Florian Philippot avec Gilles William Goldnadel |
On le retrouve enfin fréquemment dans l’émission de RMC « Les Grandes Gueules » dans laquelle il n’est pas réputé pour garder sa langue dans sa poche. Récemment, il a pris la plume pour dénoncer le lynchage médiatique subit par Donald Trump ou encore l’hypocrisie, à gauche, concernant le débat sur l’immigration.
Nous l’avons interrogé à ce sujet – ayant évoqué dans nos colonnes ce lynchage médiatique de Trump et la diffamation sans preuve dont il a été victime – le temps d’un long entretien audio retranscrit ici dans lequel Maître Goldnadel – avec un parler comparable à celui du talentueux Fabrice Lucchini – évoque les Etats-Unis, la tyrannie médiatique, mais également la liberté d’expression, les lois mémorielles, la communauté juive …
Entretien sans langue de bois !
Breizh-info.com : Que pensez-vous des premiers jours de Donald Trump à la tête des Etats-Unis et des premiers signes qu’il a montré ? Comment expliquez vous le lynchage médiatique dont il est à nouveau victime au sein de la presse française ?
Gilles William Goldnadel : D’abord, ce lynchage médiatique me parait être un lynchage idéologique, ce qui n’est en rien étonnant par rapport à une presse française qui se distingue particulièrement non pour le respect scrupuleux des faits, mais parce qu’elle a toujours une conduite idéologique ; en l’espèce une conduite idéologique de gauche. D’une certaine manière, le nouveau président élu correspond très exactement à tout ce qu’elle déteste, et notamment, je crois que c’est l’élément le plus central, en ce qu’il incarne d’une part la défense de l’Occident, d’autre part dans le refus d’une presse idéologisée.
Si elle ne le détestait pas, elle ne serait plus elle même. Il est extrêmement tôt pour donner un avis sur la manière dont il agit ; on voit bien, ce qui est assez étonnant en la matière, qu’il a l’air de respecter scrupuleusement son programme, en tout cas dans ses dispositions principales. Notamment en ce qui concerne l’Obamacare. Et d’autre part l’attaque frontale contre la presse. Mais l’honnêteté m’oblige à dire qu’il ne s’agit que d’une contre attaque, puisqu’il est très clair que huit jours avant qu’il soit intronisé, les médias qui disent pourchasser la post-vérité, colportaient des informations invérifiables sur sa sexualité. Et que le jour J de son intronisation, les mêmes médias diligentaient déjà une procédure, si j’ose dire, en invalidité, en illégitimité, ce qui est quand même remarquable.
Il a décidé de faire de sa faiblesse médiatique une force, et de déclarer une contre guerre aux médias, plutôt que de s’escrimer vainement, et de tenter de les amadouer. L’avenir dira si il peut tenir ainsi et/ou si les médias eux mêmes, éloignés de la Maison Blanche, en principe en Amérique le cœur même de l’information politique, contrairement à la France, si les médias peuvent tenir ainsi. Ça commence très fort.
« Il est loin déjà le temps de Charlie Hebdo, de l’Hyper Casher, du prêtre catholique égorgé,»
Breizh-info.com : La perspective des élections à venir ne semble pas intéresser particulièrement les foules. Le système politique français n’est-il pas totalement sclérosé ? Y’a t-il des candidatures particulières qui provoquent chez vous un sentiment de nouveauté ou d’inconnu, comme ça peut être le cas aux USA justement ?
Gilles William Goldnadel : Non. Je vous mentirai en disant que l’offre politique me plonge dans un sentiment d’exaltation intellectuelle. Le monde politique français me parait caractérisé par une absence assez générale de vision. C’est ainsi. Je crois qu’aujourd’hui en France, on possède beaucoup par un choix par défaut. On prend celui qui nous apparait être le moins mauvais et on écarte celui qui nous inspire le plus de détestation.
Je ne suis pas sûr que c’est ainsi qu’on peut sortir de l’immense dépression politique dans laquelle notre pays est plongé.
Breizh-info.com : Vous vous êtes étonné publiquement que pas un journaliste n’évoque la question de l’immigration lors de la primaire de la gauche et des débats entre candidats. Est-ce encore un sujet tabou en France ?
