16 juin 2016

EDF bientôt en faillite ?


Le projet colossal de la construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point, en Angleterre, provoque une crise à EDF. L'atome menace-t-il la survie financière de l'électricien français ? Le point...

Lundi noir pour EDF (électricité de France), qui a plongé en Bourse de 8%, après la confirmation de la démission, la semaine dernière, du directeur financier du groupe. Thomas Piquemal, qui s'inquiète de la situation financière du géant français de l'électricité, émet de sérieux doutes sur la "faisabilité à court terme" du projet pharaonique des deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre.

Avec un bénéfice net divisé par trois en 2015, à 1,2 milliard d'euros, l'électricien doit faire face à une chute des prix de marché de l'électricité en 2015 qui pèse sur ses marges, alors qu'il est confronté à d'énormes besoins d'investissements pour sa filière nucléaire. Voici les cinq gros dossiers atomiques qui menacent les comptes d'EDF.
 
1. Les EPR britanniques

Hinkley Point, un projet à 23,3 milliards d'euros

La centrale anglaise est-elle la goutte d'eau qui fait déborder le vase déjà plein à ras bord des ennuis d'EDF ? Il y a deux ans et demi, EDF a signé un accord de principe pour construire deux réacteurs EPR sur le site de Hinkley Point (sud-ouest de l'Angleterre). Un projet à 23,3 milliards d'euros, perçu par les syndicats et de nombreux cadres d'EDF comme le projet de trop, celui qui pourrait finir par faire couler l'électricien. Et qui provoque une polémique au plus haut niveau de la direction du groupe, comme en atteste la démission de son directeur financier.

Le géant français de l'électricité, contrôlé à 84,5% par l'Etat français, a dû prendre une participation majoritaire de 66,5% dans le projet controversé anglais, aux côtés de l'entreprise publique chinoise CGN qui assumera un tiers du financement après le retrait du groupe français Areva - le concepteur de l'EPR - lui-même en faillite.

Pour ce chantier, l'électricien doit prévoir un investissement de 16 milliards d'euros, alors que son bilan affichait déjà une dette nette de 37,4 milliards d'euros à la fin 2015 et que son cours de Bourse a fondu de plus de moitié en un an. EDF, dont le titre est passé sous les 10 euros, ne vaut plus que 18 milliards en Bourse

2. Le sauvetage d'Areva

Au moins 2,5 milliards d'euros pour sauver Areva

Contraint par l'Etat de participer au sauvetage d'Areva, l'un des leaders mondiaux de l'énergie nucléaire, en proie à un déficit abyssal (2 milliards d'euros de perte en 2015), EDF doit aussi débourser 2,5 milliards d'euros - sur les 5 milliards nécessaires pour renflouer le groupe français - afin d'acquérir la branche Areva NP, chargée de la conception des réacteurs nucléaires.

EPR de Flamanville : de 3,3 à 10,5 milliards d'euros. EPR finlandais: de 3,5 à 8 milliards d'euros

Un dossier brûlant, au coeur duquel on retrouve aussi les EPR. L'offre d'achat d'EDF dépend encore de la sanctuarisation du chantier de l'EPR d'Olkiluoto en Finlande, conduit par Areva. Après avoir démarré en 2005, le site finlandais accuse 9 ans de retard.

Le second chantier à problème pour Areva et EDF, se situe en France, à Flamanville (Manche). L'EPR de la nouvelle centrale française qui devait entrer en production en 2012, ne fonctionnera pas au mieux, avant 2018. Entre temps, le site normand qui accumule les déboires techniques aura vu son coût multiplié au moins par 3...

Deux autres réacteurs EPR construits par Areva en Chine, eux, devraient être bientôt finis. La centrale nouvelle génération de Taishan, commencée en 2008, pourrait ainsi être la première au monde à fonctionner.
3. La durée de vie des centrales nucléaires

Le coût du "grand carénage" : de 56,4 milliards à 100 milliards d'euros

EDF veut aussi prolonger la vie de son parc électronucléaire et mettre à niveau ses 58 réacteurs nucléaires, dont la moyenne d'âge est de trente ans. Conçus pour fonctionner quarante ans, ils sont pour la plupart proches de leur arrêt. Une prolongation d'ores et déjà un poil contradictoire avec l'objectif de la transition énergétique qui prévoit de réduire de 77 à 50% la part du nucléaire dans le bouquet électrique tricolore en 2025.

