Les leçons de l’histoire[2]
Tainter passe en revue la fin de 19 civilisations et des analyses qui en ont été faites, qu’il résume en 9 catégories : épuisement des ressources, nouvelles ressources, catastrophes, réponses insuffisants face aux circonstances, invasions, conflits et erreurs de gouvernance, dysfonctionnements sociaux, raisons économiques, explications mystiques. Il en conclut que les chutes peuvent provenir de multiples causes, souvent de plusieurs, mais qu’il y a le plus souvent une cause interne qui explique des causes externes[3] comme les invasions, les conflits ou le manque de ressources. Cette cause interne est économique, c’est le rendement décroissant de la société.
La fin de l’expansion territoriale de l’empire romain entraîne des difficultés financières. D’Auguste (27 avant JC à 14 après JC) à Dioclétien (qui termine son règne en 305 après JC), les empereurs sont obligés de créer de nouvelles taxes pour financer leur administration et l’armée, les aides aux pauvres et l’éducation… comme aujourd’hui. Antonin Pius (138 à 161) essaie de réduire l’administration et vend quelques propriétés de l’Empire. La population diminue suite à la peste aux 3e et 4e siècles et ne se relève pas malgré la relative paix à l’ouest au 4e siècle et à l’est jusqu’au début du 7e siècle. On manque alors de personnel en agriculture, dans l’industrie et pour l’armée et l’administration. On embauche des barbares dans l’agriculture et on les enrôle dans l’armée. Constantin crée des aides pour les pauvres et les orphelins pour favoriser la démographie.
Chez les Maya, dont la civilisation a duré plus d’un millénaire, la cause de la chute ne semble pas être la fin de l’expansion territoriale mais plus directement les rendements décroissants de l’agriculture et de l’organisation sociale. Là aussi la question de la croissance démographique a été posée, et les Maya ont agit non pas comme les Romains par des aides aux pauvres, mais en favorisant l’alimentation des femmes et en valorisant la reproduction. La population a commencé à diminuer avant la chute à la fin du 9e siècle, et le fait qu’elle ne puisse reprendre montre que l’environnement avait été détérioré sous l’intensification, et/ou que l’agriculture intensive ne pouvait se maintenir sans un système hiérarchique qu’il n’était pas possible de reconstruire.
Pour les Chacoans (Nouveau Mexique), le retrait d’une partie du « réseau » de cités serait dû non pas à la détérioration de l’environnement mais au fait qu’il était plus économique de se retirer que continuer ou de se battre pour le pouvoir. Mieux valait l’émigration et la chute.
En résumé, trois causes apparaissent : la fin de l’expansion permettant d’élargir continuellement les ressources, les rendements décroissants de la production, et le retrait d’une partie de la population.
A partir de l’analyse de la chute de l’empire romain, des Maya et des Chacoans Tainter fait cinq observations :
– le coût de la complexité augmente avec le temps tandis que les bénéfices pour la population diminuent,
– la partie importante de l’augmentation des coûts apparaît tardivement, peu avant la chute, et est imposée à une population affaiblie par les périodes précédents de rendements décroissants,
– pour Rome et les Mayas, la population a commencé à décliner avant la chute,
– pour les Maya et les Chacoans, l’abandon de territoires après la chute, et la non occupation ultérieure, semblerait montrer une détérioration de l’environnement. Ce n’est pas le cas pour les romains dont le territoire était sous-peuplé,
– les peuples périphériques deviennent dominants après la chute.
Une société complexe qui chute devient soudainement plus petite, plus simple, moins stratifiée et moins différenciée. Il y a moins d’échanges, l’activité économique diminue, l’activité culturelle s’étiole et la population a tendance à baisser.
Le rendement décroissant des investissements dans la complexité fait que la société investit lourdement pour un bénéfice moindre, il y a deux causes à la précipitation (au sens chimique du terme) de la chute :
– les réserves deviennent insuffisantes pour faire face à des difficultés, et des difficultés qui auraient pu être surmontées dans les périodes précédentes deviennent insurmontables,
– une partie de la population a intérêt à se séparer de cette société qui ne lui apporte pas de bénéfice au vu des charges imposées. La séparation est soit passive, soit active par révolte.
