17 mai 2017

L'échelle des protéines



En 1800, trois pourcent de la population mondiale vivait en zone urbaine. En 1900, environ 14% de la population mondiale étaient des citadins, et douze villes comptaient un million d'habitants ou plus.


En 1950, 30 pourcent - 746 millions de personnes - vivaient dans des centres urbains, et le nombre de villes de plus d'un million d'habitants était passé à 83.

En 1975, trois villes enregistraient des populations de dix millions d'habitants ou plus. En 1990, on comptait dix « méga-villes » de 10 millions d'habitants ou plus, dans lesquelles vivaient 153 millions de personnes, soit un peu moins de 7 pourcent de la population urbaine mondiale de l'époque. On comptait 16 mégapoles (villes de plus de dix millions d'habitants) en 2000.

En 2014, il y en avait 28 autour du monde, dans lesquelles vivaient 453 millions de personnes, ou 12 pourcent de la population urbaine globale. Parmi les 28 mégapoles de 2014, 16 se situent en Asie, 4 en Amérique latine, 3 en Afrique et 3 en Europe, et deux en Amérique du Nord.

En 2014, 54% de la population globale, soit 3,7 milliards de personnes, vivaient en ville. Ce chiffre devrait passer à 5 milliards en 2020, et doubler d'ici à 2050.

Le rapport sur la division de la population du Département pour la politique sociale et le développement des Nations-Unies estime qu'entre 2014 et 2050, le plus gros de la croissance urbaine globale, soit 37 pourcent, se produira en Inde, en Chine et au Nigéria. En 2050, l'Inde devrait voir sa population urbaine gonfler de 404 millions, la Chine de 292 millions et le Nigéria de 212 millions.

Les dépenses des populations rurales de la Chine se sont élevées à 2,78 trillions de yuans en 2012, soit 447 milliards de dollars - moins d'un cinquième de ce que représentaient les dépenses des populations urbaines. Bien qu'ils aient dépensé cinq fois plus que leurs homologues des campagnes, les habitants des villes ne représentaient que 52% de la population chinoise en 2012.

Le revenu annuel moyen par habitant en Chine rurale a atteint 10.489 yuans en 2014 (1.693 dollars). En zone urbaine, le revenu annuel moyen par habitant était de 29.381 yuans.



Revenu personnel disponible total en Inde, tradingeconomics.com


Newgeography.com

Division de la population, Nations-Unies

D'ici à 2030, une grande majorité de l'urbanisation aura lieu dans le monde en développement.

C'est un développement important, parce que la consommation globale a non seulement été soutenue par l'urbanisation, elle ne cesse plus de gonfler à mesure que des centaines de millions de consommateurs des pays émergents peuvent se permettre d'acheter plus que des biens de première nécessité.

« La croissance de la classe moyenne chinoise devrait porter la part de la consommation dans le PIB à 50% d'ici à 2030, contre 36% en 2014, » comme l’ont expliqué Li-Gang Liu et Louis Lam, économistes pour ANZ en Chine.

« Si la forte croissance de l'Inde se poursuivait, la classe moyenne du pays pourrait se trouver multipliée par dix pour passer de 50 à 583 millions de personnes. Les revenus devraient tripler ces vingt prochaines années, et le pays deviendra le cinquième plus gros marché de consommation du monde avant 2025. » McKinsey Global Institute

Une hausse des revenus signifie plus d'argent disponible dans le budget des ménages.

La première chose que fait quelqu'un qui vit en ville et vient d'accéder à la classe moyenne est transformer son alimentation.

Cette transformation parmi les populations urbaines nouvellement prospères des pays en pays en développement est le plus important facteur de la demande alimentaire globale. Les consommateurs de la nouvelle classe moyenne délaissent les calories issues des plantes en faveur de protéines animalières et de produits laitiers. C'est ce qu'on appelle l'échelle des protéines. Le niveau zéro, ou le régime alimentaire de base, consiste presqu'entièrement de plantes.

L'échelle des protéines

5. Bœuf nourri au grain

4. Bœuf de pâturages

3. Lait et autres produits laitiers

2. Porc

1. Poulet et œufs

Niveau zéro : riz, haricots et pain

En 1980, le monde a mangé 133 millions de tonnes de viande et bu 342 millions de tonnes de lait.

En 2002, la consommation a augmenté, et le monde a mangé 239 millions de tonnes de viande et bu 487 millions de tonnes de lait.

