Mais quel Moyen Age, sinon celui, primitif, de ces débuts, encore empreint des valeurs, des rites, des croyances du celtisme, le "paganisme" suivant ses détracteurs ? Premiers temps où l'Occident retrouvait ses racines celtes plus anciennes encore dans un Orient identiquement transmetteur des pensées indo-européennes, époque où celtisme et christianisme faisaient encore bon ménage, avant la vague de l'intolérance, l'inquisition de ceux qui n'avaient pu détruire tous les menhirs, tous les dieux locaux autres que leur dieu d'importation.
L'initiation occidentale a été chevaleresque[2]. En témoignent non seulement l'épopée des Chevaliers de la Table Ronde, mais les Chansons de Geste, les Mystères du Moyen Age, les chants des Trouvères, les légendes de Bayard, Chevalier sans peur et sans reproche, Jeanne d'Arc et tous les Ordres de Chevalerie dans tout le continent européen ainsi que les chemins de pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle ou ceux du Paradis vers le Mont-Tombe, et tant d'autres choses encore. Dans l'Europe de ce temps se retrouvent partout les identiques vertus, les identiques légendes, les identiques contes de fées.
L'initiation occidentale a été chevaleresque[2]. En témoignent non seulement l'épopée des Chevaliers de la Table Ronde, mais les Chansons de Geste, les Mystères du Moyen Age, les chants des Trouvères, les légendes de Bayard, Chevalier sans peur et sans reproche, Jeanne d'Arc et tous les Ordres de Chevalerie dans tout le continent européen ainsi que les chemins de pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle ou ceux du Paradis vers le Mont-Tombe, et tant d'autres choses encore. Dans l'Europe de ce temps se retrouvent partout les identiques vertus, les identiques légendes, les identiques contes de fées.
Les mêmes valeurs chrétiennes primitives n'ont-elles pas été à la source de nos meilleures traditions ? Sont « Chevaliers » bien évidemment non seulement les hommes d'arme, mais les compagnons, les moines, les saints, les alchimistes, les calligraphes, les bâtisseurs, etc. ... qui nous laissèrent enluminures et cathédrales, en un temps où l'on ne dissociait pas le spéculatif de l'opératif. Que l'homme contemporain se ressource enfin à l'intelligence des Abélard, Maître Eckhart, saint Bonaventure, à la vraie poésie didactique de Marguerite Porete, aux extraordinaires contes du Graal qui avaient tout dit !
Que vit-il, ce Chevalier?
D'abord l'errance sur les chemins de la Vouivre[3] comme le clament à longueur de pages les Bréviaire du Chevalier qui ont tant fait en Europe pour revaloriser l'éthique de notre patrimoine européen (et la calligraphie) ! Errance, conscience et impeccabilité.
Il cultive, ce Chevalier, l'endurance, la force, les arts martiaux et courtois. Il est Fidèle d'Amour, protège la Veuve et l'Orphelin, tous mots à comprendre dans leur sens véritable et que la Franc Maçonnerie reprendra dans son vocabulaire.
Il « combat le Dragon, le soumet, et délivre alors, non pas la femme extérieure des contes et des légendes, mais le réceptif de lui-même qui lui permettra d'être juste dans l'action. »[4]
Il maintient le Dragon-Vouivre à sa juste place, à l'image des saint Michel ou saint Georges si populaires dans tant de pays ; il apprivoise la Licorne parfois[5], boit à la Fontaine de Jouvence, découvre la Virginité véritable : l'état d'être « libre et vide et d'une pureté intacte en son intérieur (...) aussi libre que quand on n'était pas »[6].
Il accède à la véritable noblesse qui est celle du corps, du cœur et de l'esprit.
Il épouse Mélusine, ou toute autre Fée, ou une Princesse, fille de Roi, qui lui permet, après transgression d'un interdit et les épreuves qui s'en suivent, de retrouver sa divinité, sa Royauté véritable. Beaucoup de familles nobles dans toute l'Europe, ne prétendent-elles pas à une origine non humaine?