Quoiqu'il en soit, le coût de l'opération s'élèverait à 56,4 milliards d'euros selon l'électricien, voire plutôt à 100 milliards selon la Cour des comptes qui s'est émue dans son rapport 2016 de l'énormité du montant du "grand carénage".
 
4. Le stockage des déchets radioactifs et le projet Cigéo

Un devis d'au moins 32 milliards d'euros

Le très polémique projet Cigéo de stockage profond des déchets radioactifs français à Bure, dans la Meuse, est estimé à 32,7 milliards d'euros. Le devis révisé entraîne une hausse des provisions d'EDF à 800 millions d'euros.

5. Le démantèlement des réacteurs nucléaires

Combien de dizaines de milliards d'euros pour le démantèlement des centrales ?

EDF doit aussi être en mesure de provisionner le démantèlement de ses centrales. Or, le plus grand flou règne en la matière. Fin 2003, la Cour des comptes situait le coût du démantèlement entre 20 et 40 milliards d'euros, EDF parlant de 18 milliards d'euros. Le chiffre de 15% de l'investissement initial, soit 300 millions d'euros pour une centrale de 2 milliards d'euros circule aussi.

A titre de comparaison, l'Allemagne dont le dernier des 28 réacteurs (l'équivalent de la moitié du parc français) s'arrêtera en 2022, a provisionné près de 40 milliards d'euros pour ses chantiers de démantèlement qui ont déjà commencé et devraient s'achever vers 2040. On pourrait donc évoquer un coût total pour la France d'au moins 80 milliards d'euros... Bref, Cigéo et le démantèlement sont des gouffres financiers sans fond.
 
Le parc thermique en berne...

L'atome n'est pas le seul point noir dans la vie du groupe. EDF perd aussi beaucoup d'argent avec ses centrales thermiques, qui souffrent des surcapacités de production et ont généré un cash-flow négatif de plus de 800 millions d'euros l'an dernier.

L'électricien envisage ainsi de fermer par anticipation d'ici à 2018, la moitié de son parc thermique (charbon, gaz, fioul), soit six tranches de fioul (5,2 gigawatts de capacités de production). Après l'arrêt des deux tranches de la centrale d'Aramon (Gard) depuis le début de l'année, ce sont Porcheville (Yvelines) et les deux tranches de Cordemais (Loire-Atlantique) qui seront fermées.
... et la chute des prix de gros de l'électricité

Le coût de la production des énergies renouvelables baisse depuis 10 ans

Autre souci, les prix de gros de l'électricité ne cessent de chuter, à environ 26 euros le MW/h, au lieu de 41 euros il y a un an. A ce niveau de prix, EDF couvre tout juste ses charges d'exploitation. Et ce, alors même que le coût de la production des énergies renouvelables ne cesse de baisser depuis six ans, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publié le 31 août 2015 avec l'Agence pour l'énergie nucléaire (AEN), sur les coûts projetés de la production d'électricité.

"Une augmentation des tarifs réglementés des particuliers"

Dans un tel contexte, rien d'étonnant à ce que le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, dans une interview publiée par le journal "Le Monde "le 12 février dernier, ait demandé à l'Etat, son premier actionnaire, "un rattrapage sur les tarifs réglementés des particuliers". En clair, une augmentation du prix de l'électricité pour les consommateurs. A un an d'une présidentielle à très haut risque pour le parti socialiste aujourd'hui aux manettes de l'Etat, pas sûr que l'idée de ponctionner un peu plus les électeurs ait du succès...

On le voit, s'il n'est pas son seul problème, le nucléaire plombe lourdement les comptes d'EDF qui doit encore aussi se positionner comme un acteur-clé de la transition énergétique. L'Etat français a toutefois réaffirmé ce lundi sa pleine confiance au PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy, et renouvelé son soutien au projet de réacteurs nucléaires EPR d'Hinkley Point.

Source
 
Pour résumer, le prix marché de l'électricité baisse, mais EDF augmente ses tarifs pour se renflouer, vu son incapacité à construire les centrales EPR qu'elle a vendu, avant même de savoir si elles fonctionneraient un jour..
 
Pour mémoire, les centrales nucléaires françaises ne sont pas de conception française, mais américaine. Plutôt que de promouvoir la filière française UNGG, le gouvernement Jacques Chaban-Delmas (Président Georges Pompidou) à préféré racheter à prix d'or des brevets à Westinghouse et à  General Electric !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.