22 octobre 2016

Causes de la chute de la croissance de la productivité


Le travail humain par lui-même ne provoque pas la croissance de la productivité. C’est le travail humain, augmenté de divers outils, qui mène à la croissance de la productivité. Ces outils sont fabriqués en utilisant l’énergie, et ils utilisent souvent de l’énergie pour fonctionner. Une diminution de la consommation d’énergie par le secteur des entreprises conduit à la baisse de la croissance de la productivité. Dans ce post, je vais vous expliquer pourquoi un tel modèle peut être attendu, et montrer qu’en fait, ce phénomène se déroule actuellement aux États-Unis.

Aperçu de la figure 4. Quantité totale d’énergie par personne, utilisée par les États-Unis dans les secteurs commercial et industriel (hors transport). Calculée en divisant la consommation d’énergie par secteur EIA par le Total des emplois non agricoles du Bureau of Labor Statistics.

Contexte

Le problème de la baisse de la croissance de la productivité semble être une préoccupation pour de nombreux économistes. Un article d’août du Wall Street Journal était intitulé La forte baisse de productivité menace la croissance à long terme de l’économie . L’article dit: «La productivité est un élément clé dans la détermination de la croissance future des salaires, des prix et de la production économique globale.»

La tendance générale dans la chute de croissance de la productivité ne semble pas être particulièrement récente. Des données de l’OCDE montrent une tendance à long terme au ralentissement de la croissance de la productivité, datant des années 1970 pour de nombreuses économies développées. 
Figure 1. La croissance moyenne sur cinq ans de la productivité, par heure travaillée basée sur les données de l’OCDE.

On peut s’attendre à ce que la baisse de la productivité affecte les salaires. La figure 2 montre qu’aux États-Unis, les salaires, qu’ils soient bas ou élevés, ont augmenté beaucoup plus vite que l’inflation entre 1948 et 1968. Entre 1968 et 1981, les salaires des deux catégories de travailleurs ont cessé d’augmenter. Après 1981, les salaires élevés (Top 10 %) ont augmenté beaucoup plus vite que les 90% inférieurs. Cela reflète la façon dont cette baisse de la productivité a été distribuée à la force de travail. Les travailleurs à faible salaire ont été affectés dans une mesure beaucoup plus grande que les travailleurs à hauts salaires.
 Figure 2. Graphique comparant les gains de revenu par le top 10% aux gains de revenu par les 90% inférieurs, par l’économiste Emmanuel Saez. Basé sur une analyse des données de l’IRS, publiées dans Forbes.

Un coupable majeur de la baisse de la productivité semble être les rendements décroissants de l’extraction de pétrole
Beaucoup de gens croient que le seul problème lié au pétrole dont nous ayons à nous soucier est la possibilité que nous en soyons «à court», à un moment donné dans l’avenir. À mon avis, le vrai problème est différent. Ce que nous vivons sont des rendements marginaux décroissants, en ce qui concerne l’approvisionnement en pétrole. En d’autres termes, il devient de plus en plus coûteux à extraire et à raffiner. Le coût total, y compris les salaires pour le travail humain, le coût du capital, le coût de l’énergie pour l’extraire et le paiement des impôts demandés augmente toujours plus. Les entreprises trouvent qu’il est presque impossible de dégager un profit raisonnable avec l’extraction pétrolière. Si les producteurs de pétrole veulent couvrir tous leurs coûts, ils ont besoin d’emprunter une quantité croissante d’argent, simplement pour couvrir les dépenses normales d’affaires, y compris le développement de nouveaux champs (pour remplacer les champs qui s’appauvrissent actuellement) et le versement de dividendes. 
Figure 3. Graphique Bloomberg montrant que les taux de retour pour trois grandes compagnies pétrolières sur une base de cash a chuté après 2008, et sont maintenant au plus bas depuis 50 ans. CROCI signifie «Cash retour sur le capital investi». Source Bloomberg.

Le problème des rendements marginaux décroissants s’étend également à d’autres types de produits de base, comme le charbon, le gaz naturel, l’eau douce, et les métaux. Le pétrole est particulièrement important, car il est facile à transporter et dense en énergie, ce qui en fait le combustible fossile le plus utilisé dans le monde. Dans le même temps, nous assistons à la hausse des coûts pour le contrôle de la pollution de divers types, y compris les tentatives pour prévenir les changements climatiques.

