14 mars 2016

Pourquoi ne parle-t-on jamais d’AWF Music ?


Tous les Français connaissent l’existence de Bygmalion. Rares sont ceux en revanche qui ont entendu parler de AWF Music, le petit Bygmalion socialiste. La France est une démocratie étrange : magistrats, journalistes et politiques se délectent des misères de l’opposition, mais affichent une bienveillance étonnante avec le pouvoir. Surtout quand il est de gauche. Pourquoi ne parle-t-on jamais d’AWF Music ?

D’abord, les faits : AWF Music était une société d’événementiel dirigée par Aissa et Nathalie Arif, frère et belle-soeur d’une star socialiste de la région Midi-Pyrénées : Kader Arif. Ce proche de François Hollande a été nommé, en avril 2014, secrétaire d’État aux Anciens Combattants…

Pour commencer, AWF Music rafle les appels d’offres du conseil régional socialiste de Midi-Pyrénées. Une facture de 1,7 million d’euros.

Puis, AWF Music vise plus haut : la campagne de François Hollande à la primaire socialiste de 2011. Et la campagne présidentielle. Un marché plantureux qui rapporte 700 000 euros à la société toulousaine. Après quelques mois, l’entourage de Hollande décide de rompre le contrat de la société d’événementiel et lui verse un dédommagement de 85 000 euros… Une somme que le PS oubliera d’incorporer dans les comptes de campagne de François Hollande (ce qui, au passage, devrait les rendre caducs…).

En dépit de ces juteux contrats, AWF Music dépose le bilan, en mai 2014, accusant une perte de 240 000 euros. Quelques jours plus tard, deux sociétés voient le jour : AWF et All Access, enregistrées aux noms des deux fils d’Aissa Arif. Bien vu : AWF se voit attribuer de nouveaux contrats par le conseil régional et All Access obtient un premier contrat de Kader Arif, le tout nouveau secrétaire d’État en charge des Anciens Combattants. Cette fois, la police judiciaire toulousaine décide d’ouvrir une enquête préliminaire pour favoritisme dans l’attribution de marchés publics. Les découvertes se succèdent : comment une société qui a réalisé un chiffre d’affaires de 899 000 euros, en 2013, a-t-elle pu se retrouver en dépôt de bilan ? Y aurait-il eu détournement de fonds ? S’agit-il du financement occulte d’un parti politique ? Kader Arif quitte le gouvernement après sept mois seulement.

Aujourd’hui, où en est l’enquête ? Mystère. Depuis plus d’un an, on attend que les perquisitions et l’épluchage des comptes d’AWF Music apportent des réponses. Mais le parquet national financier (créé par François Hollande), si zélé pour l’affaire Bygmalion, semble prendre son temps. Et la bonne presse préfère s’intéresser à Bygmalion plutôt qu’à AWF Music. À ce rythme, nous ne sommes pas près de connaître la vérité.

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