18 mars 2017

Fusillade de Grasse : l'auteur voulait se venger...


Le jeune lycéen de Grasse qui a fait feu jeudi dans son établissement, blessant plusieurs personnes, a expliqué aux policiers qu'il voulait s'en prendre à des élèves sur qui il faisait une fixation.

Dans le huis clos de sa garde à vue à la police judiciaire de Nice, Killian, 16 ans, s'explique, longuement, méthodiquement sans chercher à esquiver sa responsabilité. L'auteur de la fusillade du lycée Tocqueville à Grasse (Alpes-Maritimes) ne semble cependant pas avoir pris conscience de la gravité de son geste, contrairement à ses parents décrits comme «effondrés» de source proche de l'enquête.

Jeudi, Killian a ouvert le feu — on a dénombré entre 10 et 20 tirs — dans son lycée faisant une dizaine de blessés légers, dont le proviseur, touché au bras. Le comportement héroïque de ce dernier a permis d'éviter un drame. Pour les enquêteurs, le mobile ne fait plus de doute. C'est bien la vengeance qui aurait donné à l'adolescent l'envie de s'en prendre à plusieurs de ses camarades sur lesquels il faisait une fixation.

Son meilleur ami interpellé

Killian aurait emprunté ses armes — un fusil de chasse, un pistolet d'alarme et un revolver de calibre 22 long rifle — à son père et à son grand-père. Quant à son explosif artisanal, composé de poudre noire, il n'a pas fonctionné. L'adolescent a-t-il bénéficié de complicités ? Vendredi en garde à vue, il avait à coeur de dédouaner son meilleur ami, Lucas, arrêté à la mi-journée après un appel à témoins. Les enquêteurs veulent cerner le type de relations qu'il entretenait avec cet ancien camarade de collège de son âge.

Vendredi, alors que le lycée Tocqueville était fermé, de nombreux élèves ont souhaité revenir sur le théâtre de la fusillade de la veille. «La nuit n'a pas été facile, les événements sont ancrés dans ma mémoire, admet Mathilde, 17 ans, élève en terminale L. J'entends encore le bruit, les hurlements, les consignes pour se sauver. Ça va me faire du bien de me confier, d'être écoutée.» Pour cette matinée forcément particulière, une cellule d'aide psychologique a été mise en place.

Des psychologues à l'écoute des lycéens

Blessée, une élève de 1reS a, elle aussi, tenu à reprendre le chemin de Tocqueville. «Même si j'avais bien senti un léger impact sur ma jambe, c'est en arrivant chez moi que j'ai découvert cinq traces de plomb. Je n'ai rien de grave mais ça me fait bizarre de me dire que, s'il avait eu une autre arme, je ne serais peut-être plus en vie... Pour l'instant je ne ressens pas le besoin de voir une psychologue, mais je pense que je ne réalise pas encore.»

Valentine, scolarisée en 1reS aussi, a trouvé les bras et les mots réconfortants de l'infirmière en arrivant vendredi. «Elle m'a vue en pleurs et m'a invitée à en parler dans son bureau. Ça m'a fait du bien», confie-t-elle. Elle était dans la même classe que Killian l'an dernier. «Il était isolé, tout le temps dans sa bulle et très peu bavard, souligne Valentine. Mais je ne m'attendais absolument pas à un tel geste de sa part. J'imagine qu'il devait se sentir très mal dans sa peau.» Plusieurs parents ont accompagné leurs enfants. «De prime abord, ma fille a l'air bien, mais c'est évident que ça doit bouillonner à l'intérieur, souffle Michel. Elle était presque en première ligne, elle a vu les douilles et le sang devant la porte de sa classe. J'aimerais bien qu'elle voie un psy.»

Alors que la préfecture a promis vendredi de renforcer la sécurité des établissements scolaires des Alpes-Maritimes, certains parents comme Samira réclament des fouilles de sacs, voire des portiques. «Ce ne serait vraiment pas pratique, maugrée Marine, 17 ans. Si on met des portiques ça va créer des bouchons à l'entrée.»

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