La combinaison des rendements décroissants pour la production des produits de base, en même temps que l’augmentation des coûts de contrôle de la pollution, tend à rendre l’économie mondiale de plus en plus inefficace. Cette inefficacité accrue affecte le coût de production de beaucoup de choses que les consommateurs apprécient, telles que la nourriture, l’eau douce, le logement et le transport. Indirectement, la capacité des entreprises à créer des emplois qui paient bien est affectée aussi. Je crois que cette inefficacité croissante dans la production de biens et de services est la base de la chute de la croissance de la productivité qui apparaît dans la figure 1.

Pourquoi les rendements décroissants à l’égard de l’approvisionnement en énergie sont-ils susceptibles d’être le coupable de la baisse de la productivité?

Il y a plusieurs questions fondamentales qui rendent notre économie vulnérable aux effets des rendements décroissants:
L’énergie joue un rôle essentiel dans la création de biens et de services, et donc la croissance économique.
Une énergie très peu coûteuse à produire est importante dans la mise en place d’un cycle favorable de plus grande productivité et d’une forte croissance économique.
Les rendements décroissants pour le pétrole et d’autres produits énergétiques entraînent des coûts de production plus élevés. Si ces coûts plus élevés de production sont répercutés au consommateur, la hausse des prix conduit à ce que nous considérons comme une récession, et un ralentissement de la croissance économique.
Le moment de la baisse de la productivité «coïncide» avec une baisse de la consommation d’énergie de la part des employeurs, et aussi avec les prix élevés du pétrole.

L’énergie joue un rôle essentiel dans la croissance économique, parce que l’énergie est nécessaire pour tous les types d’activité économique. L’énergie permet aux transports d’avoir lieu ; elle permet différents types de chauffage, donc les métaux peuvent être fondus et les réactions chimiques de toutes sortes peuvent être effectuées ; elle permet l’utilisation des ordinateurs et de l’Internet. Lorsque des solutions de contournement pour les problèmes sont nécessaires, par exemple, un contrôle accru de la pollution, ou des puits plus profonds, ou des usines de dessalement d’eau de mer, ces solutions de contournement exigent également l’utilisation de produits énergétiques. Donc le problème n’est pas simplement qu’il faut plus d’énergie provenant des combustibles fossiles pour créer des produits énergétiques. Beaucoup d’autres secteurs de l’économie, y compris le contrôle de la pollution et l’extraction de l’eau douce et de minéraux, deviennent aussi plus exigeants en approvisionnement en énergie.

Le pétrole pas-cher-à-produire et d’autres types d’énergie sont importants dans la mise en place d’un cycle de croissance économique. Nous pensons la croissance de la productivité comme étant quelque chose que l’employé est capable de faire. En fait, la croissance de la productivité est activée par l’utilisation des «outils» que l’employeur (ou le gouvernement) donne aux travailleurs, ce qui permet à ceux-ci de créer plus de biens et services par heure travaillée. Ces outils peuvent être soit des outils physiques, tels que les machines, les ordinateurs, les véhicules et les routes, soit des outils fournis par une plus grande spécialisation et formation. Dans le cas des outils physiques, il est clair que l’énergie est utilisée à la fois pour créer et faire fonctionner les outils. Dans le cas de la spécialisation, l’énergie est nécessaire d’une manière plus indirecte : l’énergie supplémentaire permet à l’économie d’avoir des excédents suffisants pour permettre la formation des travailleurs spécialisés, et aussi pour leur permettre d’avoir des salaires plus élevés plus tard.

Ainsi, nous pouvons penser au travail humain comme étant de plus en plus supplémenté par des outils liés à l’énergie. En fait, si l’on divise la consommation d’énergie des entreprises (commerciales et industrielles) par le nombre total de salariés non agricoles aux États-Unis, nous constatons que la consommation d’énergie par employé correspond très bien au modèle que nous pourrions attendre, sur la base d’une augmentation puis d’une diminution de la croissance de la productivité, telle que représentée sur les figures 1 et 2. Un ralentissement de l’effet de levier de l’énergie semble être en corrélation avec la baisse du taux de croissance de la productivité. 
 Figure 4. La quantité totale d’énergie par employé, utilisée par les États-Unis dans les secteurs commercial et industriel (hors transport). Calculé en divisant la consommation d’énergie par secteur EIA par Total des emplois non agricoles du Bureau of Labor Statistics.

