(Il doit être compris d’une façon impérative que le but n’est pas de mettre en évidence une “trouvaille” [d’un personnage], – sans aucun doute par ailleurs connu, notamment de nombre de nos lecteurs, – encore moins de le glorifier ou toute autre chose de ce genre, mais bien de saisir l’occasion d’un exemple pour détailler une méthodologie de notre travail d’identification des références et des perceptions, et de leurs variations à très grande vitesse au rythme extraordinaire des événements que nous connaissons. Nous détaillons plus loin diverses observations qui mettent en évidence la nécessité d’une telle méthode.)
Si c’est bien entendu l’intérêt des textes qui nous arrête, c’est donc aussi, et certainement comme une raison supplémentaire d’importance, le personnage lui-même, l’avocat franco-israélien Gilles William Goldnadel. Juif bien entendu, souvent considéré comme sioniste avec tous les soupçons qui vont avec et même étiqueté comme “neocon” français dans les années 2000 (voir son Wikipédia), Goldnadel n’eût certainement pas été, en 2005 ou en 2010, voire même jusqu’en 2013-2014, précisément de notre tasse de thé. Aujourd’hui, à lire ses textes, par ailleurs dits et écrits dans un style remarquable qui nous redonne du cœur à l’ouvrage et nous permettent de nous reposer du mâchouilli glaireux qui constitue la langue véhiculaire-vernaculus de la barbarie postmoderne, il n’y a quasiment rien qui ne soit de notre cause et de notre combat dans les conceptions structurelles (quelles que soient les jugements parcellaires sur tel ou tel aspect d’une politique, telle ou telle question politique). Nous parlons bien de conceptions structurelles et il est vrai, et ceci expliquant cela ô combien, que le combat, en deux années d’une rapidité époustouflante, a totalement changé de forme en changeant d’enjeux et d’objectifs, ou plutôt en découvrant décisivement ses vrais enjeux et ses véritables objectifs qui sont effectivement du domaine fondamental des conceptions structurelles.
Ce combat-là, le seul qui vaille en vérité parce qu’il est évident que nous approchons des termes essentiels de la Grande Crise, n’a plus rien à voir, ni avec la géopolitique, ni, surtout pas, avec l’idéologie, ni, surtout-surtout pas selon nous avec l’apparence des affrontements de religion. (En effet et sur ce dernier point, tout ce qui est dit aujourd’hui pour ou contre l’islamophobie ou l’islamisme n’implique pas vraiment l’Islam en tant que tel et en tant qu’éventuelle “question religieuse”, toujours selon nous, mais d’abord et essentiellement l’attitude des élites-Système vis-à-vis de phénomènes divers issus d cette problématique liée à la question de la religion, dont la question des réfugiés, la structure des nations, le communautarisme, l’identité, le globalisme, etc., et les anathèmes utilisés comme armes de dissolution massive de la pensée, tels de l’antiracisme, de la xénophobie, etc.)
Au contraire et de façon bien différente lorsque cela est dit pour ce que cela est véritablement, ce combat-là a tout à voir avec l’affrontement suprême entre la “barbarie intérieure” (voir Jean-François Mattéi) et la résistance qui lui est opposée, entre l’informe et la forme, entre la dissolution entropique et la structuration principielle... Enfin, pour faire bref selon notre “arsenal dialectique”, entre Système et antiSystème, c’est-à-dire aussi bien modernité/postmodernité versus Tradition dans le sens le plus ample et le plus riche du concept.