La chute est rationnelle
La chute n’est pas le chaos, mais un retour à la condition humaine « normale » d’un niveau de complexité moindre. La chute n’est donc pas une catastrophe mais un process économique rationnel et qui économise. Elle intervient quand il devient nécessaire de restaurer le rendement marginal du système organisationnel. En fait, en situation de déclin marginal, la chute est la réponse la plus appropriée, c’est une adaptation pertinente de la société. C’est peut-être une catastrophe pour les élites, ou pour ceux qui n’ont pas les moyens de produire par eux-mêmes leur alimentation comme dans les pays les plus développés, mais pas pour la masse de la population.
La loi des rendements décroissants
La loi des rendements décroissant n’est pas neuve, elle a été exprimée par les économistes du XIXe siècle, Thomas Malthus, David Ricardo, John Stuart Mill. Cette loi économique a une origine très simple : nous résolvons d’abord les problèmes simples à résoudre, puis les plus complexes, plus coûteux. Nous extrayons les ressources les plus proches, puis les plus lointaines. Pour un même service, le coût augmente inexorablement, la production augmente mais de façon de plus en plus coûteuse. Ce constat peut être fait dans tous les domaines :
– agriculture et ressources. la production agricole passe en moyenne de 3 kg d’équivalent farine / heure de travail pour 300 h de travail par ha/an à 0,5 kg/heure de travail pour 4000 heures de travail / an/ha[4]. La productivité marginale (le gain supplémentaire par heure travaillée/ha) passe de plus de 4 kg d’équivalent farine / heure de travail à 0,3 pour 2000 pour 200 h de travail par ha/an à 0,3 kg/heure de travail pour 4000 heures de travail / an/ha[5]. Le coût du pétrole ou du charbon, extrait de plus en plus profond, suit la même tendance.
– information. On comprend ici l’ensemble des process d’information dont la recherche développement. Le nombre de brevets déposés passe aux Etats-Unis de plus de 12 brevets / 1000 ingénieurs et techniciens en 1870 à 7 en 1950, et de 64 brevets pour 100 ingénieurs et chercheurs en 1946 à 27 en 1958[6]. Comme l’écrivait Max Planck » avec chaque avancée [de la science] la difficulté de la tâche augmente ». L’augmentation des dépenses de recherche développement est nécessaire pour maintenir un taux de progrès constant. L’information c’est aussi l’éducation dont le rendement diminue avec le niveau (il est moins coûteux et plus efficace pour la société d’apprendre à lire que d’apprendre les équations du 3e degré). Le coût augmente avec le niveau, le rendement (nombre d’élèves ou d’apprenants/ enseignant) diminue. Et dans une société complexe, l’éducation supérieure se doit d’augmenter. Dans la recherche médicale[7], si l’on considère comme indicateur d’efficacité l’espérance de vie/dépenses de santé en % du PNB, cet indice passe de 16,5 en 1930 à 7 en 1982[8].
– l’industrie. Le rendement (consommation de charbon/énergie rendue) des machines à vapeur est passé d’un indice 100 en 1700 à 10 en 1780 puis à 1 en 1820 pour stagner jusqu’en 1950. Ces machines ont été ensuite remplacées par d’autres technologies, machines électrique et à essence, dont le rendement suit la même évolution, il semble plus difficile de passer de 5 litres aux 100 km à 4, que de 10 à 5.
– le contrôle social et la spécialisation se développent au détriment de la production. Le coût de l’administration augmente avec sa taille, sa spécialisation, le coût des activités de légitimation de son action, les coûts de contrôle interne.
– la productivité globale. On constate que la productivité augmente rapidement en début de cycle puis tend à décliner. Une analyse synchronique de différents pays, à des stades différents, le montre plus clairement qu’une analyse diachronique sur un seul pays, sujette à de multiples aléas (mais globalement l’évolution est la même).
Le rendement décroissant apparaît quand les coûts augmentent plus vite que les bénéfices, donc quand les coûts sont soit stables soit croissants, et les bénéfices croissants mais moins, rapidement, stable ou décroissants. Il peut donc y avoir rendement décroissants en période de croissance.
