19 octobre 2016

Humeur de crise


La question est quelque chose de cette sorte : “la crise, je veux dire la crise-finale, cette crise que nous attendons tous, est-elle encore possible ?” Cette question, déjà latente pour le moins depuis plusieurs semaines, plusieurs mois, peut-être deux-trois ans (tiens, depuis l’Ukraine, février-2014), m’est venue clairement à l’esprit avec l’épisode commenté hier où l’on voit le cas-Assange, et puis le cas-Russia Today (RT-UK), deux crises déjà en cours, plongés dans le chaudron furieux de la crise USA-2016 qui affecte par ailleurs (et vice-versa) la crise syrienne, les relations générales au sein et hors du bloc-BAO et les relations extraordinairement tendues du point de vue de la communication entre la Russie et les USA (et le bloc-BAO), – et tant d’autres cas... Autant d’événements qui sont autant de crises, qui sont autant de désordres, qui sont foutus ensemble comme un chef devenu fou et croyant inventer une recette métaphysique jette furieusement et convulsivement tout ce qui traîne dans sa cuisine dans une même énorme casserole bouillonnante...

Peut-on croire qu’il puisse nous en sortir la recette du siècle, la crise-Brillat-Savarin de la postmodernité, là, comme ça, par simple accumulation et empilement furieux ?

Il y a trop de désordres pour le désordre décisif : il y a trop de crises pour une crise, celle qui nous est nécessaire pour venir à bout de nos folies et de nous-mêmes activant fiévreusement nos folies, pour venir à bout du Système. Il faut un événement inédit, qui ne soit pas lui-même une crise spécifique (pas un effondrement financier, pas une guerre, pas un regime change, pas une élection truquée, etc. – même si tous ces ingrédients ont plus ou moins une place) ; il faut quelque chose de plus haut, quelque chose d’unificateur d’au-dessus des crises, d’au-dessus des désordres, pour soudain imposer sa loi ; il faut que tous les désordres soient soudain réunis en un seul désordre cosmique qui, seul, pourra détruire les racines de lui-même en accouchant de son contraire. Je crois que le seul relais humain d’un tel événement, – outre les forces extérieures qui sont et seront les moteurs de tout cela, – est un choc psychologique cosmique et nécessairement collectif que seul le colossal système de la communication qui tient tout dans ce monde en folie est capable de manufacturer et de déchaîner.

Nous attendons un événement cosmique.

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