Nous interprétons, bien sûr, comme nous sommes conduits de le faire à nos risques et périls dans notre démarche puisque nous assumons des choix, car Goldnadel, qui a ses sujets pour l’occasion, ne nous entretient pas ici directement de ces questions. (Nous ne doutons pas qu’il s’y intéresse, certes.) Simplement nous voulons d’abord mettre en évidence combien et à quel rythme toutes les références se volatilisent, se transforment et se transmuent, combien ce qui nous paraissait important hier devient secondaire aujourd’hui ; combien, par exemple et pour prendre un cas qui doit venir à l’esprit avec Goldnadel, même ceux qui ont toujours milité contre l’action d’Israël vis-à-vis des Palestiniens, même s’il leur en coûte et même s’ils gardent cette cause dans l’esprit, devraient loyalement reconnaître s’ils se jugent eux-mêmes antiSystème, que la cause telle que nous l’interprétons ici conduit à ranger tous ces engagements, quelques cruels que soient les comportements dénoncés, dans un domaine secondaire ; tant il doit être tenu comme une vérité-de-situation fondamentale que l’affrontement que nous évoquons, Système-vs-antiSystème à son niveau le plus haut qui est de l’ordre du métahistorique, règle tout le reste, impérativement, décisivement.
Il est logique d’être conduit à reconnaître dans les écrits de Goldnadel un être qui est effectivement engagé dans ce combat. Lorsqu’on attaque cette “Bête immonde”, la vraie, qui règne en maîtresse en France dans la bataille des présidentielles, comme son équivalent aux USA durant USA-2016 et la suite, qui se signale par des techniques épouvantables et grossières de subversion absolues de la communication, semblables pour notre cas au persiflage du XVIIIème siècle préparant le “déchaînement de la Matière” de la fin de ce siècle, lorsqu’on l’attaque donc, on participe à la Résistance finale contre le Système et sa finalité déstructurante-dissolvante et entropique. On lutte simplement contre la destruction du monde et la poussée diabolique vers l’entropisation.
Nous considérons que c’est notre travail essentiel, à côté de l’identification et l’interprétation métahistorique des événements qui sont depuis longtemps considérés par nous dans le même registre, de suivre ce tourbillon extraordinaire des références où il est essentiel de situer les uns et les autres, et de nous situer par rapport aux uns et aux autres. Il permet de mieux développer le jugement justement sur “l’identification et l’interprétation métahistorique des événements”. L’ensemble renforce continuellement notre arsenal de communication dans cette immense bataille qui s’effectue effectivement sur le terrain de la communication. On comprendra que ces démarches, qui obligent à constamment modifier le jugement en fonction de la perception, restent extrêmement délicates, qu’elles ne sont pas toujours assurées de la justesse de leurs conclusions, – mais elles sont absolument nécessaires et fondamentales.
Cela bien compris, on verra que les textes de Goldnadel nous ramènent à l’actualité de communication des présidentielles France-2017, au travers des récentes péripéties de Fillon face à l’incroyable et impayable (ou payable assez cher) intervention de l’écrivaine-robotisée (et assez bien programmée-Système, d’une façon générale) Catherine Angot lors de l’Émission Politique de France 2 jeudi dernier ; les “affaires” autour du susdit Fillon ; la pénétration générale de la gauche-caviar-bobo devenue gauche-poireuse du président-poire, l’homme du “cabinet noir” et de la morale qui va avec. On y rencontre, joliment rapportés, quelques aspects de la dictature-Système qui règne aujourd’hui en France, et de l’hystérie extraordinaire, effectivement très semblable à celle qui touche les éléments Soros-parti-démocrate aux USA, et caractérisant la classe de l’entertainment et da geste médiatique qui constitue la première ligne de bataille du Système.
Cela vaut pour le premier texte, repris de Figaro-Vox du 27 mars. Le deuxième texte est une interview de Goldnadel, qui nous permet de mieux connaître le personnage et de reconnaître chez lui nombre de démarches qui doivent être saluées. (Sur le site Breizh-info.com, le 28 janvier 2017, sous le titre : «Gilles-William Goldnadel : “Les journalistes ne peuvent plus escamoter ni la vérité, ni le discours parallèle.” [Interview].»)
dedefensa.org
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Angot, dérive de l'émission politique : l'étrange silence du CSA
Dans l'espace médiatique, il n'est pas bon de geindre quand on n'a pas la bonne tête d'une victime à plaindre. «Conspirationniste» . François Fillon serait conspirationniste. Entendez paranoïaque ou simulateur. Or la conspiration n'a, pour l'heure, pas bonne presse à gauche. Un parano de droite pourrait même se demander s'il n'existerait pas quelque complot ourdi contre le conspirationnisme.