Les grottes, les cryptes dédiées à la Vierge Noire, les forêts gardées par les Frères Feuillus, les tombes de Gargantua et autres géants, ont été, pour lui, des lieux d'initiation.[7]
Il est alchimiste, tel ce Balthasar dont Frédéric Tristan nous conte les tribulations héroïques à travers les réseaux de chercheurs de vérité (les hérétiques) qui quittent les « moutons de Panurge » et à qui son Maître révèle le sens profond de la voie: « Elle nous enseigne préalablement que la réalité n'est pas une mais légion. Puis elle nous apprend que ces fragments ont un sens. Ensuite elle nous dit que ces sens coïncident et forment ainsi une seule réalité. Serait-ce qu'elle nous mentit ? Aucunement. Il s'agissait seulement de se dépouiller d'une fausse conception du réel pour approcher du réel lui-même. (...) c'est toi et toi seul le lien et le sens de ces fragments. »[8]
Après les voyages inter-communautés d'après 68, les retrouvailles sur les routes des Indes, les gangs de punks et autres groupes « branchés », le Réseau n'est-il pas, à l'heure actuelle, ce grand mouvement, au-delà du new-age et des spiritualités, la véhiculation sans frontière d'une identique soif d'existence saine, ...., humaine et véridique ? Une identique et éternelle Chevalerie ?
Le retour à l'Unité de soi est partout rappelé comme but ultime.
Mais la pratique des Vertus établit dans la Voie du Salut, celle de la Chevalerie terrestre et devient vite obstacle à la Vérité (vers IT dit la Langue des Oiseaux[9]) puisqu'elle empêche l'Etat de Nature qui seul conduit à la Libération. Les Prud'hommes qui renseignent (re-enseignent) souvent les Chevaliers dans les romans de la Table Ronde portent témoignage de la Chevalerie Célestielle[10] . Lors du passage de l'une à l'autre Chevalerie, les chevaliers terrestres abandonnent leurs montures, cessent d'être à leurs chevaux-liés, et s'abandonnent à la Nef[11] dans laquelle ils « ne se dirigent plus eux-mêmes, mais sont dans une arche guidée invisiblement par la main de Dieu. »[12]
Ils sont semblables en cela, dans une autre imagerie, au héros mythique celte Cûchulain, ou au Chevalier Vert[13], aux nombreux saints céphalophores qui marchent, comme saint Denis, en suivant les chemins de la Vouivre, tenant dans leurs mains leur tête tranchée[14] . C'est la voie directe de l'Alchimie, sans interférence d' « ego inférieur »[15].
Nous avons là tout un Cheminement Initiatique[16], l'une des colorations de la Tradition Universelle, dont les images ont été maintenues par les Connaissants, gravées dans les chapiteaux et sur les porches de nos églises, peintes par les enlumineurs, dessinées dans les traités d'Alchimie, mises en vers par les Fidèles d'Amour.
Le Fil est toujours maintenu, rappel constant de la Voie, au sein de la contre-nature, du « fumier »[17] toujours actuel.
« Mais Toi seul, Dieu, en ce chaos penses et me penses, Toi seul es la vérité, lorsque toutes les vérités se sont changées en sable ...[18]
Robert Régor Mougeot
----------------------------------------------------------------------
[1] - La Crise du Monde Moderne, 1946.
[2] -Voir De l'Initiation Chevaleresque dans la Légende Arthurienne .-D.Viseux, Dervy-Livres, 1980.
[3] - Le Bréviaire du Chevalier, tomes I et II.- Emmanuel .- Le Point d'Eau, 1983.
[4] - La Vouivre, un symbole universel . - Kintia Appavou et Régor R.Mougeot .- La Table d'Emeraude, 1993, p. 110.
[5] - Ce symbole européen, sinon universel.
[6] -Oeuvre -Maître Eckhart .- p. 268.