« Au cours de ces cinquante dernières années, la production globale de viande a presque quadruplé pour passer de 78 millions de tonnes en 1963 à 308 millions de tonnes par an aujourd'hui. L'IAASTD s'attend à voir la tendance se poursuivre, notamment en raison de la croissance de la classe moyenne en Chine et dans d'autres pays émergents, qui s'adapte au régime alimentaire dit occidental des habitants d'Amérique du Nord et de l'Europe, avec ses burgers et ses steaks. » Globalagriculture.org

L'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture estime que d'ici à 2030, la demande globale annuelle s'élèvera à 373 millions de tonnes de viande et 736 millions de tonnes de lait.

L'organisation estime que d'ici à 2050, la production globale de viande atteindra 455 millions de tonnes.

Ce qu'il coûte de franchir les échelons de l'échelle des protéines

Plus il y aura de gens sur Terre, et plus des Asiatiques et autres populations se tourneront vers un régime alimentaire occidental, plus nous auront besoin de céréales et de grains. Il faut environ 8 kilos de céréales pour produire un demi-kilo de bœuf - il faut moins pour produire du porc, du poulet, du lait ou des œufs, avec 2 à 6 kilos. A mesure que croît la consommation de viande, il faut de plus en plus de céréales pour nourrir le bétail.

Et beaucoup des céréales nécessaires à la production de protéines animales que sont le bœuf, le porc et le poulet, sont aussi les céréales dont les populations les plus pauvres qui ne peuvent pas se permettre de grimper sur l'échelle des protéines se nourrissent.

L'élevage de bétail est déjà le plus gros utilisateur de ressources terrestres, les pâturages et champs dédiés à la production de nourriture représentant environ 80% des terres agricoles.

Si la population du monde se mettait à manger autant de viande que le monde occidental - 80 kilos de viande par tête et par an - la surface agricole nécessaire serait deux-tiers plus importante que ce qu'elle est aujourd'hui.

En 2013, le bétail représentait 1.494 millions d'animaux, soit 54% de plus qu'en 1963. Le nombre de poulets élevés pour la consommation humaine est passé de 4,1 à 21,7 milliards entre 1963 et 2013. Sur la même période, la population de cochons a gonflé de 114% pour atteindre 977 millions.

L'agriculture de bétail réduit la disponibilité de terres destinées à la consommation humaine directe de deux manières :
La surface nécessaire à la production d'une certaine quantité de calories animales est beaucoup plus importante que celle nécessaire à produire la même quantité de calories issues de plantes.
L'agriculture de bétail nécessite également des terres supplémentaires utilisées pour produire les céréales qui le nourrissent.

Le bétail élevé aujourd'hui consomme un tiers de la production globale de céréales. Dans le monde industrialisé, deux tiers des terres agricoles produisent des céréales destinées à nourrir le bétail. Aux Etats-Unis, les animaux d'élevage, et notamment le bétail, consomment deux fois plus de céréales que la population américaine toute entière. Plus de 100 millions d'acres de terres agricoles sont utilisées pour produire les céréales qui nourrissent le bétail. Des céréales sont aussi importées.

La transition depuis une alimentation basée majoritairement sur les féculents vers la viande et les produits laitiers, qui nécessitent plus d'eau, a représenté l'impact le plus important sur la consommation d'eau ces trente dernières années. L'eau utilisée dans l'irrigation et la production alimentaire représente l'une des plus grosses contraintes pour les réserves d'eau douce.

Produire un kilo de riz demande environ 3.500 litres d'eau, contre 15.000 litres pour un kilo de bœuf. Produire ce kilo de bœuf nécessite autant d'eau que ce qu'utilise un ménage moyen sur dix mois (50 litres par personne et par jour).

L'agriculture représente environ 70% de l'utilisation globale d'eau douce, et jusqu'à 90% dans les économies qui se développent le plus rapidement.

Les estimations indiquent qu'il n'y aura pas suffisamment d'eau disponible en 2050 pour nourrir la projection de population si nous continuons de suivre les mêmes tendances et n'adoptons pas de régimes alimentaires plus orientaux (3.000 calories produites par tête, dont 20% proviennent de protéines animales).

En 2050, nourrir la planète pourrait nécessiter deux fois plus d'eau qu'aujourd'hui.

Conclusion

Si tous les habitants de notre planète étaient végétariens, nous pourrions nourrir 40 milliards de personnes.

Si tout le monde mangeait come un Américain moyen, nous pourrions nourrir 2,5 milliards de personnes.

