22 janvier 2017

Envolée des prix du beurre


Dans les biscuiteries bretonnes, on grince des dents. Ces entreprises, qui font la fierté de la région, pâtissent en effet d'une pénurie de beurre industriel. Les connues, comme les galettes de Pont-Aven Traou Mad (groupe Loc Maria) ou la Trinitaine, font face à une flambée des prix sans précédent. Même tableau pour la Biscuiterie des îles, à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-d'Armor) : « En un an, notre facture a augmenté de 48 % », se désespère le patron, Eric Le Goff. Sachant que, dans un biscuit breton, le beurre pèse pour un quart des ingrédients, la hausse se fait nettement sentir.

La faute à qui ? Les producteurs de lait indépendants (Apli) dénoncent le réchauffement climatique qui aurait « un impact direct sur le taux de graisse du lait des vaches ». Les industriels pointent du doigt la crise laitière européenne, dont a découlé une production « en yo-yo ». « La collecte a chuté drastiquement, et ce retournement brutal a perturbé les marchés », souligne Jean-Marie Le Bris, directeur de la branche grande consommation chez la marque Paysan breton. En 2016, la France a vu le cours du beurre augmenter de 45,5 %*.

Jean-Paul Prigent, président de la région Bretagne pour la coopérative laitière Sodiaal, un acteur important du secteur, confirme l'inadaptation de l'offre à la demande.

Comment expliquer l'envolée récente du prix du beurre ?

Jean-Paul Prigent. La forte demande, nationale et internationale, se traduit par une augmentation importante du cours du beurre. Ce dernier a dépassé le précédent record atteint fin 2013. Face à cette demande, l'offre est clairement insuffisante. Chez Sodiaal, nous avons du mal à fournir les volumes qui nous sont demandés.

S'agit-il de spéculation ?

Non. Plusieurs raisons expliquent cette pénurie. La première est le retour du marché vers les graisses animales aux dépens des matières grasses végétales. Il y a dix ou vingt ans, les autorités sanitaires chantaient les louanges de la margarine. La filière laitière, elle, ne savait plus quoi faire de la crème issue du lait. Elle s'est donc adaptée en améliorant la génétique des vaches qui produisent désormais du lait moins gras. Sauf qu'aujourd'hui les huiles végétales, comme l'huile de palme, ne sont plus en odeur de sainteté. Les consommateurs en reviennent au vrai beurre et à ses vertus. Même les industriels chinois implantés en Bretagne veulent désormais enrichir leur poudre de lait avec des matières grasses animales.

La pénurie va-t-elle durer ?

Difficile à dire. Depuis l'été dernier, la production laitière baisse sur le vieux continent : les éleveurs reçoivent des aides européennes afin de réduire leur livraison de lait. Et, contrairement à la poudre de lait, il n'existe aucun stock de beurre au niveau européen qui pourrait être injecté sur le marché.

Source : FranceAgriMer.
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