24 novembre 2016

Italie : référendum du 4 décembre, italexit ?


La perspective d'un échec de Matteo Renzi au scrutin du 4 décembre inquiète les marchés. Ils redoutent l'arrivée du Mouvement 5 étoiles hostile à Bruxelles.

L'Italie a la fièvre. Thermomètre de la confiance de la communauté financière internationale, le spread, le différentiel entre le taux d'intérêt des obligations d'état allemandes et italiennes, est passé de 115 points en août 2016 à plus de 180 points au cours des derniers jours. Certes, la péninsule est encore loin des 574 points atteints en décembre 2011 lors de la longue agonie du gouvernement de Silvio Berlusconi, et les experts situent à 200 points le seuil au-delà duquel le rhume se transforme en grippe carabinée. Mais le signal envoyé par les marchés est clair : le référendum constitutionnel du 4 décembre prochain qui propose de réformer le Sénat et de simplifier le processus législatif les inquiète.

Les investisseurs internationaux ne sont pour autant pas devenus des exégètes de la Constitution italienne. C'est la lecture politique d'une possible victoire du « non » qui a retenti comme une alarme dans les salles de marché : Matteo Renzi ayant clarifié qu'il n'entendait pas rester à son poste en cas de défaite, ce scrutin s'est transformé en un vote de confiance envers le chef du gouvernement. Si le « non » l'emporte, la péninsule replongerait alors dans l'instabilité politique, elle qui a déjà connu 67 gouvernements en 70 ans… Or le chaos politique ferait du Mouvement 5 étoiles (M5S) le favori des prochaines élections. Et la première initiative d'un gouvernement M5S serait d'induire… un référendum sur la permanence de la péninsule dans la zone euro...

Tous les ingrédients d'une tempête économique

Si ce scénario relève encore de la fiction, le référendum du 4 décembre constitue finalement un pari politique risqué dans un cadre économique déjà peu rassurant. Depuis le début du XIXe siècle, la croissance italienne est la moitié de la croissance moyenne en Europe. La compétitivité des entreprises italiennes a augmenté de 5 % quand elle a augmenté de 40 % aux États-Unis, de 30 % en France et en Grande-Bretagne, de 15 % en Espagne et au Portugal. En outre, 40 % des créances douteuses de toute la zone euro sont détenues par des banques italiennes.

Pour les deux bibles de l'establishment financier mondial, le Financial Times et le Wall Street Journal, la tempête parfaite qui menace la péninsule risque de gagner tout le continent. « Le 5 décembre au matin, l'Europe risque de se réveiller avec la menace de se désintégrer à court terme », écrit le Financial Times. Pour le Wall Street Journal, « une victoire du non influencerait le climat politique pour 2017 [année d'élection en France et en Allemagne, NDLR] sur tout le continent européen. Le scrutin italien est plus important que le Brexit. »

Sauver le soldat Renzi

Les grandes institutions font donc ce qui est en leur pouvoir pour sauver le soldat Renzi de ce mauvais pas. Barack Obama et Angela Merkel ont soutenu les réformes engagées par le gouvernement transalpin. La Commission européenne a renvoyé à l'après-scrutin son jugement, qui ne pourra qu'être sévère, sur le projet de budget italien 2017. La banque d'Italie a abandonné son devoir de réserve pour affirmer la nécessité de réformer le bicaméralisme parfait, comme le propose le référendum. La confindustria, le syndicat patronal, met en garde contre une chute du PIB de 1,7 % en cas de victoire du non.

Des efforts qui risquent de se révéler contre-productifs. Alors qu'il avait été élu pour « envoyer à la casse la vieille politique », Matteo Renzi apparaît désormais comme le représentant de la grande finance, des institutions et des élites. Une étiquette lourde à porter quand souffle le vent du populisme.

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.