Gilles William Goldnadel : Oui. C’est un sujet tabou au sein de l’univers médiatique convenu. Le débat sur l’économie entre les deux pôles qui s’opposent au sein du PS était normal. Mais qu’aucun des journalistes n’ait eu à cœur de poser les questions sur l’un des éléments les plus centraux et au dire même maintenant des sondages, l’élément principal de ce qui inquiète les Français, à savoir la question de l’immigration, des migrants et de leurs conséquences en terme sécuritaire, économique, identitaire, montre à quel point les préoccupations des Français ne les intéressent pas. Et j’ai du mal à croire qu’il ne s’agit que d’une simple omission.
Je pense que d’une certaine manière, récurrente, l’idéologie médiatique veut reprendre la main. Au fur et à mesure qu’on s’éloigne pour le moment, du temps des attentats – qui ont été un moyen exceptionnel de catharsis pour le peuple français – les vilaines habitudes d’escamotage des faits des préoccupations des français reviennent très vite, extrêmement vite. C’est la dictature des émotions. Il est loin déjà le temps de Charlie Hebdo, de l’Hyper Casher, du prêtre catholique égorgé, il est déjà loin.
Vous remarquerez que le lendemain de l’élection de Donald Trump, le NY Times faisait amende honorable ; il promettait qu’il s’intéresserait davantage aux faits, plutôt qu’à l »idéologie…il est vite revenu à ses mauvaises habitudes. Je crois que c’est pareil en France, sauf que – et ils n’y peuvent mais – l’information parallèle, qu’ils détestent, et qui contient le meilleur comme le pire, c’est vrai, fait qu’ils ne peuvent plus escamoter la vérité, et le discours parallèle.
Alors ils peuvent trépigner, faire ce qu’ils veulent, ils ne peuvent plus. C’est une situation nouvelle, exceptionnelle. Ils peuvent toujours pester contre ce qu’ils appellent « la fachosphère », vous remarquerez qu’ils sont beaucoup moins agacés par l’islamosphère, ou par la gauchosphère, ce qui dénote déjà une orientation particulière. C’est ainsi.
Breizh-info.com : Avez vous lu le dernier éditorial de Lutte Ouvrière accusant le NPA et d’autres organisations de gauche et d’extrême gauche de positions ambigües vis à vis de l’islamisme sous couvert de lutte contre l’islamophobie ? Pourquoi cet islamophilie à gauche selon vous ?
Gilles William Goldnadel : Pour deux raisons : l’une de fond, l’autre d’opportunité. Ce qui caractérise l’extrême gauche et une partie de la gauche française – même si LO fait plutôt exception – c’est la détestation de l’occident, et par conséquence, un mot dont j’ai inventé le nom, la xénophilie. La préférence pour l’Autre, ce qui fait que l’on en arrive à détester l’occidental, et le blanc. Dans mon livre « réflexion sur la question blanche » j’évoque ce phénomène , qui part du choc de la Shoah. Un choc qui fait que l’Occident s’est détesté lui même, et a sans doute détesté le blanc car Hitler était blanc. C’est un choc traumatique qu’on n’imagine pas et qui est bien plus fort encore que le choc colonial. C’est ce qui caractérise fondamentalement la gauche et l’extrême gauche.
Plus prosaïquement, avec la disparition de la classe ouvrière – et le fait qu’aujourd’hui, ce qu’il en reste se tourne davantage vers le FN que vers la gauche – M. Besancenot et consorts regardent avec concupiscence, l’immigré, notamment islamique, comme une sorte de LumpenProletariat dont il pourrait utiliser les bras, les pieds, pour manifester, pour faire rêve, pour tout ce que vous voulez.
L’histoire montre en vérité que leur stratégie est une petite stratégie – j’inclue la CGT de M. Martinez dedans. Ils se sont conduits comme des idiots utiles de l’islamisme. Ce ne sont pas eux qui ont circonvenu l’immigration islamique, ceux sont les islamistes qui sont en train de circonvenir et de convertir ce qui reste de l’extrême gauche.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir devenir avocat ? Vous qui êtes un farouche partisan de la liberté d’expression, pensez-vous qu’il faille abolir les lois Pleven, Taubira, Fabius-Gayssot qui restreignent cette liberté d’expression et donc le débat politique en France, notamment sur la question de l’immigration ?