Complexité et rendements décroissants
La chute des civilisations s’explique par quatre concepts clefs :
– les sociétés humaines sont des organisations de résolution de problèmes
– les systèmes sociopolitiques nécessitent de l’énergie pour leur maintien
– l’accroissement de la complexité induit une augmentation du coût par tête
– l’investissement dans la complexité comme une réponse à la résolution de problème atteint souvent un point de rendement marginal décroissant.
Une société évolue donc vers plus de complexité, et à technologie donnée et ressources d’énergie données, la productivité marginale ne peut que décliner (page 122).
Chuter seul ou ensemble ?
Il y a deux type de sociétés complexes du point de vue de l’analyse de la chute, les sociétés qui se développent de façon isolée (l’empire romain de l’ouest), et celles qui se développent en interaction avec d’autres (politique des pairs, ou des clusters). Dans le cas d’un politique de pairs, chuter signifie se mettre sous la domination des voisins, et la tendance est donc de continuer à investir dans la complexité même si le retour devient défavorable, quel qu’en soit le coût, jusqu’au déclin de l’ensemble comme chez les Mayas. C’est la situation des pays d’Europe post-romaine, dont la chute n’est possible que pour tous ensembles, c’est notre situation aujourd’hui.
Notre société contemporaine est en effet sujette comme les autres à la chute. La différence est que le monde est plein, plein de sociétés complexes, ce qui est un cas nouveau et unique dans l’histoire humaine. La chute n’est donc pas possible immédiatement, et chaque société a trois choix :
– être absorbée par un voisin ou un Etat plus important,
– être soutenue par un pouvoir économique ou une agence internationale,
– être soutenue par sa population quel qu’en soit le coût (Cuba).
La poursuite des dépenses vers la complexité ne peut donc pas s’arrêter, la spirale est sans fin, car le premier qui arrête est absorbé par les autres. C’est pourquoi les propositions pour la décroissance, pour limiter les prélèvements sur la planète, ne peuvent être entendus. Une décroissance unilatérale équivaudrait à un désarmement unilatéral. La chute ne peut être que mutuelle. Bonjour les dégâts !
Commentaires
La fin du message de Tainter est fort pessimiste, alors que son analyse de fond, la simplification de la société améliore la situation, est foncièrement optimiste.
Une société complexe est une société inégale, nous dit Tainter. La croissance des inégalités est l’une des raisons avancées pour la crise financière que nous vivons, les inégalités engendrant des demandes de revenus, donc de ressources résolues par un endettement croissant. C’est donc bien une société qui coûte, qui tend à dépenser plus qu’elle ne gagne.
Une société complexe a un rendement organisationnel qui décroît. Voilà qui parlera sans doute à tous ceux qui travaillent dans ou en relation avec des organisations complexes, gouvernements et exécutifs locaux, nationaux ou européens, état-major de sociétés…
Si l’on traduit les cas de chute avec nos concepts modernes, le rendement décroissant peut se produire dans le cas du maintien d’une augmentation du PIB/tête (du niveau de vie) ou de l’ISS (Indicateur de santé sociale) pour les bénéfices qui ralentissent, tandis que le taux de prélèvements obligatoires et de la dette pour les coûts augmentent, ce qui semble bien être la situation du début 2009. Ce rapport peut être caché pendant un temps, et les dirigeants ont intérêt à ce qu’il soit bien caché.
Trouver de nouvelles sources d’énergie
La fin de la civilisation mésopotamienne de Babylone serait en partie due au développement de l’utilisation des esclaves, qui aurait affaibli l’économie. Comme l’utilisation de l’énergie fossile à bas prix affaiblit nos économies (énergie que Jancovici compare effectivement aux esclaves d’antan pour son apport énergétique).
Pour faire face à cette augmentation des coûts, l’empire romain a réduit son administration et vendu une partie du patrimoine, ce semble encore des solutions pratiquées aujourd’hui. C’est la RGPP (revue de gestion des politiques publiques) et l’inventaire du patrimoine de l’Etat en cours actuellement, l'Etat qui vend ses immeubles pour les louer ensuite.