Il faut pourtant constater que la gauche n'a pas toujours détesté spéculer gratuitement sur quelque ténébreuse conspiration. Toute la culture libérale hollywoodienne est basée sur les complots ourdis par la CIA. L'empreinte de l'Agence est partout. Quand ce ne sont pas l'United Fruit en Afrique, ITT au Chili ou Monsanto dans les campagnes canadiennes. En France, la presse ou le cinéma progressistes ne détestaient pas prendre les gaullistes la main dans le SAC. Personne, à Paris comme à New York, ne menace de la camisole ceux qui pensent que le président américain aurait pu être porté au pouvoir avec l'appui du nouveau KGB. Mais il serait interdit, sous peine d'échafaud, d'échafauder à droite. Celui qui signe n'a pas un goût très prononcé pour les explications trop sophistiquées. Mais il sait que la Cagoule n'était pas une créature chimérique.
Même les paranoïaques sont parfois victimes de complots.
Il sait également que le spéculateur Georges Soros-qualifié aimablement la semaine dernière de «philanthrope» par Bernard Guetta sur France Inter dans une émission toute entière dévouée à la haine de Trump, arrose de dollars des centaines d'organisations d'extrême gauche dans le monde pour faire tomber les gouvernements occidentaux qu'il croit devoir détester. La vie est compliquée. Et même les paranoïaques sont parfois victimes de complots.
Ainsi donc le conspirationniste Fillon a prétendu sans preuves qu'il existerait «un cabinet noir» à l'Élysée. La belle affaire.
Au-delà de la métaphore littéraire sombrement colorée, utilisée depuis des mois et de manière circonstanciée par Valeurs Actuelles, le candidat promis à la casserole n'a fait effectivement que reprendre les bonnes feuilles d'un livre à paraître et qui affirme lui aussi de manière documentée l'existence au sein de la présidence de la république, selon ses auteurs, d'une «structure clandestine» «instrumentalisant la police à des fins politiques». L'évocation par Fillon d'un cabinet occulte autant qu'opaque n'est donc pas mal trouvée.
Celui- ci s'en étant emparé pour réclamer opportunément des investigations, voilà que nos auteurs, dont deux aux quatre pieds palmés, cancanent bruyamment, considérant sans doute qu'eux seuls seraient habilités à s'en émouvoir et le candidat de droite, indigne de s'en plaindre.
Pour celui qui s'essaie à demeurer crédible et objectif deux remarques s'imposent cependant:
• François Hollande n'est certainement pas le premier président de la cinquième république à avoir utilisé les moyens d'État à sa disposition pour arranger ses amis ou nuire à ses adversaires.
• François Hollande n'est certainement pas le premier président de la cinquième république à avoir, selon cette hypothèse, utilisé les puissants moyens d'État à sa disposition pour tenter d'arranger ses amis ou nuire à ses adversaires.
Ce qui choque davantage, c'est lorsque la gauche morale se drape, selon son habitude vestimentaire habituelle, dans la vertu offensée pour le contester. Un peu comme cette ministre de la justice iconique qui jurait qu'elle ignorait ces écoutes téléphoniques entre un ancien président et son avocat, qu'elle tenait, comme l'innocent du proverbe, à pleines mains.
• François Fillon n'a pas trouvé dans un cabinet noir ces trois complets gris dont il n'est pas interdit de penser qu'ils ne sont pas bien séants.
Une fois donc qu'il est écrit que la thèse d'une officine n'a rien a priori de fantasmagorique, et qu'elle semble accréditée par certains éléments, il convient surtout d'écrire qu'un pouvoir de gauche duplice voit sa force décuplée non par une machination mais par des outils aux rouages purement mécaniques.
Il ne suffit pas en effet de vouloir instrumentaliser la justice ou les médias, encore faut-il le pouvoir utilement.