Gilles William Goldnadel : Je pense que ce qui m’a fait vouloir devenir avocat c’est ma passion – en utilisant la parole et l’écrit – pour défendre les gens sans défense. Dans les circonstances les plus compliquées et les plus difficiles. Je ne peux pas supporter le lynchage médiatique.
C’est vrai que la défense de gens en matière de droit pénal financier – contrairement à ce qu’on pense et en raison d’une partie de l’idéologie de la magistrature – est également quelque chose d’extrêmement compliqué.
Pour vous dire la vérité, je ne sais pas ce que j’aurai pu faire d’autre (rires), mais en tout les cas c’est vrai que ce qui me caractérise – sans aucun plaisir de la provocation ou d’être à contre courant, ce qui serait pour moi une posture et je déteste l’imposture de la posture – c’est de défendre les hommes seuls contre le lynchage médiatique, contre la pensée convenue.
Par rapport à votre deuxième question, vous me trouvez dans un embarras intellectuel dont je n’arrive pas à sortir. J’observe que les excès de l’antiracisme de pacotille, l’idéologie d’une partie du corps de la magistrature, font que en tout état de cause, les jugements rendus sous l’empire de la diffamation raciale, provocation à la haine, et encore davantage sur le révisionnisme se sont dilués. Vous remarquerez que le procès Bensoussan n’intéresse plus personne; Idem pour les attaques visant Pascal Bruckner.
J’ai toujours été opposé aux lois mémorielles. J’étais et je suis toujours contre la loi Gayssot – qui porte en plus le nom d’un communiste, c’est tout dire – et lorsque j’ai fais condamner Gauraudy, je l’ai fais sur le terrain de la diffamation raciale et pas de la loi Gayssot. La loi Taubira sur l’esclavage est une horreur absolue à mes yeux car elle même a expliqué qu’il fallait combattre uniquement la traite transatlantique et non la traite arabique parce qu’il ne fallait pas désespérer les banlieues.
Quand on est à ce point ridicule de l’idéologie, on voit comment on a voulu politiser toutes ces lois. Oui, j’y suis opposé.
Là où vous me trouvez dans l’embarras intellectuel, c’est que je m’oriente plutôt vers le système américain, avec le premier amendement qui fait que tout serait autorisé. Mais en même temps, je ne m’empêcherai pas de vous dire qu’on est dans un système en France, et notamment aujourd’hui bien plus dans le cadre de l’antisémitisme islamique que de l’antisémitisme de la bonne vieille extrême droite, où malgré tout, celui qui vous parle n’est pas le plus mal placé pour vous le dire, les insultes raciales ( anti noirs , blancs , arabes , chinois etc ..) et antisémites sont particulièrement nombreuses.
Donc c’est compliqué également d’abandonner le citoyen à subir sans aucun contrôle juridique. La contestation de la Shoah est aujourd’hui un sport notamment islamique – mais pas seulement – permanent . C’est compliqué, mais des deux maux il faut sans doute choisir le moindre ; et laisser la justice aux mains des professionnels du pseudo anti racisme, c’est quelque chose auquel je ne peux plus me résoudre.
« Je ne pense pas être très engagé au sein de la communauté juive »
Breizh-info.com : Vous êtes très engagé aux côtés de la communauté juive en France, et en faveur d’Israël. Y-a t-il vraiment « une communauté juive » que la presse évoque à chaque fois comme si elle ne faisait qu’un ? Et si elle existe vraiment, y-a t-il aujourd’hui une fracture au sein de cette communauté, entre ceux qui se méfient d’une forme d’islamisation en France liée à l’immigration, et ceux qui l’accompagnent publiquement de leurs vœux au nom, notamment, du dialogue intercommunautaire et inter-religieux ?
Gilles William Goldnadel : D’abord, je voudrais vous corriger. Je ne pense pas être très engagé au sein de la communauté juive. Je ne suis pas un communautaire. Je préside par exemple l’association France – Israël, qui n’est pas une association juive. Ses membres sont d’ailleurs loin d’être tous juifs. Elle n’est pas confessionnelle.