Pour contrecarrer cette évolution et de trouver de nouvelles sources d’énergie, la solution était autrefois de conquérir de nouveaux territoires (terres à cultiver), aujourd’hui ce sont les ressources fossiles que nous recherchons dans leurs derniers gisements, l’atome (fission) et les promesses illusoires du solaire, de l’éolien, de la biomasse, la fusion de l’atome… Mais à chaque fois le cycle de l’épuisement des ressources ou des moyens de les exploiter (soleil, vent) recommence, à chaque étape le coût des nouvelles ressources est plus élevé que les précédentes. La seule solution pour l’éviter est de trouver de nouvelles sources d’énergie à coût faible. De nouvelles sources peut-être mais en quelle quantité pour l’éolien ou le solaire, avec quelle sécurité pour le nucléaire, et à quel coût ? Ceci nous renvoie aux analyses et positions de Jean-Marc Jancovici et l’équation de Kaya.
La démographie cause ou signal ?
Les démographes expliquent que le plafonnement puis la diminution de la population mondiale est due à la généralisation de l’augmentation du niveau de vie, les économistes débattent de son effet sur la croissance, Les anthropologues nous apportent un autre regard.
La démonstration de Tainter pour les sociétés du passé est que la cause de la chute est principalement économique, avec des effets financiers, et que l’aspect démographique est dépendant mais que l’on observe souvent une décroissance démographique avant la chute de la civilisation. Que constate-ton actuellement ? La population va diminuer en France et diminue déjà dans plusieurs pays développés, l’immigration est utilisée…
Les ressources, un nouveau facteur limitant
Dans l’analyse historique le facteur ressources serait important mais à travers sa traduction économique (son coût) plus que son volume en valeur absolue. De même l’environnement peut être attaqué, abîmé, il n’est pas une cause première.
Aujourd’hui la situation est néanmoins différente. Du point de vue territorial puisqu’il n’y a plus les deux types de sociétés (isolée ou politique de pairs) mais un seul. La question des ressources pourrait être encore posée de la même façon par sa valeur et non sa quantité s’il n’y avait pas la question des émissions de gaz à effet de serre qui en limite – ou devrait en limiter – l’exploitation. La question de l’environnement pourrait être négligée s’il n’y avait pas la perte quotidienne de la biodiversité, de l’eau et du sol à une échelle jamais connue. Il est donc probable que la question économique des rendements décroissants s’ajoute cette fois à l’autre cause de la limitation –volontaire ou subie – des ressources.
Décroissance de la production ou augmentation du rendement des investissements ?
La décroissance c’est la baisse de la production, la simplification de la société c’est l’augmentation du retour sur investissement ! Ce n’est pas seulement la vie simple, c’est la société simple qui serait une solution. Tout l’intérêt de cette analyse est de traduire de façon positive (une augmentation) le changement de société qui apparaît nécessaire.
Changer d’indicateurs
La démonstration sur la loi générale des rendements décroissants incite à définir de nouveaux indicateurs, non plus en production (PIB, nombre de brevets, nombre de publications) puisque que cet indicateur ne peut pas signaler les fragilités de la société, mais en rendement marginal de la production mesurée par le sens de la variation de production/ moyens :
– dérivée de l’évolution du nombre de brevets/nombre de chercheurs
– dérivée de l’évolution de l’espérance de vie/dépenses de santé en % du PNB
– dérivée de la variation du PIB/tête (variation de la productivité du travail).
Pour schématiser de façon simplifiée ces mécanismes attachons-nous à la production, la productivité et le retour sur investissement (bénéfices obtenus / coûts engagés). Nous assimilerons évolution de la productivité et de la production, l’un étant proportionnel à l’autre, et introduisons l’évolution annuelle des gains de productivité (dérivée seconde de la courbe de croissance). On sait que les gains de productivité diminuent régulièrement en tendance depuis 1950.
C’est le sens de notre titre : la dérivée seconde donne le sens de la croissance. C’est évidemment un peu plus complexe à calculer et à expliquer que le montant brut du PIB ou son évolution en volume. L’indicateur phare aujourd’hui est celui de la croissance mais l’on voit bien que les signes importants sont les dérivées de celui-ci et le retour sur investissement. La croissance à tout prix n’a pas de sens.
On nous objecte souvent que les ruptures technologiques permettent de relancer la productivité. C’est vrai, périodiquement, pour le secteur industriel, mais qui ne représente plus dans les pays développés que 20 % de l’activité. Et ce n’est pas applicable aux services ni, aujourd’hui, à l’agriculture sans dégrader la qualité. Ces ruptures technologiques, localisées à certains secteurs industriels, forment ainsi comme une crémaillère sur une tendance qui ne s’inverse pas globalement.
