21 février 2017

Sud-Ouest : la perspective d’une sécheressesemble est inévitable


La pluie s’est raréfiée depuis septembre dernier et si la situation perdure, la perspective d’une sécheresse l’été prochain semble inévitable. La situation des cours d’eau est notamment "préoccupante".

Depuis le début du mois de septembre, la Nouvelle-Aquitaine est au régime sec. Dans certains départements de la région, principalement ceux du Nord, le déficit de pluie atteint la barre des 50%. Si cette absence de précipitations n’est généralement pas pour déplaire aux badauds avides de promenades sous le soleil, elle est qualifiée de "préoccupante" par les spécialistes de la ressource en eau.

Pour le moment, la situation n’est toutefois "pas catastrophique", expliquent des responsables de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) et de la Direction départementale des territoires et de la mer de la Gironde (DDTM33). Mais elle pourrait le devenir rapidement si cette sécheresse se prolonge jusqu’en avril, mois où la végétation, gourmande en eau et actuellement en sommeil, se réveille. "On prie un peu pour que le printemps permette de compenser ce déficit pluviométrique", admet Hervé Servat, directeur adjoint de la DDTM33.

Un déficit de pluie généralisé

A Météo France, on qualifie le déficit de pluie observé depuis septembre dans la région "d’assez important", avec un dégradé du Nord au Sud. "Les plus gros déficits de précipitations se trouvent dans les Deux-Sèvres et en Charente-Maritime, note Gaëtan Heymes, chef prévisionniste au sein de la station régionale de Météo France, à Mérignac. La situation est plus conforme à la normale dans les Pyrénées-Atlantiques".

Dans le détail, le manque de pluie atteint en moyenne 50% dans les Deux-Sèvres, 49% en Charente-Maritime, 42% en Gironde, 40% en Charente et dans la Vienne, 36% en Dordogne, 30 à 35% dans le Limousin, 34% dans les Landes, 30% en Lot-et-Garonne et 18% dans les Pyrénées-Atlantiques.

À Niort, par exemple, le déficit de précipitations ces six derniers mois est le plus important depuis 1960, avec 223 millimètres de pluie contre 235 millimètres lors de l’hiver 1988–1989. La moyenne habituelle, elle, est de 480 millimètres… Dans le reste de la région, aucun record n’est tombé mais les chiffres sont parfois remarquables : 258 millimètres ont été comptabilisés à Bordeaux contre 529 en temps normal, 200 à La Rochelle (contre 443 en moyenne), 359 à Mont-de-Marsan (contre 472) et 419 à Pau (contre 544).

"Cette situation est préoccupante dans la mesure où on a un vrai déficit de pluie, reprend Gaëtan Heymes. Après, ça s’est déjà vu dans le passé et le fait d’avoir des hivers plus ou moins secs fait partie de la variabilité naturelle du climat. Ce sont des situations connues".

Les nappes profondes épargnées

Les conséquences d’une telle absence de précipitations s’évaluent à différents niveaux. Plusieurs types de nappes phréatiques existent et toutes ne se rechargent pas de la même manière. Les nappes les plus profondes, celles dont dépend essentiellement la ressource en eau potable, ne sont pas directement menacées par un manque ponctuel de pluie.

"Ces nappes profondes ne dépendent pas de la pluviométrie annuelle, explique Hervé Servat. On est sur une gestion sur plusieurs années, avec une eau qui a plusieurs siècles". Pas d’inquiétude, donc, mais une vigilance.

"Toutes les nappes de la région sont à la moyenne ou en-dessous, très peu sont au-dessus, ajoute Franck Beroud, chef du département eau et ressources minérales à la DREAL. Sur le nord de la région, dans l’ex-Poitou-Charentes, on a 7% des nappes au-dessus de leur niveau moyen interannuel, 73% des nappes sont en-dessous du niveau moyen et moins de 15% sont dans une situation préoccupante. C’est à peu près la même chose dans le sud de la région mais d’une façon moins grave. Donc on n’est pas dans une situation catastrophique."

Les cours d’eau inquiètent

Ce qui inquiète réellement les experts, c’est le niveau des différents cours d’eau de la région et l’état des nappes alluviales qui alimentent chacun d’eux. "On est dans une situation possiblement préoccupante pour cet été mais on ne le saura vraiment que dans un mois, relativise Franck Beroud. Si on a beaucoup de précipitations dans les 30 à 45 jours qui viennent, on sauvera la saison. Si le manque de pluie continue, on ira vraiment vers des difficultés…"

Pour évaluer l’état des cours d’eau tels que la Garonne, l’Adour, la Charente ou encore la Dordogne, les spécialistes se fient au débit. Là, ils constatent que la faiblesse des précipitations est proche de celles d’une "année quinquennale sèche". "Cette année quinquennale sèche (AQS), c’est une année sèche que l’on observe en moyenne deux fois tous les dix ans, avance le responsable de la DREAL. Là, on a des débits qui sont proches de cette AQS mais quand même encore au-dessus. Donc la situation est préoccupante mais pas encore catastrophique".

Concernant la Garonne, Hervé Servat ne cache pas une certaine anxiété. "Si on n’a pas un printemps pluvieux, on risque d’avoir un souci pendant l’été. Les barrages pyrénéens sont mal remplis, le manteau neigeux est peu important et comme on n’a pas eu de crue importante cet hiver, on a un niveau de la Garonne plutôt en-dessous de la normale. On est à moins 30 cm à certains endroits, moins 60 cm sur d’autres… Donc on peut avoir quelques inquiétudes."

Des réserves mal en point

L’autre aspect qui préoccupe les spécialistes concerne l’état de remplissage des réserves. "Ce sont les retenues d’eau qui se remplissent l’hiver et qu’on utilise l’été pour soutenir le débit des cours d’eau et pour les prélèvements", précise Franck Beroud. Il s’agit notamment de l’eau qui permet l’irrigation naturelle.

Ces réserves, après des mois de sécheresse, sont dans une situation critique. "La situation de remplissage des réserves sur le bassin de l’Adour est de 44%, reprend-il. Sur le bassin de la Neste, il est de 35 à 40%, sur le Dropt, c’est 49%… Grosso modo, on est à moins de la moitié de remplissage sur l’ensemble de la région alors qu’habituellement, si l’automne a été suffisamment pluvieux, elles sont à 100%".

"La situation est tout de même encore rattrapable. Les bassines peuvent se remplir en quinze jours"

Pour pousser, la végétation puise dans les "eaux de surfaces" qu’alimentent notamment ces réserves. Si les sols, actuellement très secs, ne se rechargent pas en humidité d’ici le début du printemps, alors la situation pourrait être problématique. "La situation est tout de même encore rattrapable, rassure Franck Beroud. Les bassines peuvent se remplir en quinze jours. Mais s’il ne pleut pas d’ici mi-avril, quand la végétation va commencer à pousser, on sera mal…"

Le ciel, vers lequel beaucoup de regards se tournent, ne semble pourtant pas prêt à exaucer ces prières. Selon Météo France, quelques précipitations sont attendues dans les prochains jours mais aucun épisode durable n’est annoncé. Le retour d’un temps sec est même prévu en fin de semaine prochaine.

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