Depuis que Mme Taubira a placé sans protestations à la chancellerie, dans certaines juridictions, au Parquet National Financier des magistrats souvent issus d'un syndicat idéologiquement conforme, la chose est plus facile. Nul besoin d'une machination, l'intervention réflexe est machinale. Automatique et expéditive.
Depuis que le service public est aux mains de l'idéologie gauchisante, nul besoin pour un cabinet noir d'avoir à insister pour répandre quelques informations désagréables pour l'adversaire.
Depuis que le service public audiovisuel de l'information est impunément aux mains de l'idéologie gauchisante, il n'est nul besoin pour un cabinet noir d'avoir à insister pour répandre quelques informations désagréables pour l'adversaire, l'assistance sera empressée autant que mécanique.
Ainsi on peut s'étonner que David Pujadas, ordinairement mieux inspiré, ne se soit soucié que de faire taire le public mais jamais d'installer un dialogue entre Christine Angot et François Fillon. Madame Angot refusant explicitement de débattre et installant une atmosphère de tribunal révolutionnaire devant des téléspectateurs encore sidérés de tant de violence et de parti pris.
Ayant écrit cela, celui qui exhorte depuis toujours les adversaires de l'idéologie sommaire à mener le combat culturel, en veut moins à la gauche d'avoir utilisé les rouages du pouvoir intellectuel, médiatique et judiciaire qu'à la droite de s'en être souverainement désintéressé.
Lorsque la gauche l'a fait, elle l'a fait aussi par conviction. Lorsque la droite ne l'a pas fait, elle ne l'a pas fait en raison d'un individualisme bien proche de l'égoïsme.
Rien qu'un exemple, parmi des milliers. Touchant au CSA qui est devenu une machine à censurer sélectivement. Hier, c'est lui qui avait sonné la charge contre Georges Bensoussan, reprise par les organisations antiracistes dévoyées. Depuis, on le sait heureusement relaxé.
Aujourd'hui, voilà le tranquille Jean-Pierre Pernaut de TF1, morigéné pour avoir, entre un sujet sur les SDF et un autre sur les migrants osé lancer: «Voilà, plus de places pour les sans-abri, mais en même temps les centres pour migrants continuent à ouvrir partout en France».
On avait connu pire insanité nullement sanctionnée. L'appel de Ruquier à assassiner un président américain. Ou ces phrases dénoncées au CSA par l'un de mes correspondants qui m'a demandé de m'en saisir.
Nous sommes le 24 novembre. Mon correspondant, fondateur d'un des plus importants instituts de sondages, est dans sa voiture à écouter France Inter. Il est 11h30. Parmi quelques saillies: à propos des candidats Fillon et Poisson: «pour prouver lequel des deux est le plus catholique, ils vont se faire sucer par des gosses».
Et encore: «… C'est comme le ver solitaire, quand on a fait le con pendant cinq ans, il part du Fillon quand tu arrives à chier».
Le citoyen- auditeur-contribuable de cette radio de service public a recommandé son courrier au président du CSA qui ne lui en a pas encore accusé réception après quatre mois. Sans doute considère-t-il qu'à 11heures et 30 minutes du matin il était impossible qu'un enfant écoute la première antenne radiophonique nationale.
Mais ce citoyen a également adressé copie de sa missive indignée à la présidente de la Haute Autorité de la primaire de la droite.
Qui a traité l'avertissement avec la même indifférence.
Il est terrible de vivre dans un cabinet noir.
Gilles-William Goldnadel
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Interview de Gilles-William Goldnadel
Gilles William Goldnadel est un avocat franco-israélien, essayiste, polémiste – on le retrouve très souvent dans Le Figaro ou Valeurs Actuelles – mais il est aussi président de l’association France Israël. Il est également, en 2011, l’auteur de « Réflexions sur la question blanche » un livre particulièrement remarqué.
On le retrouve enfin fréquemment dans l’émission de RMC « Les Grandes Gueules » dans laquelle il n’est pas réputé pour garder sa langue dans sa poche. Récemment, il a pris la plume pour dénoncer le lynchage médiatique subit par Donald Trump ou encore l’hypocrisie, à gauche, concernant le débat sur l’immigration.