Et ces ruptures technologiques peuvent avoir des coûts largement supérieurs aux gains escomptés. Le cas des nanotechnologies risque de devenir emblématique de cette question, les gains apportés à la résistance des produits ou au coût des traitements utilisant cette technique seront-ils supérieurs, égaux ou inférieurs aux conséquences sur la santé publique (les nanoparticules étant capables de passer les barrières cellulaires et donc de causer des dommages non évaluées aujourd’hui en termes de santé) ? L’incertitude laisse la place au doute.
Il n’en est pas de même pour l’amiante, quel est le coût de l’amiante par rapport aux gains obtenus ? En termes d’études, de procès, de temps de travail perdu (maladies de longue durée), de soins hospitaliers et enfin de vie humaines (pour autant qu’il soit possible et justifié de calculer un coût de la vie d’un homme).
Quel est le retour sur investissement des pesticides si l’on prend en compte l’ensemble des conséquences sur la santé des hommes et des animaux, et la biodiversité, la diminution de la pollinisation des plantes, de la qualité des sols… Nous ne prêchons pas ici, surtout pas, pour une approche monétaire des biens naturels et de la vie, mais nous souhaitons illustrer le fait que les gains ont une contrepartie qu’il ne faut pas occulter.
Rupture technologique
Gains annuels de productivité
Pour la décroissance l’indicateur de mesure est la production, et le sens de la mesure c’est une diminution de cette production. Ce n’est pas très attractif.
Pour la décomplexification ou simplification de la société, l’indicateur de mesure est le rendement marginal : (variation du bénéfice/variation du coût), et le sens de la mesure une augmentation du retour sur investissement. Voilà qui est certes plus complexe à expliquer, mais délibérément positif. Il y a donc en conclusion trois questions sur les indicateurs :
– quitter au plus vite le Pib comme ‘indicateur de mesure du « progrès », pour des raisons qui ont été largement développées par ailleurs,
– le remplacer par des indicateurs associant les dimensions sociales, environnementales et économiques, et là les propositions sont nombreuses et étayées,
– y associer enfin un débat sur le « rendement » global de ce progrès qui seul pourra nous aider à nous frayer la voie vers une simplification positive de la société. Un débat et non un indicateur car il ne sera sans doute pas possible, et peut-être pas souhaitable, de mesurer de façon chiffrée ce rapport.
C’est la leçon que nous retiendront de Tainter : le débat que le sens du progrès n’est pas qu’un débat moral ou idéologique, c’est aussi un débat économique vital.
[1] Décidément les anthropologues ont beaucoup à nous apprendre, Louis Dumont, René Girard…
[2] Marx disait que « la seule science c’est l’histoire » (Manuscrits de 1844), Tainter et les anthropologues nous permettent de compléter, la seule science c’est l’histoire des hommes.
[3] Tainter a donc une position différente de deux autres auteurs sur ce thème. Pour Jared Diamond, il s’agit à chaque fois d’un « suicide écologique », Collapse : how societies choose to fail or succeed, Penguin Books, 2005. Le livre a été traduit en français sous le titre Effondrement, Gallimard, 2006.
Si Clark remet frontalement en cause certaines des thèses développées par Jared Diamond dans son précédent livre, Guns, Germs et Steel, ils se retrouvent sur l’analyse des échecs des sociétés passées.Gregory Clark, A Farewell to Alms, a brief economic history of the world, Princeton University Press, 2007.
[4] Pour un panier de différents pays : Nigeria, Yougoslavie, Ghana, Chine. Source Clark and Haswell, 1966
[5] Nord de la Grèce. Source Clark and Haswell, 1966
[6] Source Machlup 1962
[7] Les réflexions sur l’éducation et la santé rappellent les thèses d’Ivan Illich. Ces travaux sont positionnés dans la culture anglo-saxonne, les références sont essentiellement anglaises et américaines, mais rejoignent nombre d’analyses françaises ou internationales comme celles d’Edgar Morin, Jacques Ellul, Jean Gadrey…
[8] Source US Bureau of census 1983 et Worthington 1975
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