19 juin 2017

La côte ouest du Groenland touchée par un tsunami

La série de vagues, qui serait provoquée par un tremblement de terre, a emporté des maisons et quatre personnes ont disparu.


C’est une petite vidéo amateur, aux images tremblées, étonnamment émouvante. Peut-être parce qu’on entend haleter la jeune femme qui filme, Olina Angie K. Nielsen, et les huskies aboyer sans fin, alors que la mer répand caisses en plastique, seaux et canots sur l’herbe rase. Soit une grande partie des objets du quotidien des 101 habitants de Nuugaatsiaq, village de la côte ouest du Groenland, touchée par un tsunami aux alentours de 22h30 samedi soir.
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Ce 18 juin, les habitants de ce territoire autonome du Danemark ont enfilé bottes fourrées et anoraks. Devant les petites maisons colorées, désertées après que d’immenses vagues ont balayé la grève, on voit des canapés, des tables et des chaises. Onze maisons ont été emportées par la mer. Plusieurs villages ont été touchés, et selon les autorités, neuf personnes sont blessées, dont deux gravement, et quatre sont portées disparues. Le site d’information local, Kalaallit Nunaata Radioaa (KNR), parle de deux morts certaines. Un bilan qui aurait pu être plus lourd si l’on n’était pas en juin, saison où le soleil ne se couche jamais sur Nuugaatsiaq, situé au-delà du cercle polaire.

Selon KNR, le centre de surveillance géologique danois a émis l’hypothèse selon lequel un tremblement de terre de magnitude 4, relevé par ses services samedi soir à 30 km au nord de Nuugaatsiaq, a provoqué un glissement de terrain dans la mer, et déclenché les vagues. Le séisme n’a pourtant pas été signalé par l’USGS, le site américain qui tient en temps réel le décompte de tous les séismes dans le monde. L’agence danoise craint des répliques et a demandé aux habitants de rester vigilants.
Fonte accélérée des glaciers

Le Groenland – grand comme trois fois la France – et ses 55 000 habitants sont aux premières loges des conséquences du réchauffement climatique. La fonte accélérée des glaciers modifie l’environnement, les traditions et les opportunités économiques. Le réchauffement des eaux attire de nouvelles espèces, comme la baleine pilote, et fait revenir la morue, donnant un coup d’accélérateur aux revenus de la pêche. Le dégel des terres rend relativement plus accessibles ses ressources en pétrole, gaz et terres rares, attisant les convoitises des industriels miniers.

A 400 km au nord de Nuugatsiaq, dort une autre menace pour l’environnement, le «Camp Century», une base militaire américaine construite en 1959 en pleine guerre froide, sous la terre glacée du Groenland. Abandonné par Washington en 1967, le site abrite 200 000 litres de gasoil, 240 000 litres d’eaux usées, des biphényles polychlorés (les pollueurs persistants PCB), et un volume inconnu d’éléments radioactifs laissés là par des scientifiques persuadés que «jamais il ne s’arrêterait de neiger», comme l’a dénoncé l’an dernier le scientifique canadien William Colgan. Une bombe à retardement pour l’environnement, qui pourrait empoisonner la nature d’ici la fin du siècle. A moins qu’un séisme, lui aussi imprévisible, n’accélère le processus.

Laurence Defranoux

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