22 juin 2017

Les changements climatiques auraient contribué à la chute de l’Empire romain



Longtemps, les hommes ont attribué la grandeur et la décadence des empires à la volonté des dieux. Mais en réalité, peut-être auraient-ils dû blâmer la variabilité du climat. C’est ce que tend à prouver une étude, réalisée à partir d’analyses de cernes de croissance des arbres, qui démontre que les étés doux ont sans doute été la clé de la montée en puissance de l’Empire romain tandis que les sécheresses prolongées, vagues de froid et autres changements climatiques auraient joué un rôle dans les bouleversements historiques, des invasions barbares qui ont accéléré l’effondrement de Rome à la peste noire qui a décimé une grande partie de l’Europe médiévale.


L’étude, publiée dans le magazine Science, se base sur près de 9000 échantillons de bois, recueillis au cours des trente dernières années par des archéologues qui analysent les anneaux de croissance des arbres pour déterminer l’âge des sites antiques, une technique connue sous le nom de dendrochronologie. Les chercheurs ont utilisé ce procédé pour reconstituer les changements climatiques. Ils ont ainsi comparé les données météorologiques des deux cents dernières années avec des échantillons provenant d’arbres vivants pour voir de quelle façon la température et l’humidité affectent la croissance des cernes. Ils ont ensuite analysé le bois de chênes, de pins, d’édifices historiques ou de sites archéologiques, recueillant ainsi des données sur l’évolution du climat européen depuis 2500 ans.

En fin de compte, les chercheurs ont mis en évidence une corrélation entre les événements historiques et les évolutions climatiques. Ainsi, lors de périodes de stabilité sociale et de prospérité, comme lors de l’ascension de l’Empire romain entre 300 avant J.C. et 200 après J.C., l’Europe a connu des étés chauds et plutôt humides idéaux pour l’agriculture. Des conditions climatiques similaires ont accompagné l’apogée de l’Europe médiévale entre le XIe et le XIIIe siècles.

A contrario, des périodes d’instabilité climatique correspondent à des époques davantage troublées au niveau politique. Les changements climatiques qui affectent notamment la production agricole sont des facteurs « amplifiant les crises politiques, sociales et économiques », estime ainsi l’étude.

Au IIIe siècle de notre ère, par exemple, des sécheresses prolongées ont concordé avec des invasions barbares et des troubles politiques qui déboucheront sur la chute de l’Empire romain. Vers 1300, une vague de froid combinée avec des étés plus humides a aussi coïncidé avec des famines généralisées et la peste qui a décimé près de la moitié de la population européenne en 1347. Plus tard, les minimums de températures au début du XVIIe et du XIXe siècles ont accompagné la Guerre de Trente ans et les migrations européennes vers l’Amérique.

« En examinant les 2500 dernières années, on trouve des exemples où le changement climatique a affecté l’histoire de l’humanité, assure l’auteur principal de l’étude, Ulf Büntgen, paléoclimatologue à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage de Zurich. Cette découverte ne s’applique pas seulement aux sociétés agraires passées : elle pourrait également avoir un impact sur nos sociétés modernes. »


Si les sociétés actuelles semblent être moins vulnérables, elles ne sont malgré tout « certainement pas immunisées » contre le changement climatique, surtout parce que la migration « ne sera pas une option dans un monde de plus en plus peuplé », affirment les chercheurs. L’étude conclut que ces résultats « pourraient remettre en question l’hésitation actuelle, politique et fiscale » pour ralentir le changement climatique accéléré du XXIe siècle.

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