11 mai 2017

After parisien


Première erreur : les maîtres-chiens d’Emmanuel Macron ont joué l’Ode à la joie de Beethoven plutôt que l’hymne national de la France lors de son rassemblent de victoire électorale. Réjouissons-nous qu’ils n’aient pas joué Deutschland Über Alles… Les tensions demeurent en zone euro : le chômage des jeunes de plus de 20%, les trous bourrés de papier dans les bilans des banques européennes, et la contraction implacable de l’activité économique, notamment le long de la frontière sud de l’Union.

Le choc des civilisations apporté par la surabondance de réfugiés que s’est auto-imposée l’Union européenne flotte au-dessus du continent tel un hijab. L’absence de violences terroristes en période d’élections ne devrait rassurer personne. Les intérêts des djihadistes reposent certainement dans la poursuite du statu quo et de ses fantaisies sentimentales de multiculture – pourquoi ne pouvons-nous simplement pas vivre ensemble ? – c’est pourquoi En Marche ! était très certainement leur meilleur pari. Le Pen aurait pu les forcer à reculer. Macron, quant à lui, semble vouloir brasser les antagonistes islamiques dans un bain nutritif à la sauce Hollandaise.

La sclérose de l’Europe est garantie. Mais ce sont les évènements qui sont désormais en charge, pas les représentants élus. Le destin économique de l’Europe pourrait être déterminé par des forces très éloignées de sa sphère de contrôle, comme la Chine, dont le système bancaire artificiel sera certainement le premier à s’effondrer pour déclencher une réaction en chaine de démolition financière incontrôlée. Tout ne dépendra principalement que de la stabilité des devises.

Le problème étant que ces dernières sont rattachées à des attentes illusoires d’expansion économique. Sans cette expansion, le versement des intérêts de la dette monumentale du monde devient une impossibilité. Et le petit jeu qui consiste à émettre toujours plus de dette pour rembourser les intérêts de l’ancienne ne peut plus se poursuivre. Une fois de plus, la relation dynamique entre la création de capital et les dilemmes de l’industrie pétrolière se tapit derrière les échecs de l’économie. Dans le cas où une crise de remboursement de la dette se développait, les gouvernements ne sauraient pas quoi faire d’autre qu’imprimer toujours plus d’argent. Et cette fois-ci, ils ne manqueraient pas de détruire complètement la confiance en la valeur de leur « monnaie ».

Je mets « monnaie » entre guillemets parce que les dollars, les euros, les yuans et les yens n’ont pas plus de valeur que celle que leur accordent les gens, et sont mesurés contre des indices de valeur de plus en plus fictionnels tels que les taux d’intérêt, les marchés boursiers et obligataires, les chiffres de l’emploi et du PIB publiés par les gouvernements, et d’autres indices de références si truqués par les autorités qui les émettent que l’avertissement vénérable du vieux Karl Marx se réalisera bientôt pour tout faire se transformer en air.

Que ce soit clair, je ne suis pas favorable au chaos politique et à l’anarchie économique, mais cela semble être la voie qu’ont choisi de suivre les fonctionnaires Deep State à l’échelle du monde. Les protocoles financiers de l’ère industrielle, qui nous ont permis d’emprunter à l’avenir pour permettre à l’entreprise d’aujourd’hui de perdurer, ont perdu de leur élan. La très courte et pratique théorie de l’Histoire s’applique ici : les choses se passent parce qu’elles semblent être une bonne idée au moment présent.

Faire flamber le crédit a pu sembler être une bonne idée tout au long du XXe siècle, et il est vrai qu’il nous ait permis d’établir une matrice économique basée sur une énergie peu chère qui, hélas, n’est plus. Ce qui reste aujourd’hui n’est que le prétexte illusoire que les protocoles avec lesquels nous sommes familiers continueront de fonctionner comme par magie. Les déceptions perdront bientôt une échelle épique, et pourraient voir arriver sur le devant de la scène des personnages politiques pires encore que Trump et Le Pen. Sachez toutefois que ce que vous percevez comme le roulement de tambours du nationalisme n’est que la première étape d’un bien long voyage hors de l’économie globalisée, qui nous mènera finalement vers des autarcies locales que les mandarins actuels du statu quo peuvent à peine s’imaginer.

Ce long voyage a déjà commencé, bien que ni le public ni ses dirigeants élus ne s’en soient aperçus. La première étincelle de compréhension apparaîtra au cours des prochains mois, quand la fable de la monnaie et de la croissance se défera et que les chefs politiques ne pourront plus rien faire que se tenir debout à côté, la mort dans l’âme à l’idée que le monde ait osé avoir l’impertinence de changer sans leur permission.

James Howard Kunstler
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