Nous l’avons interrogé à ce sujet – ayant évoqué dans nos colonnes ce lynchage médiatique de Trump et la diffamation sans preuve dont il a été victime – le temps d’un long entretien audio retranscrit ici dans lequel Maître Goldnadel – avec un parler comparable à celui du talentueux Fabrice Lucchini – évoque les Etats-Unis, la tyrannie médiatique, mais également la liberté d’expression, les lois mémorielles, la communauté juive …
Entretien sans langue de bois !
***
Breizh-info.com : Que pensez-vous des premiers jours de Donald Trump à la tête des Etats-Unis et des premiers signes qu’il a montré ? Comment expliquez-vous le lynchage médiatique dont il est à nouveau victime au sein de la presse française ?
Gilles William Goldnadel : D’abord, ce lynchage médiatique me parait être un lynchage idéologique, ce qui n’est en rien étonnant par rapport à une presse française qui se distingue particulièrement non pour le respect scrupuleux des faits, mais parce qu’elle a toujours une conduite idéologique ; en l’espèce une conduite idéologique de gauche. D’une certaine manière, le nouveau président élu correspond très exactement à tout ce qu’elle déteste, et notamment, je crois que c’est l’élément le plus central, en ce qu’il incarne d’une part la défense de l’Occident, d’autre part dans le refus d’une presse idéologisée.
Si elle ne le détestait pas, elle ne serait plus elle-même. Il est extrêmement tôt pour donner un avis sur la manière dont il agit ; on voit bien, ce qui est assez étonnant en la matière, qu’il a l’air de respecter scrupuleusement son programme, en tout cas dans ses dispositions principales. Notamment en ce qui concerne l’Obamacare. Et d’autre part l’attaque frontale contre la presse. Mais l’honnêteté m’oblige à dire qu’il ne s’agit que d’une contrattaque, puisqu’il est très clair que huit jours avant qu’il soit intronisé, les médias qui disent pourchasser la post-vérité, colportaient des informations invérifiables sur sa sexualité. Et que le jour J de son intronisation, les mêmes médias diligentaient déjà une procédure, si j’ose dire, en invalidité, en illégitimité, ce qui est quand même remarquable.
Il a décidé de faire de sa faiblesse médiatique une force, et de déclarer une contre guerre aux médias, plutôt que de s’escrimer vainement, et de tenter de les amadouer. L’avenir dira s’il peut tenir ainsi et/ou si les médias eux-mêmes, éloignés de la Maison Blanche en principe en Amérique le cœur même de l’information politique contrairement à la France, si les médias peuvent tenir ainsi. Ça commence très fort.
Breizh-info.com : La perspective des élections à venir ne semble pas intéresser particulièrement les foules. Le système politique français n’est-il pas totalement sclérosé ? Y’a-t-il des candidatures particulières qui provoquent chez vous un sentiment de nouveauté ou d’inconnu, comme ça peut être le cas aux USA justement ?
Gilles William Goldnadel : Non. Je vous mentirai en disant que l’offre politique me plonge dans un sentiment d’exaltation intellectuelle. Le monde politique français me parait caractérisé par une absence assez générale de vision. C’est ainsi. Je crois qu’aujourd’hui en France, on procède beaucoup par un choix par défaut. On prend celui qui nous apparait être le moins mauvais et on écarte celui qui nous inspire le plus de détestation.
Je ne suis pas sûr que ce soit ainsi qu’on peut sortir de l’immense dépression politique dans laquelle notre pays est plongé.
Breizh-info.com : Vous vous êtes étonné publiquement que pas un journaliste n’évoque la question de l’immigration lors de la primaire de la gauche et des débats entre candidats. Est-ce encore un sujet tabou en France ?
Gilles William Goldnadel : Oui. C’est un sujet tabou au sein de l’univers médiatique convenu. Le débat sur l’économie entre les deux pôles qui s’opposent au sein du PS était normal. Mais qu’aucun des journalistes n’ait eu à cœur de poser les questions sur l’un des éléments les plus centraux et au dire même maintenant des sondages, l’élément principal de ce qui inquiète les Français, à savoir la question de l’immigration, des migrants et de leurs conséquences en terme sécuritaire, économique, identitaire, montre à quel point les préoccupations des Français ne les intéressent pas. Et j’ai du mal à croire qu’il ne s’agit que d’une simple omission.
