinquantaine de détenteurs d’actions d’Altice, le groupe de Patrick Drahi qui possède notamment SFR, allaient déposer plainte pour «diffusion d'informations fausses et trompeuses». Selon l’avocat des plaignants, ces derniers estiment que l'entreprise a «sur la période 2015 à 2017 minoré sa dette».
Or, l’endettement du groupe et surtout sa capacité à le résorber en dégageant de la trésorerie inquiètent les actionnaires et les places financières. Si ce sont d’abord les mauvais résultats trimestriels de SFR présentés début novembre qui ont engendré le plongeon de l’action en Bourse d’Altice, c’est désormais la dette du groupe – près de 50 milliards d’euros – qui alimente la crainte des investisseurs. Ainsi, de 16 euros au début du mois de novembre, le cours de l’action était tombé à un peu moins de 12 euros, le 9 novembre, jour où, pour réagir Patrick Drahi, président et fondateur d’Altice, annonçait le départ de Michel Combes, alors directeur-général de SFR, et son retour aux commandes du groupe dont il avait, pendant plus d’un an, quitté la direction opérationnelle.
Le groupe dénonce une «manœuvre malveillante de communication et une tentative de déstabilisation médiatique»
Mais cette première annonce n’avait pas suffi. Moins d’une semaine plus tard, le 15 novembre, Patrick Drahi prenait de nouveau la parole à Barcelone lors d’une conférence sur les télécoms organisée par la banque d’affaires Morgan Stanley. Il annonçait une pause dans les acquisitions et quelques mesures mineures comme l’ajournement du changement de nom de SFR en Altice initialement prévu pour 2018.
Mais cette annonce n’a semble-t-il pas encore rassuré les investisseurs. En effet, dans l’après-midi du 22 novembre, jour où l’on a appris qu’une plainte avait été déposée contre Altice, l’action enregistrait une baisse de près de 9% dans la journée pour se diriger vers 7,40 euros l'action, avant de remonter légèrement en fin de séance. Malgré tout, la capitalisation boursière du groupe, c'est-à-dire la valeur de l'ensemble de ses actions, a fondu de plus de 10 milliards d’euros en trois semaines.
Selon l’AFP, le groupe dément avoir mal informé ses actionnaires et son porte-parole Arthur Dreyfuss, réagissant à l’annonce de la plainte a déclaré : «Altice est une entreprise cotée [...] qui publie, sous le contrôle des régulateurs et des autorités compétentes, tous les trois mois, toutes ses informations financières dans la plus grande transparence.» Quant à la plainte, il l’a qualifié de «manipulation» et de «manœuvre malveillante de communication et une tentative de déstabilisation médiatique». Malgré tout, il semble que le marché attende une réaction plus ferme de Patrick Drahi et Altice semble être aujourd’hui poussée à une vente d’actifs.
Vers un scénario à la Vivendi ?
En France, le groupe possède principalement des entreprises du marché des télécoms comme SFR mais aussi Virgin mobile et des médias (BFMTV, Libération, L'Express, etc.). Aux Etats-Unis, Patrick Drahi a racheté les câblo-opérateurs Suddenlink et Cablevision.
Patrick Drahi pense pouvoir sauver Altice avec de l'audace. Cela me rappelle Jean-Marie Messier qui assurait aux actionnaires en 2002 "cela va mieux que bien" alors que la dette de Vivendi atteignait 35 milliards d'euros.
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