27 février 2017

Voitures-radar privatisées : inquiétante expérimentation en Normandie



Depuis le 24 février, les premières voitures-radar autonomes conduites par des agents d’une société privée sont testées en Normandie. Une privatisation inquiétante qui devrait être généralisée le 1er septembre 2017. La porte ouverte à toutes les dérives ?


Le 24 février a débuté, autour d’Evreux (27), une phase d’essais des voitures-radar de nouvelle génération. Surtout, ces voitures sont, pour la première fois, confiées à des prestataires privés, eh oui ! Pour l’instant, il ne s’agit que d’un test.

Mais la Sécurité routière explique que « ce test de plusieurs mois est destiné à permettre l’homologation du nouveau système et ne donnera lieu à aucune contravention. » On est heureux de l’apprendre… Autre précision donnée par la Sécurité routière : « Des marges de tolérance supérieures ont été retenues : 10 km/h en plus de la vitesse autorisée, ou 10 % selon ce qui est le plus favorable au contrevenant »… 

 Le véhicule lit les panneaux tout seul et le chauffeur privé ne peut savoir si le flash s’est déclenché. Son seul travail consiste à suivre l’itinéraire préprogrammé pour chaque mission. Selon le gouvernement. (Photo DSCR)

La première voiture-radar conduite par un opérateur privé prendra la route à partir du 1er septembre 2017, toujours en Normandie. Le dispositif sera ensuite progressivement étendu aux autres régions. 

Des conducteurs privés au volant !

Le gouvernement veut, dit-il, « libérer du temps de travail pour les forces de l’ordre (équivalant à 400 emplois à temps plein) ». Il veut également faire tourner ces voitures beaucoup plus : 8 heures en moyenne quotidienne, contre un peu plus d’une heure aujourd’hui.

Il a donc décidé de faire conduire les voitures-radar par des conducteurs privés ! Ceux-ci prendront le volant en suivant un parcours prédéfini par l’Etat « en fonction des critères d’accidentalité locale », explique la Sécurité routière. Qui précise : « Les trajets ne seront en aucun cas laissés à la libre appréciation des entreprises ou de leurs conducteurs. » Jusqu’à quand… ?

Encore aujourd’hui, les voitures capables de relever les infractions sont conduites par un agent de police ou un gendarme. Il est assisté par un autre agent qui s’occupe d’entrer les donnés dans l’ordinateur (vitesse, route, itinéraire…). Demain, une seule personne sera dans la voiture, le conducteur, puisque les véhicules flasheront de manière autonome.

Dans les semaines à venir, une sélection pour designer les prestataires régionaux va donc avoir lieu.
Une privatisation inquiétante et très critiquée

« En aucun cas, les entreprises [privées sélectionnées] ne seront rétribuées au nombre d’infractions enregistrées », martèle la Sécurité routière. Oui, mais les flashes, eux, seront beaucoup plus nombreux (potentiellement beaucoup plus, puisque la durée d’utilisation sera huit fois supérieure).

Depuis longtemps, l‘association 40 millions d’automobilistes dénonce ce système de voitures-radars autonomes privatisées. En effet, Pierre Chasseray, son délégué général, affirme que cette mesure a vu le jour uniquement pour servir les intérêts de l’Etat. Il ajoute : « Après une telle mesure, que l’on ne vienne plus me dire que les radars ne sont pas sur les routes pour l’argent ».

40 millions d’automobilistes a évalué « à 2,2 milliards d’euros le potentiel de verbalisation de ces 440 voitures utilisées huit heures par jour ». Et a récemment lancé une manifestation numérique contre la privatisation. 400 000 personnes ont déjà « manifesté ».

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