Comme l'a dit Norman Borlaug, le « père de la révolution verte » : « Le monde a désormais une technologie suffisante - disponible ou actuellement en phase terminale de recherche - pour nourrir de manière durable une population de dix milliards de personnes. »

Les Nations-Unies estiment que la population médiane sera de 9,7 milliards d'habitants en 2050.

En matière d'agriculture, nous sommes bien loin de faire les choses correctement. Une fois les changements climatiques pris en compte, une transformation des habitudes alimentaires apparaît comme nécessaire.

Source 


La solution

Considérée comme une exception dans la culture Européenne, la consommation d’insectes se révèle être la règle dans de nombreuses régions du monde. En effet, la viande étant trop peu disponible dans certaines parties du globe, la consommation d’insectes s’est imposée naturellement comme une alternative efficace. Mais pourquoi nous Européens devrions-nous nous manger des insectes et donc modifier nos habitudes alimentaires alors que nous disposons de source de viandes abondantes ? La question mérite d’être posée. Vous trouverez par la suite de nombreux d’éléments sur le thème de l’entomophagie qui permettront à chacun de se forger sa propre opinion sur ce sujet.

1. Des aliments riches en protéines

Les protéines sont à la base du fonctionnement du corps. D’après des études scientifiques, le taux de protéines des insectes comestibles est supérieur à celui des végétaux ainsi qu’à celui des viandes, œufs et volailles vendus dans le commerce. Il peut atteindre 75% sur extrait sec.

2. Une solution pour nourrir 9 milliards d’individus d’ici 2050

Si manger des insectes se pose aujourd’hui en tant que question, il se pourrait que cette question devienne une évidence et une nécessité dans les décennies à venir. Nous serons 9 milliards sur terre en 2050. Pour satisfaire les besoins, la production mondiale de viande va devoir doubler. Cependant, les surfaces agricoles ne seront pas suffisantes pour assurer une telle production. La production et la consommation d’insectes se révèlent être une solution 100 % naturelle pour répondre à ce défi.

3. Un élevage avec un faible impact environnemental


La production de gaz à effet de serre est considérée comme une cause prédominante du changement climatique. Les gaz à effet de serre les plus importants sont le dioxyde de carbone (C02), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O). Les élevages traditionnels pour la production de viande contribuent fortement aux émissions anthropogéniques de ces gaz. Ces élevages produisent aussi une grande quantité d’ammoniac (NH3) responsable de l’acidification et de la nitrification des sols.
Les chercheurs de l’Université de Wageningen (Pays-Bas) ont récemment montré que l’élevage d’insectes comestibles comme les criquets, les grillons et les vers de farine produisait beaucoup moins de gaz polluants comme le méthane et l’oxyde de nitrate que les élevages porcins et bovins. Produire un kilo de vers de farine entraine l’émission de 10 à 100 fois moins de gaz à effet de serre que produire un kilo de viande de porc. A poids égal, le cochon produit 8 à 12 fois plus d’ammoniac que les criquets et jusqu’à 50 fois plus que les sauterelles. L’élevage d’insectes est ainsi une alternative pour la production de protéine animale à faible impact environnemental.

4. Une source plus sure de nourriture

Le Dr. Dicke est entomologiste à l’Université de Wageningen aux Pays-Bas et étudie avec son équipe les insectes en tant que source de nourriture pour l’Homme. Selon lui, une des raisons majeures de consommer des insectes serait que les insectes en tant qu’aliments transmettraient moins de maladies vers l’Homme comparé aux sources de viande traditionnelle. La raison ? Les animaux traditionnels que nous consommons sont beaucoup plus proches des humains dans l’arbre de l’évolution que les insectes. Les humains et les animaux d’élevages traditionnels ont beaucoup de maladies communes. Ainsi, de nombreuses maladies qu’on retrouve chez les animaux traditionnels peuvent se développer en mutant chez l’Homme. Les récentes grippes aviaires et porcines en sont un parfait exemple.

5. Un taux de conversion inégalé

Les animaux ne transforment pas toute la nourriture qu’ils ingèrent pour grossir et se développer. Une partie est notamment utilisée par les animaux pour se chauffer. Les insectes ne produisant pas de chaleur, la majorité de ce qu’ils ingèrent est dédiée à la croissance. En effet, avec 10 kg d’aliments, vous produisez 1 kg de viande bovine, 3 kg de viande porcine, 5 kg de volaille et 9 kg d’insecte. Ainsi, produire de grosses quantités de protéines nécessite moins de produits agricoles.

