19 janvier 2017

Si j'étais... le diable


Si j’étais le diable, j’aurais bien travaillé ces derniers temps. Oui, globalement, quand je contemple mon œuvre, je dois dire que je n’ai que des sujets de satisfaction. Le nouveau monde qui s’annonce aujourd’hui me plaît terriblement. J’ai hâte de voir la suite, j’en salive, j’en ris d’avance. Mine de rien, tout change autour de vous, un nouvel ordre mondial se met en place, en forme de farce… dont vous êtes les dindons. J’ai inventé l’islamisme, puis son antidote, la restriction de vos libertés.


Et que font les grands de ce monde, ceux qui demain peuvent sur un coup de tête le faire voler en éclat ? Ils plaisantent à propos de prostituées urophiles. Et vous en riez aussi, mais que faire d’autre ? Ils s’entendent comme larrons en foire, et se sont mis d’accord sur l’essentiel, qui se trouve ne pas être vous. C’est pourtant vous qui les avez élus. Pour qu’ils servent vos intérêts. Mais les leurs passent avant et les leurs… ce sont les miens !

Un éternel recommencement

Vous avez déjà perdu la partie, en fait. Cela vous est déjà arrivé bien souvent dans l’histoire, c’est cyclique. Mais l’expérience ne vous instruit jamais, vous avez autant de mémoire que les huîtres.

L’axe Poutine-Trump qui se dessine à grands traits me remplit de joie. Je n’aime pas les demi-mesures. Avec eux, aucune crainte à avoir, ils ne vont pas faire les choses à moitié. L’élection à la tête de la première puissance du monde d’un milliardaire inculte aux cheveux jaunes, devenu célèbre grâce à une émission de télé-réalité intitulée L'Apprenti , titre prémonitoire s’il en est, démontre que je n’ai pas perdu la main.

Ne croyez pas pour autant que je m’immisce dans la politique américaine. Je ne mise jamais sur un seul cheval. Sa méchante concurrente, harpie machiavélique au service du Veau d’or déguisée en Gandhi, m’aurait très bien allé aussi. Mais Trump, là, vous m’avez épaté ! Vous avez accéléré le mouvement !

Sa façon de communiquer à grands coups de tweets aussi intempestifs que saugrenus augure de lendemains puissamment destructeurs, auquel je ne peux qu’adhérer.

Ce Poutine est un régal

Entendre ensuite Vladimir Poutine, conducator adulé de la Grande Russie, reconstituée à coups d’invasion des territoires qu’il considère comme siens et d’exaltation patriotique du sang versé, entendre Poutine abonder dans le sens de Trump, et qualifier au passage les prostituées russes de "meilleures du monde", est un régal.

Si j’étais le diable, vous me diriez : "Tiens, voilà que tu te dévoiles, le diable ? On t’a connu plus rusé, on te croyait le Malin, celui qui pave nos routes de bonnes intentions pour nous conduire jusqu’à chez toi." Mais réfléchissez : à quoi me servirait de continuer à avancer masqué, puisque vous m’adorez comme je suis ? Quelques rares Cassandre se dressent bien pour vous mettre en garde, mais vous n’en n’avez cure.

Comme si de rien n'était

Car le système que j’ai mis en place pour vous les faire ignorer est solide. Je suis partout, je suis l’argent, je suis le pouvoir, je suis la haine de l’autre, je suis l’esclavage et je suis en train de gagner sur tous les fronts. Votre petit univers bascule sous vos yeux et vous ne bougez pas une oreille.

Je sais depuis toujours pouvoir compter sur vous pour faire comme de rien n’était, comme si rien de ce qui vous entoure ne vous concernait. Je peux enfin être moi-même. Vous resterez toujours ces enfants grisés les jours d'orage qui dansent sous l’arbre jusqu’à ce que la foudre tombe.


Karl Zéro

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