[7] - Voir Les Racines Sacrées de Paris et les Traditions de l'Ile de France .- Pierre Gordon .- Arma Artis 1981 et Le Vrai Gargantua, Mythologie d'un Géant .- G.E.Pillard, Imago, 1987.
[8] - Les Tribulations Héroïques de Balthasar Kober .- Editions Balland, 1980, p. 154.
[9] -De la Chevalerie à la Libération .-Yves Monin (Emmanuel) -Le Point d'Eau, 1990.
[10] -Traité de Réintégration des Structures de l'Existence Yves Monin (Emmanuel).- Auto-Edition, 1993, p. 90.
[10] - Que la Langue des Oiseaux décrypterait sans doute par : négation du feu dévié et naissance au Feu manifesté d'I-rectement.
[12] - Initiation Chevaleresque et Initiation Royale dans la spiritualité chrétienne .- Gérard de Sorval, Dervy-Livres, 1985, p. 99.
[13] - Voir Gauvain et le Chevalier Vert .- Traduction Alma L.Gaucher .- Le Point d'Eau, 1990.
[14] - Ibid. la note 4, chap. De la Chevauchée de la Tarasque à la Décollation.
[15] - Karuna .- L'Instruction du Verseur d'Eau .- Le Point d'Eau.
[16] - Voir Du Cheminement Initiatique imagé par Saint Roch et sa Vie Exemplaire d'après les Enseignements d'Emmanuel .- Régor .- Les Amis du Désert, 1988.
[17] - Allusion au "fumier du Moyen Age"; voir le texte précédent qui cite cette expression de George Sand, dans Consuelo, Edition La Sphère, 1979, p. 372.
[18] - Ibid. la note 8, p. 180.
Robert Régor Mougeot
----------------------------------------------------------------------
[1] - La Crise du Monde Moderne, 1946.
[2] -Voir De l'Initiation Chevaleresque dans la Légende Arthurienne .-D.Viseux, Dervy-Livres, 1980.
[3] - Le Bréviaire du Chevalier, tomes I et II.- Emmanuel .- Le Point d'Eau, 1983.
[4] - La Vouivre, un symbole universel . - Kintia Appavou et Régor R.Mougeot .- La Table d'Emeraude, 1993, p. 110.
[5] - Ce symbole européen, sinon universel.
[6] -Oeuvre -Maître Eckhart .- p. 268.
[7] - Voir Les Racines Sacrées de Paris et les Traditions de l'Ile de France .- Pierre Gordon .- Arma Artis 1981 et Le Vrai Gargantua, Mythologie d'un Géant .- G.E.Pillard, Imago, 1987.
[8] - Les Tribulations Héroïques de Balthasar Kober .- Editions Balland, 1980, p. 154.
[9] -De la Chevalerie à la Libération .-Yves Monin (Emmanuel) -Le Point d'Eau, 1990.
[10] -Traité de Réintégration des Structures de l'Existence Yves Monin (Emmanuel).- Auto-Edition, 1993, p. 90.
[10] - Que la Langue des Oiseaux décrypterait sans doute par : négation du feu dévié et naissance au Feu manifesté d'I-rectement.
[12] - Initiation Chevaleresque et Initiation Royale dans la spiritualité chrétienne .- Gérard de Sorval, Dervy-Livres, 1985, p. 99.
[13] - Voir Gauvain et le Chevalier Vert .- Traduction Alma L.Gaucher .- Le Point d'Eau, 1990.
[14] - Ibid. la note 4, chap. De la Chevauchée de la Tarasque à la Décollation.
[15] - Karuna .- L'Instruction du Verseur d'Eau .- Le Point d'Eau.
[16] - Voir Du Cheminement Initiatique imagé par Saint Roch et sa Vie Exemplaire d'après les Enseignements d'Emmanuel .- Régor .- Les Amis du Désert, 1988.
[17] - Allusion au "fumier du Moyen Age"; voir le texte précédent qui cite cette expression de George Sand, dans Consuelo, Edition La Sphère, 1979, p. 372.
[18] - Ibid. la note 8, p. 180.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.