6. Une alternative aux productions animales intensives


Beaucoup d’élevages porcins, bovins et de volailles pratiquent l’élevage intensif pour augmenter le rendement et répondre à la demande. 80 % des poules soit 36 millions d’individus sont élevées de cette manière. Cette pratique se traduit notamment par une forte densité d’animaux et un environnement très différent du milieu naturel des animaux. Les élevages en batteries confinent les animaux dans des cages et l’espace disponible est réduit au minimum vital.
La forte promiscuité des individus engendre plusieurs types de problème. Des maladies apparaissent fréquemment et entrainent l’utilisation massive d’antibiotiques et d’anxiolytiques. Certains animaux comme les poules peuvent développer des anomalies du comportement (excès d’agressivité,..). Avec l’élevage, le transport et l’abattage des animaux peuvent aussi être sources de problèmes dans certains cas. Le transport peut engendrer des blessures comme des fractures chez les poules.

7. Participe au maintien de la biodiversité

Plusieurs études scientifiques ont permis de mettre en évidence des liens entre l’entomophagie et le maintien de la biodiversité. Au Malawi, la consommation et la récolte contrôlée d’une espèce de chenille ont permis la sauvegarde de leur arbre hôte et ainsi la préservation de la chenille.
Même si les élevages d’insectes à des fins alimentaires ont tendance à se développer, une grande majorité des espèces d’insectes consommées en Asie ou en Afrique provient de prélèvements en milieux naturels. Non contrôlés, ces prélèvements peuvent mettre en danger les espèces. L’élevage permet de réduire les prélèvements en milieu naturel par un approvisionnement fiable en insectes comestibles. L’élevage peut aussi réduire la pollution organique en recyclant les déchets agricoles et forestiers dans de l’alimentation de haute qualité.

8. Une variété de gouts et de formes


On compte aujourd’hui près de 1400 espèces d’insectes consommées par l’être humain. La liste peut être consultée via ce lien. Beaucoup de ces insectes comestibles sont des insectes familiers que l’on côtoie depuis toujours. Fourmis, termites, grillons, criquets, chenilles et sauterelles sont par exemple des mets de choix dans de nombreux pays. Les insectes peuvent être déclinés à toutes les sauces : vivant, nature, frits ou bouillies, caramélisés, seuls ou accompagnés. On leur associe des gouts très diversifiés, allant de la noix pour les vers de farine au gorgonzola pour les nèpes. Dans le nord-est de la Thaïlande, une étude révèle que 75% des personnes interrogées invoque le gout comme principales raisons de manger des insectes.
De la fourmi minuscule à la punaise d’eau géante, la taille et la forme des insectes comestibles est d’une richesse incomparable. Seule l’imagination peut limiter les combinaisons de gout et de formes qui peuvent être créées. Ingrédients dans de nombreux plats, les insectes comestibles se retrouvent comme condiments, en apéritifs, en plats principaux ou en dessert. Dans l’ile de Bornéo, des fourmis sont mélangés avec du chili et du sel pour être utilisées comme condiments de certains plats.

9. Une pratique ancestrale


La consommation d’insectes comestibles ne constitue pas une pratique nouvelle en Europe. On trouve en effet des traces de cette pratique depuis l’Antiquité. Le philosophe grec Aristote (384-322 avant J.C.) faisait déjà l’éloge des nymphes de cigales en les décrivant comme ayant une saveur exquise. Les romains quant à eux se délectaient des larves de scarabées. La bible et le Coran mentionne la consommation d’insectes. Au 18ème siècle, on prêtait à la consommation de certains insectes des vertus médicinales.

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1. Des aliments riches en proteines et pauvres en graisses (saturées) // Source : Chen and Feng 1999; Yang 1998; Hu 1996; DeFoliart 1992; Mitsuhashi 1992; Comby 1990; Ramos-Elorduy and Pino 1989.
2. Des qualités nutritionnelles importantes // Source : FAO Edible forests insects : The nutritional value of fourteen species of edible insects in southwestern Nigeria. Banjo,, A.D., Lawal, O.. A..* and SONGONUGA,, E.. A..Department of Biological Sciences, Olabisi Onabanjo University, P.M.B. 2002, Ago-Iwoye, Nigeria. African Journal of Biotechnology Vol. 5 (3), pp. 298-301, 2 February 2006.
4. Un élevage avec un faible impact environnemental // Source : Oonincx et al., 2010.
8. Participe au maintien de la biodiversité // Source : Munthali et Mughogho, 1992 ; DeFoliart, 1997 ; Hardouin, 2003.
9. Une variété de gouts et de formes // Source : Hanboosong et al., 2000.


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