16 novembre 2016

Discerner le vrai crédit du faux


Il y a deux types de crédit : celui qui est offert au sein d’une économie de marché aux systèmes monétaire et bancaire solides (le crédit réel), et celui qui est rendu possible au travers d’un système bancaire centralisé, de taux d’intérêt maintenus artificiellement bas et de réserves fractionnaires (le faux crédit).

Les banques ne peuvent pas élargir le crédit réel. Tout ce qu’elles peuvent faire est faciliter le transfert de fonds depuis des épargnants (ceux qui prêtent à des banques) jusqu’aux emprunteurs.

Imaginons un boulanger qui ait fait cuire dix miches de pain. De ses réserves de capital réel (son pain), il consomme deux miches et en économise huit.

Il prête ensuite les huit miches de pain restantes au cordonnier en échange d’une paire de chaussure, qui devra être prête dans une semaine.

Ici, le crédit est un transfert de biens réels, c’est-à-dire l’échange de huit miches de pain contre une paire de chaussures.

La quantité d’épargne réelle détermine la quantité de crédit disponible. Si le boulanger n’avait épargné que quatre miches de pain, son crédit aurait été de quatre miches de pain, et non huit.

Notez également que les miches de pain épargnées sont utiles au cordonnier. Il peut les manger pendant qu’il fabrique les chaussures du boulanger.

Cela signifie que le crédit, en alimentant le cordonnier, fait grimper la production de chaussures et permet la création de davantage de capital réel. C’est ainsi que se développe la croissance économique.
Monnaie et crédit

L’introduction de la monnaie n’altère pas l’essence du crédit. Plutôt que de prêter ses huit miches de pain au cordonnier, le boulanger peut désormais échanger ses huit miches de pains contre huit dollars, puis donner ces dollars au cordonnier.

Avec ces huit dollars, le cordonnier peut s’acheter huit miches de pain ou tout autre produit capable de subvenir à ses besoins pendant sa semaine de travail. Le boulanger fournit au cordonnier un accès à l’épargne réelle, qui comporte entre autres choses les huit miches de pain produites. Sans épargne réelle, le prêt de monnaie est un exercice futile.

La monnaie joue le rôle de moyen d’échange. Ainsi, lorsque le boulanger échange ses huit miches de pain contre huit dollars, il conserve son épargne réelle sous la forme de dollars.

L’argent en sa possession lui permet, lorsqu’il le juge nécessaire, de racheter huit miches de pain ou de se procurer d’autres biens et services.

La condition est ici que le flux de production de biens se poursuive. Sans l’existence de biens, l’argent en la possession du boulanger serait sans utilité.

L’existence de banques n’altère pas l’essence du crédit. Plutôt que de voir le boulanger prêter directement son argent au cordonnier, le boulanger prête son argent à la banque, qui à son tour le prête au cordonnier. Le boulanger touche des intérêts sur son prêt, alors que la banque touche une commission pour faciliter le transfert d’argent entre boulanger et cordonnier.

Le bénéfice que reçoit le cordonnier est de pouvoir s’accaparer des ressources réelles afin de fabriquer des chaussures.

Malgré la complexité apparente introduite par le système bancaire, l’essence du crédit demeure le transfert d’épargne réelle depuis le prêteur jusqu’à l’emprunteur.

Si l’ensemble de l’épargne ne gonfle pas, les banques ne peuvent pas créer plus de crédit. Au cœur de l’expansion du crédit réel par le système bancaire se trouve une expansion de l’épargne.

Nous devons nous souvenir que le boulanger a obtenu les huit dollars prêtés grâce à son épargne de huit miches de pain. En d’autres termes, il a échangé quelque chose contre huit dollars. Lorsqu’une banque prête ces huit dollars au cordonnier, elle lui prête des dollars garantis à 100%, pour ainsi dire.
Le faux crédit : un agent de la destruction économique

Des problèmes commencent à apparaître lorsqu’au lieu de prêter de la monnaie garantie à 100%, une banque émet de la monnaie garantie par rien au travers du système bancaire de réserve fractionnaire.

Lorsque de la monnaie non garantie est créée, elle passe pour de la monnaie véritable, supposément garantie. En réalité, rien n’a été épargné pour qu’elle puisse être créée. Lorsqu’une telle monnaie est émise, elle ne peut pas venir en aide au cordonnier, puisqu’une promesse papier ne peut pas l’aider à produire des chaussures. Ce dont il a besoin, c’est de pain.

Puisque cette fausse monnaie se fait passer pour une vraie monnaie, elle peut être utilisée pour détourner du pain depuis d’autres activités, qui se trouvent donc affaiblies. C’est là le principe de détournement de capital réel au travers de la création de monnaie à partir de rien.

Si ces huit miches de pain n’étaient pas produites et épargnées, il ne serait pas possible de produire des chaussures sans porter atteinte à d’autres activités, certaines bien plus élevées dans la liste de priorités des consommateurs soucieux de leur bien-être. Cela signifie que du crédit non garanti ne peut pas être un agent de la croissance économique.

Plutôt que de faciliter le transfert l’épargne au travers de l’économie au bénéfice des activités productives, lorsque les banques émettent du crédit non garanti, elles génèrent un affaiblissement du processus de formation de capital.

Il est nécessaire de réaliser que les banques ne peuvent pas émettre indéfiniment du crédit non-garanti sans l’existence de banques centrales. Les banques centrales, au travers de leurs injections monétaires, s’assurent à ce que les banques ne se poussent pas mutuellement vers la faillite au travers de l’expansion du crédit.

Nous pouvons donc en conclure que tant que le gonflement du prêt est garanti par une épargne réelle, il permet la formation de capital réel. Le faux crédit, généré à partir de rien, n’est pas garanti par l’épargne et est un agent de destruction économique.

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