Lorsque j’ai succédé au Général Darmon, j’ai inventé un slogan qui explique à lui tout seul mon corpus de pensée politique : « Lorsque je défends Israël je défends la France et lorsque je défends la France je défends Israël ». Je suis un défenseur déterminé de l’Etat-Nation occidental.
Lorsque j’ai pris cette association en main, l’Etat-Nation occidental le plus attaqué était Israël. J’avais alors à coeur de défendre davantage ce pays. Mais au fil des années, j’ai constaté qu’aujourd’hui, dans mon esprit, la défense de la France, de son existence, de ses frontières, de son identité est aussi essentiel que la défense d’Israël. Et donc ce slogan était valable par les deux bouts.
J’ai beaucoup d’amis non juifs qui me disent « vous avez de la chance, si y a quoi que ce soit vous avez encore votre état ». On comprend ce que cela veut dire ; je ne récuse pas une part de tribalité chez moi, mais je ne suis pas, par la force des choses, que le défenseur de l’Etat d’Israël, et mon identité est une identité double, attachée intellectuellement, charnellement, politiquement, aux deux patries qui composent l’association que je préside.
Bien entendu qu’il existe une communauté juive, qu’elle est nombreuse en France, qu’elle se caractérise par son double attachement. Il est vrai aussi – et je l’ai combattu dès le départ – que la communauté juive organisée au sein de laquelle la gauche est surreprésentée a été dominée par de mauvais bergers qui ont été les complices discrets, distraits, désinvoltes de l’immigrationnisme. Cette communauté juive organisée ne doit pas être absolument confondue avec la communauté juive que personne ne représente et qui est plurielle.
Avec, pour la communauté organisée tout de même, cette circonstance atténuante qu’il y’avait le traumatisme de la Shoah, qu’ils pensaient que le nazisme venait seulement de l’extrême droite, qu’ils ont été redoutablement pris en main par le PS et le PC. Mais enfin, quelques soient les circonstances atténuantes, il n’empêche qu’ils ont été les complices, alors même qu’à l’époque ils avaient un magistère intellectuel et politique important, de l’immigrationnisme.
Et la triste ironie de l’histoire fait qu’ils en sont les premières victimes. Mais je le disais déjà il y a trente ans ! Mais encore une fois, ne confondez pas la communauté juive organisée avec la communauté juive qui, en tout état de cause , est totalement vaccinée contre cela.
L’un des premiers articles que j’ai commis dans le Figaro était pour défendre Giscard d’Estaing qui avait suscité l’indignation générale pour avoir osé dire que les Français considéraient l’immigration comme une invasion. Cet article était une adresse à ma communauté d’origine dans lequel je disais ne pas accepter que cette communauté puisse être d’un réalisme d’acier lorsqu’il s’agissait d’Israël et d’un angélisme de plume lorsqu’il s’agit de la France. Et qu’il m’était insupportable d’entendre « Israël doit avoir des frontières, une armée, une police, pas de droit au retour pour les Arabes qui submergeraient démographiquement l’Etat Juif » – tout cela étant vrai – et pour la France « bah c’est pas grave, ça mange pas de pain, les frontières ça sert à rien, la police c’est uniquement la répression .».
Çà a été d’une immense sottise et moi j’étais révulsé.
Vous voyez bien que ma pensée politique n’est pas circonstancielle, ni opportuniste. Elle est ancienne et j’ai la faiblesse de penser qu’elle est structurée.
Breizh-info.com : Y’a t-il des films, des livres, qui vous ont particulièrement marqué récemment et dont vous voudriez faire part à nos lecteurs ?
Gilles William Goldnadel : Je lis 5 livres en même temps vous savez. (rires).
J’ai été marqué par deux livres de deux personnes que j’ai l’honneur de défendre : La cause du peuple de Patrick Buisson et Les Cloches sonneront elles toujours demain ? de Philippe de Villiers. Je suis extrêmement cinéma , et notamment cinéma néo réaliste italien. Je peux vous citer encore le livre qui vient de sortir aux éditions du Rocher Le cinéma italien d’un de mes ami, Georges Ayache.
Propos recueillis par Yann Vallerie
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