06 avril 2017

CSA/Contrôle de la pensée : Les symboles de la France interdits dans les clips de l'élection présidentielle !


A compter du lundi 10 avril, la présidentielle entrera dans la période dite de « campagne officielle » où un certain nombre de règles et traditions entrent en vigueur. Egalité stricte des temps de parole, affichage des panneaux électoraux, envoi des professions de foi et diffusion sur les antennes du service public des clips de campagne des candidats. Un exercice particulièrement surveillé par les autorités de régulation.

A l’heure de YouTube et de l’essor de la vidéo en direct, les onze candidats à la présidence de la République enregistrent cette semaine une série de clips très officiels que diffuseront les antennes du service public. Un exercice presque désuet mais pas sans intérêt. En 2012, les 74 spots diffusés en boucle avant le premier tour et entre les deux tours ont touché 48 % de la population des 4 ans et plus sur France Télévisions. Soit un peu plus de 28 millions de personnes ! Une visibilité exceptionnelle même à l’heure d’Internet. « Cette répétition permet de toucher au-delà de ceux qui suivent notre campagne », reconnaît d’ailleurs Sophia Chikirou, en charge de la communication de Jean-Luc Mélenchon.

Le leader de La France insoumise, à la tête d’une chaîne YouTube à laquelle sont abonnées plus de 260 000 personnes, semble a priori être des mieux armés pour parfaire à cet exercice imposé. Ses revues de la semaine – souvent vues plus de 200 000 fois – ou la présentation de son programme lors d’un direct de cinq heures lui ont permis de trouver son style face à la caméra.

Règlement pointilleux. Sauf qu’avec le début de la campagne officielle, la liberté de création va drastiquement se réduire. Le CSA a en effet donné aux différentes parties un document de onze pages fixant le cadre de production, programmation et diffusion de ces clips de campagne. Au total, 49 articles expliquent par le menu le bon fonctionnement de la période à venir. Le gendarme de l’audiovisuel s’y montre particulièrement pointilleux, au point même de réglementer le nombre de personnes pouvant accompagner le candidat en studio d’enregistrement ou en salle de montage.

Mais ce qui a surpris l’ensemble des équipes de campagne se situe dans l’article 9 : interdiction de « faire apparaître tout emblème national ou européen ». Pas de drapeau donc dans ces vidéos. Ni français, ni étranger et pas plus d’hymne national. Une disposition jugée « incroyable » par Gautier Guignard, qui s’occupe des vidéos de François Fillon, obligé de « jeter un certain nombre d’images que nous avions sélectionnées ».

Si la consigne existait en fait lors des scrutins précédents, le régulateur avait choisi de jouer la carte de la mansuétude. Une période visiblement révolue. La cause de ce changement de pied est la crainte que certaines campagnes ne « misent sur un nationalisme délirant », confie un bon connaisseur du dossier, rappelant qu’en 2012 un clip de Nicolas Sarkozy avait créé la polémique en montrant un panneau « douane » écrit en arabe. En proscrivant l’utilisation de tous les drapeaux, le CSA veut également se prémunir de la possibilité que certains puissent être « maltraités ou utilisés de manière négative ».

Des règles qui mériteraient d’être « assouplies », selon Laurent Jacobelli, porte-parole de Nicolas Dupont-Aignan. « La télévision et l’administration ont chacune des codes qui lorsqu’ils se rencontrent ne font pas toujours bon ménage », ironise celui qui fut il y a quelques années patron des programmes et des antennes de TV5. Laurent Jacobelli regrette également les délais « très courts » accordés aux équipes pour se préparer : une semaine seulement entre la publication des règles et le tournage et à peine trois jours pour tourner et monter les vidéos.

Esprit de web-série. Debout la France! se contentera pourtant de ne faire que deux clips, un pour chaque format demandé par le CSA. Une vidéo d’une minute trente et une autre de trois minutes trente. Il devrait y en avoir entre trois et cinq dans le camp Fillon et dix-huit pour Jean-Luc Mélenchon ! Celui-ci a décidé d’investir autant que possible cet espace de diffusion. Il s’est attaché les services d’Henri Poulain, un réalisateur de télévision et de cinéma. Coût de l’opération : autour de 30 000 euros. Sophia Chirikou promet de « renouveler l’exercice dans un esprit de web-série ». Quant à Emmanuel Macron, il s’est attaché les services de l’agence de communication Jésus et Gabriel. Sacré programme.

Tous les candidats n’ont pas ce genre de moyens. Pour être certain que les onze soient sur un pied d’égalité, le CSA exige également que les productions pour le premier tour soient pour moitié réalisées avec les moyens de France Télévisions. Au service public de mettre à disposition ses équipes de tournage, ses studios de tournage et de montage ou encore ses infographistes et de jouer, en prime, le rôle de coordinateurs pour permettre à tout ce petit monde de travailler dans les meilleures conditions.

Autant de réglementations qui feraient croire que la France ne vit pas sur la même planète que les Etats-Unis, où tous les coups sont permis. Pour la seule dernière semaine du duel entre Hillary Clinton et Donald Trump, les groupes de soutiens des deux camps ont dépensé en tout 75 millions de dollars pour des publicités télévisées. L’équipe Clinton a mis sur la table 32,4 millions de dollars. Pas de quoi garantir le succès.

 
Pour simplifier : Marine fait peur, son élection est possible et les "autorités socialistes" craignent que les symboles nationaux ne renvoient un peut trop vers son parti.

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