La figure 4 montre que la consommation d’énergie par employé a atteint un sommet en 1973. La consommation d’énergie par employé a commencé à baisser en 1974. Cette date correspond à la première grande flambée des prix du pétrole (figure 5). Les prix du pétrole, sur une base ajustée de l’inflation, ne sont jamais revenus au niveau très bas connu avant 1973. 
 Figure 5. Historique du prix moyen annuel du pétrole, pour un grade de brut similaire à «Brent», basé sur les données de 2016 BP Statistical Review of World Energy.

La période entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début des années 1970 était généralement une période où les prix du pétrole corrigés de l’inflation ont été de moins de 20 dollars par baril. A ce niveau de prix très bas, il était logique d’ajouter un nouveau réseau d’autoroutes et d’améliorer considérablement le réseau électrique et les systèmes de distribution d’oléoducs. Une fois que le prix du pétrole a augmenté, les États-Unis ont fortement fait marche arrière, en matière d’augmentation de la productivité des travailleurs grâce à ces grands projets. D’autres changements ont commencé aussi, tels que la fabrication migrant progressivement vers d’autres pays. Ces pays ont généralement des coûts de main-d’œuvre et un mix énergétique moins cher (plus de charbon et d’hydroélectrique, et moins de pétrole).

La première envolée des prix a eu lieu après que l’approvisionnement en pétrole des États-Unis a atteint un sommet en 1970 (figure 5). Selon une présentation par Steve Kopits, la seconde envolée des prix a commencé autour de 1999 (figure 6). À ce moment, nous avons atteint un point où une part disproportionnée du pétrole pas-cher-à-extraire avait déjà été consommée. Les producteurs de pétrole ont dû commencer à travailler sur de nouveaux champs de pétrole, dans les zones où les coûts d’extraction sont plus élevés. 
 Figure 6. Figure par Steve Kopits de Westwood Douglas, montrant les tendances dans l’exploration pétrolière mondiale et les coûts de production par baril. CAGR signifie «taux composé de croissance annuelle».

Les rendements décroissants du pétrole affectent l’économie. Comme nous arrivons à des rendements décroissants par rapport à la production, le coût de production de barils supplémentaires de pétrole a tendance à augmenter. Si ce coût plus élevé est transmis aux produits fabriqués directement et indirectement avec les produits pétroliers, nous constatons que les prix de nombreux produits augmentent. Les coûts des aliments sont particulièrement touchés, parce que le pétrole est largement utilisé dans l’agriculture et dans le transport de marchandises vers les marchés. Les prix plus élevés du pétrole affectent le coût des autres types de biens, parce que beaucoup de biens, même le charbon, sont transportés en utilisant du pétrole. Le coût plus élevé du pétrole a tendance à se propager dans toute l’économie.

Le problème, cependant, est que les coûts plus élevés du pétrole conduisent à une productivité plus faible, parce que les employeurs et les gouvernements ont tendance à acheter moins de produits énergétiques pour le bénéfice de leurs travailleurs, lorsque les prix du pétrole sont élevés. Nous nous retrouvons avec un décalage :
Le coût des produits pétroliers, et de nombreux autres produits, a tendance à augmenter.
La productivité des travailleurs a tendance à croître plus lentement. Les salaires augmentent très lentement, voire pas du tout. Ils ne suivent en tout cas pas la flambée des prix du pétrole.

Le résultat de ce décalage est la récession, comme cela est arrivé dans la période 2007-2009. L’économiste James Hamilton a montré que 10 des 11 récessions après la Seconde Guerre mondiale ont été associées à une flambée des prix du pétrole. Un rapport de 2004 de l’IEA déclare : «. . . une augmentation soutenue des prix du pétrole de $10 par baril, de $25 à $35, se traduirait pour l’OCDE dans son ensemble par une perte de 0,4% du PIB dans les première et deuxième années de prix plus élevés. L’inflation augmenterait d’un demi-point de pourcentage et le chômage augmenterait aussi.»

Une deuxième façon dont les rendements décroissants peuvent avoir des effets négatifs : des prix trop bas et une surproduction

Dans la section précédente, j’ai expliqué comment les prix du pétrole, s’ils sont répercutés au consommateur via la hausse des prix des autres produits, pourraient conduire à la récession. Parce que notre économie est un système en réseau, la situation n’a pas besoin d’évoluer de cette façon pour produire des effets négatifs. Il y a un scénario alternatif, dans lequel les prix du pétrole restent trop bas pour que les entreprises d’extraction puissent faire un bénéfice adéquat. Dans ce scénario, ce sont les entreprises, plutôt que les consommateurs, qui se trouvent face à un énorme problème financier. Tel est le problème que nous rencontrons aujourd’hui. En fait, il n’y a pas que les producteurs de pétrole qui ont un problème de rentabilité; le problème de la rentabilité s’étend aux entreprises produisant du charbon, du gaz naturel, des métaux, et de nombreux types de produits agricoles.