Je pense que d’une certaine manière, récurrente, l’idéologie médiatique veut reprendre la main. Au fur et à mesure qu’on s’éloigne pour le moment, du temps des attentats – qui ont été un moyen exceptionnel de catharsis pour le peuple français – les vilaines habitudes d’escamotage des faits des préoccupations des français reviennent très vite, extrêmement vite. C’est la dictature des émotions. Il est loin déjà le temps de Charlie Hebdo, de l’Hyper Casher, du prêtre catholique égorgé, il est déjà loin.
Vous remarquerez que le lendemain de l’élection de Donald Trump, le NY Times faisait amende honorable ; il promettait qu’il s’intéresserait davantage aux faits, plutôt qu’à l’idéologie…il est vite revenu à ses mauvaises habitudes. Je crois que c’est pareil en France, sauf que – et ils n’y peuvent mais – l’information parallèle, qu’ils détestent, et qui contient le meilleur comme le pire, c’est vrai, fait qu’ils ne peuvent plus escamoter la vérité, et le discours parallèle.
Alors ils peuvent trépigner, faire ce qu’ils veulent, ils ne peuvent plus. C’est une situation nouvelle, exceptionnelle. Ils peuvent toujours pester contre ce qu’ils appellent « la fachosphère », vous remarquerez qu’ils sont beaucoup moins agacés par l’islamosphère, ou par la gauchosphère, ce qui dénote déjà une orientation particulière. C’est ainsi.
Breizh-info.com : Avez-vous lu le dernier éditorial de Lutte Ouvrière accusant le NPA et d’autres organisations de gauche et d’extrême gauche de positions ambigües vis à vis de l’islamisme sous couvert de lutte contre l’islamophobie ? Pourquoi cet islamophilie à gauche selon vous ?
Gilles William Goldnadel : Pour deux raisons : l’une de fond, l’autre d’opportunité. Ce qui caractérise l’extrême gauche et une partie de la gauche française – même si LO fait plutôt exception – c’est la détestation de l’occident, et par conséquence, un mot dont j’ai inventé le nom, la xénophilie. La préférence pour l’Autre, ce qui fait que l’on en arrive à détester l’occidental, et le blanc. Dans mon livre «réflexion sur la question blanche» j’évoque ce phénomène, qui part du choc de la Shoah. Un choc qui fait que l’Occident s’est détesté lui-même, et a sans doute détesté le blanc car Hitler était blanc. C’est un choc traumatique qu’on n’imagine pas et qui est bien plus fort encore que le choc colonial. C’est ce qui caractérise fondamentalement la gauche et l’extrême gauche.
Plus prosaïquement, avec la disparition de la classe ouvrière – et le fait qu’aujourd’hui, ce qu’il en reste se tourne davantage vers le FN que vers la gauche – M. Besancenot et consorts regardent avec concupiscence, l’immigré, notamment islamique, comme une sorte de lumpenproletariat dont il pourrait utiliser les bras, les pieds, pour manifester, pour faire rêve, pour tout ce que vous voulez.
L’histoire montre en vérité que leur stratégie est une petite stratégie – j’inclue la CGT de M. Martinez dedans. Ils se sont conduits comme des idiots utiles de l’islamisme. Ce ne sont pas eux qui ont circonvenu l’immigration islamique, ceux sont les islamistes qui sont en train de circonvenir et de convertir ce qui reste de l’extrême gauche.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir devenir avocat ? Vous qui êtes un farouche partisan de la liberté d’expression, pensez-vous qu’il faille abolir les lois Pleven, Taubira, Fabius-Gayssot qui restreignent cette liberté d’expression et donc le débat politique en France, notamment sur la question de l’immigration ?
