02 juin 2017

HJ Lim - 'Moonlight' Sonata: I. Adagio sostenuto




("De l'herméneutique - de l'interprétation ")

18) HJ LIM : C'est à l'âge de 20 ans que Chopin a composé ses deux Concertos pour piano et orchestre, Prokofiev son Concerto No.1, Chostakovitch sa première symphonie. Et c'est à l'âge de 24 ans que HJ LIM a enregistré pour EMI-WARNER le cycle de toutes les sonates de Beethoven, démonstration éclatante de sa personnalité unique. Une espèce de secousse sismique de magnitude 10 sur l'échelle de Richter dans le monde de la musique; un véritable chef-d'œuvre d'interprétation de ce monument de l'héritage musical de la part de cette magicienne du piano.

Dans cet enregistrement, HJ LIM réussit à s'identifier en co-créatrice avec l'esprit visionnaire et psychotonique de Beethoven, chargé d'émotions extrêmes et vibrantes, frénétiques et sublimes, à ressentir profondément l'urgence explosive d'inspiration qui habitait le compositeur et s'en inspirer à son tour. Désormais, c'est devenu une version de référence qui explore toute la palette expressive de cette musique de manière extrêmement suggestive et galvanisante. Une sorte de pendant pianistique des prodiges d'interprétation des symphonies de Beethoven par Roger Norrington.
Parmi d'autres joyaux d'interprétation de l'immense répertoire de HJ LIM, je pourrais évoquer les Concertos No.1, 2 et 3 de Rachmaninov (avec Pablo Gonzalez), joués de manière divinement incisive et frémissante, avec un vortex d'émotions comprenant de puissantes charges électriques- expérience euphorisante. Le dynamisme du déferlement farouche du flux passionnel atteint son paroxysme dans les grandioses Etudes-Tableaux de Rachmaninov. Et la vulnérabilité expressive de son Vocalise n'a encore jamais été mise en lumière de façon à ce point communicative et hypnotisante. Les lectures des Ballades et de la Barcarolle de Chopin sont lumineuses et celles de Concertos de Mendelssohn (No.1), de Liszt (No.1), de Prokofiev (No.3) foudroyantes. J'aimerais aussi signaler la traduction artistique suprêmement inspirée du Concerto No.2 de Brahms.
Le CD avec Ravel/Scriabin possède en quelque sorte les propriétés protéennes de transformation ingénieuse des caractéristiques de l'hédonisme polychrome en celles de l'exubérance volcanique. Sensibilité enflammée, à fleur de peau.
Quant à l'interprétation par HJ LIM du Clavier Bien Tempéré de Bach, elle s'impose comme un tour de force spectaculaire. Dans sa monographie sur Bach, Gilles Contagrel met l'accent sur le "témoignage de la puissance expressive des œuvres instrumentales de Bach, que l'on a plus tard tenues et pratiquées comme de fastidieux exercices techniques". Il existe aussi des témoignages enthousiastes de contemporains de Bach sur "la vélocité, la vivacité et la légèreté" de son jeu en tant qu'instrumentaliste, sur les qualités suggestives et évocatrices de son imagination artistique. HJ LIM d'évidence vise à réactualiser les aspects expressifs et émouvants de ces poèmes pleins d'esprit imaginatif, contenant toute une gamme d’états émotionnels: joyeux, assombris, affirmatifs, mélancoliques, extatiques. Cette interprétation rend enfin justice à cette œuvre magistrale si souvent estropiée et dévirilisée dans d'innombrables versions "calvinistes". Bouleversant.

Alexandre Rabinovitch-Barakovsky (août 2015)

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