La raison pour laquelle ce genre de scénario de bas prix peut avoir lieu (en dépit de la hausse des coûts) est que les travailleurs sont aussi des consommateurs. Nous avons vu dans la figure 2 que les salaires de 90% des travailleurs sont à la traîne, alors que la consommation d’énergie par travailleur est en baisse. Il y a un très grand nombre de travailleurs dans ces 90%. Si le salaire de ces travailleurs est à la traîne, les maisons, les voitures, les vacances, et beaucoup d’autres types de biens discrétionnaires deviennent moins abordables. La baisse de la demande pour ces produits finis conduit à une demande plus faible pour une large gamme de produits. Cette baisse de la demande a tendance à pousser les prix des produits de base de nombreux types vers le bas, même si le coût de la production est en hausse. En conséquence, les bénéfices pour un large éventail de producteurs de matières premières ont tendance à tomber d’une manière similaire à celle représentée sur la figure 3.

Il se peut que nous devions nous attendre un impact récessif, peu de temps après la baisse des profits. Selon Deutsche Bank:

Les marges bénéficiaires culminent toujours en avance de la récession. En effet, il n’y a pas eu un seul cycle économique dans l’ère post-Seconde Guerre mondiale où cela n’a pas été le cas. La raison pour laquelle ces marges sont un indicateur fiable est simple : quand la profitabilité des entreprises décline, il y a un recul des dépenses et d’embauche par la suite.

L’article continue de montrer qu’il y a un décalage d’environ deux ans, entre le moment de la compression des bénéfices et le moment où la récession frappe. Le montant de la variabilité est assez élevé, avec une des récessions advenant dès le 4ème trimestre après une baisse de la rentabilité, et deux autres aussi tard que 15 ou 16 trimestres après la baisse des profits. Le décalage médian était de 8 trimestres et le décalage moyen était de 9 trimestres.

Cette description de la Deutsche Bank de la cause des récessions donne une explication du pourquoi Hamilton a rencontré les récessions après la flambée des prix du pétrole. Ces hausses des prix pétroliers ont affecté les coûts de production pour la plupart des entreprises. Ces coûts croissants ont comprimé les bénéfices, et finalement conduit à la récession.

Cette description de la cause de la récession montre comment la récession peut également résulter de prix des matières premières restant trop bas sur une période prolongée. Nous savons que les prix du pétrole ont commencé à baisser au cours du troisième trimestre de 2014. Nous sommes maintenant deux ans plus tard. Les marges bénéficiaires de nombreux producteurs de matières premières ont été comprimées. Nous avons déjà vu des licenciements dans les industries du pétrole et du charbon. Dans cette situation de bas prix, les entreprises sont touchées de façon inégale : certaines bénéficient des prix bas, tandis que d’autres en sont impactées négativement.

Les matières premières sont souvent essentielles à l’économie, en particulier pour les pays qui en exportent. Ces exportateurs sont particulièrement susceptibles d’être affectés par des prix bas. Les impacts sont susceptibles d’inclure des troubles civils et une baisse de la production, semblable à ce que nous voyons maintenant au Venezuela.

Les pays importateurs de pétrole dépendent des pays exportateurs de pétrole, donc finalement les importations de pétrole doivent baisser. La faiblesse des prix du pétrole est susceptible de conduire à une baisse des produits pétroliers fabriqués localement aussi. Par conséquent, nous pouvons nous attendre à ce que moins de pétrole et moins d’autres produits énergétiques seront disponibles pour supplémenter la main-d’œuvre des travailleurs humains. Si les tendances passées se vérifient, nous pouvons nous attendre à une nouvelle baisse de la croissance de la productivité. La hausse des prix du pétrole n’est pas vraiment une solution non plus, parce que, comme nous l’avons vu, ils ont tendance à conduire à la récession.

