02 janvier 2016

Calais : devant l'impuissance du gouvernement, la situation va dégénérer...


Le collectif Les Calaisiens en colère, qui se dit « apolitique » et « non violent », organise des rondes nocturnes autour des maisons de la route de Gravelines pour les « prémunir des intrusions de migrants ». Cette présence, qui « rassure » les riverains, attire aussi des membres de groupes identitaires extérieurs à Calais aux messages haineux et anti-migrants, diffusés dans deux vidéos.

Depuis un mois et demi, des membres des Calaisiens en colère se relaient chaque nuit, de 20 h 30 jusqu’à 5 h du matin, route de Gravelines. Postés à côté du fourgon des CRS, ces Calaisiens et Calaisiennes, agents de sécurité pour la plupart, viennent spontanément assurer une ronde, une « présence », comme ils le répètent. Équipés d’une lampe torche « et de rien d’autre », ils surveillent les jardins des maisons de la petite impasse après le pont, longent le chemin de terre qui mène à la rocade, regardent les fossés. Les riverains de la « jungle », ce camp insalubre toléré par l’État dans lequel vivent plus de 4 500 exilés, sont en première ligne lors des affrontements sur la rocade portuaire entre CRS et réfugiés qui tentent désespérément de passer en Angleterre. Ils se plaignent « des migrants qui entrent dans leur jardin, qui défoncent les palissades de bois, les grillages », racontait en novembre cette riveraine, maman de trois enfants.

 

« Notre présence dissuade les migrants », explique Laurent, porte-parole du collectif. « Je suis contente. Leur présence me rassure. On peut partir sans inquiétude. On sait que des gens surveillent nos maisons », confie Nicole, riveraine et membre du collectif qui se revendique « apolitique » et « non violent ». Pourtant, une vidéo postée sur sa page Facebook dans la nuit du 17 au 18 décembre jette le trouble : https://youtu.be/_Nrne3dfu6Q
 
La scène nocturne, filmée par le collectif depuis le pont surplombant la rocade-est, montre des affrontements entre CRS et migrants qui ont envahi la rocade. On entend des personnes insulter avec animosité les réfugiés. Une voix masculine lance alors : « Je vais chercher mon gun ! C’est la guerre ce soir ! J’ai un Flash-Ball chef, je peux l’utiliser ? » :
https://youtu.be/jiTibTb_qKg
 
Sur une deuxième vidéo, également postée sur la page des Calaisiens en colère , des migrants, apeurés, s’enfuient au retentissement de tirs de coups de feu. Des commentaires anti-migrants sur Facebook parlent d’un « pistolet à billes ».

« Milices » ?

Les vidéos, dénoncées par Philippe Wannesson sur son blog Passeurs d’hospitalités , ont été rapidement retirées de la page. Le militant associatif voit dans ces rondes des « milices » qui « sévissent au prétexte de la protection des riverains ».


Laurent, porte-parole, ne nie pas la paternité des vidéos et revendique leur publication par les Calaisiens en colère. Il était présent ces nuits-là. « On voulait filmer l’ambiance pour montrer ce qui se passe. Il n’y avait pas d’arme. Moi, je n’en ai pas vu. Mais il y avait beaucoup de monde. C’était peut-être des tirs de lacrymo des CRS », tente-t-il de justifier. Laurent reconnaît que leurs rondes nocturnes attirent des « gens haineux », de mouvances extrémistes « de Lille, Dunkerque, qui n’ont rien à voir avec nous », et dont l’intention est de « casser du migrant », déplore-t-il. « Nous condamnons ça. D’ailleurs, on en a viré plusieurs. Nous sommes là pour la sécurité des Calaisiens et éviter qu’un drame se produise ».

Contacté, le parquet de Boulogne-sur-Mer n’a pas été en mesure de nous indiquer si une enquête a été ouverte suite à la diffusion de ces deux vidéos.

Un collectif en paradoxes


Les Calaisiens en colère est un collectif créé par des riverains du chemin des Dunes et de la route de Gravelines, début juin. Sur sa page Facebook, il est précisé que le groupe « se veut apolitique, non raciste et pour l’unité des Calaisiens face à l’insécurité due aux migrants ! Merci d’éviter tout racisme et incitations à la violence. » Il entend aussi vouloir se désolidariser du collectif nationaliste et anti-immigration Sauvons Calais, dont le leader est Kevin Reche, candidat du Parti de la France aux régionales, qui avait relayé des initiatives des Calaisiens en colère. Lors de ses manifestations officielles, en octobre, le collectif « apolitique » avait pourtant laissé la parole à Samuel Delcloy de la liste Front national aux municipales à Calais et Yoann Delattre, candidat du Front national aux municipales à Guînes .

Figures symboliques des Calaisiens en colère, Nadine et sa fille Sarah Guerlach , riveraines du chemin des Dunes. Cette dernière était au meeting de Marine Le Pen à Calais, en octobre dernier .

Une initiative qui fait réagir


Gilles Debove, porte-parole du syndicat Unité SGP-Police-FO. « La création de ces collectifs, et par extension de ces rondes, est le résultat d’une inertie du gouvernement. Les Calaisiens se sentent abandonnés alors ils se rassemblent. Pour l’instant, ces rondes nocturnes ne gênent pas les forces de l’ordre. Mais chacun son travail. Les policiers savent ce qu’ils ont à faire. »


Philippe Mignonet, adjoint à la sécurité à la Ville. « Je condamne la violence diffusée dans ces vidéos. J’ai déjà vu certains du collectif équipés de tonfa. Parmi les Calaisiens en colère ou apparentés, certains sont d’extrême-droite et font de l’immigration un sujet politique. Ils n’attendent qu’une chose : que ça éclate pour s’en prendre aux migrants. Et du côté des No Borders, il y a aussi des gens qui instrumentalisent les migrants et les desservent. »


Fabienne Buccio, préfète du Pas-de-Calais. « Même si je comprends l’exaspération des Calaisiens, je condamne fermement tous les propos haineux à l’égard des migrants. Ce n’est pas le bon moyen de progresser dans la gestion délicate de ce dossier. Lorsque des dérapages sont observés, les services en charge de la sécurité interviennent pour rétablir l’ordre et interpeller les auteurs des troubles qui sont présentés à l’autorité judiciaire. Le fait que des citoyens souhaitent concourir à la sécurité de leur commune ne me choque pas. En revanche, la mobilisation citoyenne ne saurait en aucun cas se prévaloir de prérogatives administratives ou judiciaires. Elle doit s’inscrire dans le respect des lois et dans des dispositifs comme celui des Voisins vigilants. Par ailleurs, « je ne peux pas accepter que des groupes identitaires puissent, à un moment donné, profiter d’une situation compliquée pour avancer des thèses contraires aux principes de notre République. »

PAR ARIANE DELEPIERRE

Source 
 
Les victimes sont des deux côtés. Le gouvernement est totalement impuissant à résoudre se drame qui gonfle de jour en jour. Devant les haines qui s'attisent, il y aura mort d'homme à brève échéance... Peut-être une volonté du gouvernement ?

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