Gilles William Goldnadel : Je pense que ce qui m’a fait vouloir devenir avocat c’est ma passion – en utilisant la parole et l’écrit – pour défendre les gens sans défense. Dans les circonstances les plus compliquées et les plus difficiles. Je ne peux pas supporter le lynchage médiatique.
C’est vrai que la défense de gens en matière de droit pénal financier – contrairement à ce qu’on pense et en raison d’une partie de l’idéologie de la magistrature – est également quelque chose d’extrêmement compliqué.
Pour vous dire la vérité, je ne sais pas ce que j’aurai pu faire d’autre (rires), mais en tout les cas c’est vrai que ce qui me caractérise – sans aucun plaisir de la provocation ou d’être à contre courant, ce qui serait pour moi une posture et je déteste l’imposture de la posture – c’est de défendre les hommes seuls contre le lynchage médiatique, contre la pensée convenue.
Par rapport à votre deuxième question, vous me trouvez dans un embarras intellectuel dont je n’arrive pas à sortir. J’observe que les excès de l’antiracisme de pacotille, l’idéologie d’une partie du corps de la magistrature, font que en tout état de cause, les jugements rendus sous l’empire de la diffamation raciale, provocation à la haine, et encore davantage sur le révisionnisme se sont dilués. Vous remarquerez que le procès Bensoussan n’intéresse plus personne; Idem pour les attaques visant Pascal Bruckner.
J’ai toujours été opposé aux lois mémorielles. J’étais et je suis toujours contre la loi Gayssot – qui porte en plus le nom d’un communiste, c’est tout dire – et lorsque j’ai fait condamner Garaudy, je l’ai fait sur le terrain de la diffamation raciale et pas de la loi Gayssot. La loi Taubira sur l’esclavage est une horreur absolue à mes yeux car elle-même a expliqué qu’il fallait combattre uniquement la traite transatlantique et non la traite arabique parce qu’il ne fallait pas désespérer les banlieues.
Quand on est à ce point ridicule de l’idéologie, on voit comment on a voulu politiser toutes ces lois. Oui, j’y suis opposé.
Là où vous me trouvez dans l’embarras intellectuel, c’est que je m’oriente plutôt vers le système américain, avec le premier amendement qui fait que tout serait autorisé. Mais en même temps, je ne m’empêcherai pas de vous dire qu’on est dans un système en France, et notamment aujourd’hui bien plus dans le cadre de l’antisémitisme islamique que de l’antisémitisme de la bonne vieille extrême droite, où malgré tout, celui qui vous parle n’est pas le plus mal placé pour vous le dire, les insultes raciales (anti noirs , blancs , arabes , chinois etc.) et antisémites sont particulièrement nombreuses.
Donc c’est compliqué également d’abandonner le citoyen à subir sans aucun contrôle juridique. La contestation de la Shoah est aujourd’hui un sport notamment islamique – mais pas seulement – permanent. C’est compliqué, mais des deux maux il faut sans doute choisir le moindre ; et laisser la justice aux mains des professionnels du pseudo anti racisme, c’est quelque chose auquel je ne peux plus me résoudre.
Breizh-info.com : Vous êtes très engagé aux côtés de la communauté juive en France, et en faveur d’Israël. Y’a t-il vraiment « une communauté juive » que la presse évoque à chaque fois comme si elle ne faisait qu’un ? Et si elle existe vraiment, y’a t-il aujourd’hui une fracture au sein de cette communauté, entre ceux qui se méfient d’une forme d’islamisation en France liée à l’immigration, et ceux qui l’accompagnent publiquement de leurs vœux au nom, notamment, du dialogue intercommunautaire et inter-religieux ?
Gilles William Goldnadel : D’abord, je voudrais vous corriger. Je ne pense pas être très engagé au sein de la communauté juive. Je ne suis pas un communautaire. Je préside par exemple l’association France – Israël, qui n’est pas une association juive. Ses membres sont d’ailleurs loin d’être tous juifs. Elle n’est pas confessionnelle.