Les rendements marginaux décroissants ne se corrigent pas d’eux-mêmes


Les économistes affirment que la loi des rendements décroissants marginaux ne fonctionne que dans le court terme, parce que dans le long terme, tous les facteurs de production sont variables. Cette déclaration pourrait être vraie, si nous vivions dans un monde sans limites. En fait, la quantité de terres arables est très proche d’être fixe. Nous n’avons pas trouvé de moyen d’arrêter la croissance de la population non plus. En conséquence, la quantité de terres arables par personne est en baisse. Nous devons continuer à trouver des moyens de produire des quantités croissantes de nourriture par unité de surface de terres arables. Cela nécessite généralement des produits énergétiques, notamment du pétrole.

Nous avons des problèmes similaires avec l’approvisionnement en eau douce. Nous pouvons résoudre notre problème de diminution d’eau douce par habitant avec des puits plus profonds, du transport longue distance, ou le dessalement d’eau de mer. Chacune de ces solutions de contournement nécessite des produits énergétiques.

Bien sûr, nous avons eu des rendements décroissants en ce qui concerne l’approvisionnement en pétrole depuis les années 1970. On n’a pas encore trouvé de solution de contournement raisonnable. L’électricité intermittente n’est pas un substitut raisonnable; elle ne peut pas propulser les avions existants, les camions et la plupart des voitures. Lorsque tous les coûts sont pris en considération, l’électricité intermittente a tendance à être très coûteuse. L’expérience montre que si des subventions sont accordées pour l’électricité intermittente, elles sont nécessaires pour les autres types de production d’électricité aussi. 
 Figure 7. Figure par Euan Mearns montrant la relation entre capacité éolienne + solaire installée et les tarifs d’électricité européens. Source Energy Matters.

La croyance que la diminution des rendements marginaux est temporaire, est probablement liée à la croyance qu’il existe des substituts pour tout, y compris l’approvisionnement en énergie. Malheureusement, ce n’est pas le cas; les lois de la thermodynamique nous dictent le contraire.

Par conséquent, lorsque les entreprises utilisent des quantités d’énergie décroissantes par employé, nous ne devrions pas être surpris si la productivité accuse le coup, et si les salaires pour de nombreux travailleurs se maintiennent à peine à hauteur de l’inflation. Il est possible d’obtenir des gains de productivité grâce à l’éducation, mais il est très peu probable que ces gains puissent être aussi grands que lorsque plus de biens d’équipement sont utilisés, ainsi qu’une utilisation plus directe de l’énergie. Il y a aussi des rendements décroissants clairement en ce qui concerne l’éducation et la formation; par exemple, si nous avons besoin de 10 000 dentistes supplémentaires par an, la formation de 50 000 dentistes supplémentaires par an ne serait pas utile.

Pouvons-nous résoudre notre problème de productivité avec des taux d’intérêt plus faibles, ou avec une augmentation des dépenses publiques?

Je n’y compterais pas trop. Notre problème est un problème d’énergie.

L’augmentation des dépenses publiques pourrait peut-être augmenter un peu les prix des matières premières, et ainsi contribuer à la rentabilité des entreprises produisant des produits de base. La raison pour laquelle les prix des matières premières pourraient augmenter est que l’augmentation des dépenses par les gouvernements agirait en complétant le faible niveau des dépenses par les travailleurs, qui souffrent de la faible croissance des salaires. La vente de biens pourrait augmenter pendant un certain temps, mais la productivité des travailleurs serait encore en retard. La croissance économique resterait, au mieux, très lente. Si l’économie se dirigeait vers la récession ou l’effondrement des pays exportateurs de matières premières, cette situation continuera à être le cas.

Les taux d’intérêt plus bas seraient probablement encore moins utiles que les dépenses publiques. Il n’y a aucune garantie que ces faibles taux d’intérêt entraîneraient une augmentation des dépenses en biens d’équipement qui pourrait bénéficier aux travailleurs. Les banques en Europe et au Japon auraient probablement encore plus de problème à obtenir une rentabilité adéquate que maintenant. Le risque de faillites de banques deviendrait encore plus préoccupant qu’il ne l’est maintenant.

Notre problème est vraiment un manque d’énergie très peu chère à produire et qui peut être utilisée pour supplémenter à moindre coût le travail des hommes. Cette énergie doit être du type adéquat pour correspondre aux exigences de l’équipement existant. Sans ce levier, il est probablement impossible de résoudre notre problème de productivité.

Gail Tverberg – le 20 Septembre 2016 – Source Our Finite World

Traduit par Stéphane, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone

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