30 janvier 2017

Plus la sphère des biens gratuits s’agrandit, et plus la vie est chère...


Il y a un grand danger pour les responsables politiques à s’avancer sur le terrain économique qu’ils ne pourront jamais maîtriser sauf à détruire complètement la dynamique de l’économie. Les candidats à l’élection présidentielle s’approprient des concepts et des problématiques économiques à propos desquels ils ne semblent pas avoir une compréhension claire et achevée. On en est encore à débattre des machines et autres robots qui seraient une menace pour l'emploi comme si David Ricardo n'avait jamais écrit ce chapitre sans appel "Les Hommes et les Machines" dans son traité de l'impôt, et comme si la théorie dynamique de la croissance économique n'existait pas. Les discussions autour du pouvoir d’achat sont un exemple flagrant du scientisme qui règne en ce domaine.

Il y a en effet une chose fondamentale qui échappe à ceux qui ont la prétention de nous diriger : plus la sphère des biens gratuits s’agrandit, et plus la vie est chère et l’économie fragilisée. Ce processus fut enclenché en France en 1981 avec l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir. Les socialistes ont créé le RMI, puis plus tard la CMU ; ils ont imposé la réduction du temps de travail, fidèle à leur tradition redistributrice. Et la droite est contrainte de gouverner dans les cadres imposés par la gauche, selon les règles « démocratiques » imposées par la gauche qui font de l’alternance politique une illusion sinon une farce. Le résultat est qu’aujourd’hui, un français sur deux a peur de devenir un jour un SDF. La gauche aime tellement les pauvres, qu'elle les fabrique en masse...

La gratuité généralisée rend la vie chère. Ce n’est qu’un paradoxe apparent : comme la gratuité n’existe pas, c’est que l’inflation est forcément déguisée. Que sont en effet les biens et services dits « gratuits » ? Ce sont finalement tous ces biens et services extrêmement coûteux que l’on veut faire payer par les autres (et les autres font le même raisonnement) comme l’éducation, la santé ou la retraite. C’est ce qu’on appelle la consommation collective. Mais qu’est-ce que la consommation collective ? C’est en fait une machine à dérégler les comportements. Imaginez que, lorsque vous consommez de l’électricité, c’est votre voisin qui reçoit la facture parce que vous avez piraté son compteur. Mais ce que vous ne savez pas, c’est que votre voisin a fait la même chose à votre insu. La conséquence est un dérapage de la dépense qui entraîne à son tour un dérapage des prélèvements pour régler la facture collective. C’est ce processus de déresponsabilisation qui explique les dérives du budget de la sécurité sociale et de l’Etat.

Comme le pouvoir d’achat des ménages est dévoré par la montée des prélèvements de toute sorte, les ménages demandent de plus en plus de biens et services « gratuits » et le domaine de la consommation collective s’agrandit

encore, celui-là même qui est à l’origine de l’inflation des prélèvements.

Les ménages ne s’aperçoivent plus que c’est précisément ce processus qui ronge leur pouvoir d’achat car les prélèvements leurs sont occultés, l’Etat se faisant le complice de cette tragédie collective. Là est sans doute le plus grave : ceux qui prétendent nous éclairer nous aveuglent ; ceux qui prétendent parler au nom de l’intérêt général participent activement à la liquidation collective. En effet, les responsables politiques s’efforcent de rendre les prélèvements « indolores », ce qu’il convient précisément de ne jamais faire si l’on veut que les gens réagissent, si l’on veut inverser les comportements et stopper le processus. Ainsi, les prélèvements sociaux sont retenus à la source (charges, RDS ; CSG) d’où l’illusion de gratuité des biens et services sociaux tandis que les prélèvements fiscaux basculent sur la fiscalité indirecte (TVA) d’où l’illusion de gratuité des biens et services publics. On ne voit plus dans quelle proportion l’Etat prélève du revenu pour financer les biens dits « gratuits ».

On ne voit plus que cette proportion devenue énorme est de nature à briser les ressorts de la création des richesses. Malgré cette masse croissante de prélèvement, le secteur public n’a jamais assez de moyens si l’on en croit ses représentants agréés. A l’origine, l’argent public, c’est d’abord la part de la richesse privée que le ménage consent à laisser à la collectivité. Aujourd’hui, on assiste à une inversion des termes : l’argent privé, c’est la part de la richesse que l’Etat consent à ne plus nous prendre jusqu’à la prochaine augmentation de prélèvement. Voilà pourquoi les comportements sont pervertis quand on neutralise les signaux qui permettent à la rationalité individuelle de s’exprimer. Voilà aussi pourquoi il est nécessaire de limiter la sphère des biens et services gratuits plutôt que de l’étendre. Mais au nom d’une conception démagogique du « social » et de solidarité, et sur fond d’ignorance impardonnable des lois de l’économie, les candidats aux présidentielles se proposent d’étendre la sphère de la gratuité sans dire que la gratuité est un concept illusoire qui nous coûtera cher à tous.

Avec moi, le déluge des promesses, après moi, le déluge des désillusions....

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