Lorsque j’ai succédé au Général Darmon, j’ai inventé un slogan qui explique à lui tout seul mon corpus de pensée politique : « Lorsque je défends Israël je défends la France et lorsque je défends la France je défends Israël ». Je suis un défenseur déterminé de l’État-Nation occidental.
Lorsque j’ai pris cette association en main, l’État-Nation occidental le plus attaqué était Israël. J’avais alors à cœur de défendre davantage ce pays. Mais au fil des années, j’ai constaté qu’aujourd’hui, dans mon esprit, la défense de la France, de son existence, de ses frontières, de son identité est aussi essentielle que la défense d’Israël. Et donc ce slogan était valable par les deux bouts.
J’ai beaucoup d’amis non juifs qui me disent « vous avez de la chance, si y a quoi que ce soit vous avez encore votre état ». On comprend ce que cela veut dire ; je ne récuse pas une part de tribalité chez moi, mais je ne suis pas, par la force des choses, que le défenseur de l’État d’Israël, et mon identité est une identité double, attachée intellectuellement, charnellement, politiquement, aux deux patries qui composent l’association que je préside.
Bien entendu qu’il existe une communauté juive, qu’elle est nombreuse en France, qu’elle se caractérise par son double attachement. Il est vrai aussi – et je l’ai combattu dès le départ – que la communauté juive organisée au sein de laquelle la gauche est surreprésentée a été dominée par de mauvais bergers qui ont été les complices discrets, distraits, désinvoltes de l’immigrationnisme. Cette communauté juive organisée ne doit pas être absolument confondue avec la communauté juive que personne ne représente et qui est plurielle.
Avec, pour la communauté organisée tout de même, cette circonstance atténuante qu’il y avait le traumatisme de la Shoah, qu’ils pensaient que le nazisme venait seulement de l’extrême droite, qu’ils ont été redoutablement pris en main par le PS et le PC. Mais enfin, quelles que soient les circonstances atténuantes, il n’empêche qu’ils ont été les complices, alors même qu’à l’époque ils avaient un magistère intellectuel et politique important, de l’immigrationnisme.
Et la triste ironie de l’histoire fait qu’ils en sont les premières victimes. Mais je le disais déjà il y a trente ans ! Mais encore une fois, ne confondez pas la communauté juive organisée avec la communauté juive qui, en tout état de cause, est totalement vaccinée contre cela.
L’un des premiers articles que j’ai commis dans Le Figaro était pour défendre Giscard d’Estaing qui avait suscité l’indignation générale pour avoir osé dire que les Français considéraient l’immigration comme une invasion. Cet article était une adresse à ma communauté d’origine dans lequel je disais ne pas accepter que cette communauté puisse être d’un réalisme d’acier lorsqu’il s’agissait d’Israël et d’un angélisme de plume lorsqu’il s’agit de la France. Et qu’il m’était insupportable d’entendre « Israël doit avoir des frontières, une armée, une police, pas de droit au retour pour les Arabes qui submergeraient démographiquement l’État Juif » – tout cela étant vrai – et pour la France « bah c’est pas grave, ça mange pas de pain, les frontières ça sert à rien, la police c’est uniquement la répression.».
Ça a été d’une immense sottise et moi j’étais révulsé.
Vous voyez bien que ma pensée politique n’est pas circonstancielle, ni opportuniste. Elle est ancienne et j’ai la faiblesse de penser qu’elle est structurée.
Breizh-info.com : Y’a-t-il des films, des livres, qui vous ont particulièrement marqué récemment et dont vous voudriez faire part à nos lecteurs ?
Gilles William Goldnadel : Je lis 5 livres en même temps vous savez. (rires).
J’ai été marqué par deux livres de deux personnes que j’ai l’honneur de défendre : La cause du peuple de Patrick Buisson et Les Cloches sonneront elles toujours demain ? de Philippe de Villiers. Je suis extrêmement cinéma, et notamment cinéma néo réaliste italien. Je peux vous citer encore le livre qui vient de sortir aux éditions du Rocher Le cinéma italien d’un de mes amis, Georges Ayache.
Yann Vallerie et Gilles-William Goldnadel
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