Les dernières péripéties électorales et l'avènement d'une ébauche de gouvernement corse qui en résulta ont eu pour vertu première de remettre la question de l'Indépendance de la Corse au centre du débat public, tant sur l'île qu'au sein du marigot politico-médiatique parisien, alors même qu'elle n'était pas l'enjeu de l'élection.
Prenant prétexte de la défense de l'unité de la République Française, les attaques d'une rare médiocrité émanant à part quasi-égale d'éléments se réclamant du souverainisme jacobin ( Philippot, Chevènement ) et d'agents adoubés de la "gouvernance globale" ( Valls, Juppé ..) ont mis en évidence la convergence de ces deux points de vues et, par delà leur apparent antagonisme, la crainte partagée de ce que signifie en réalité ce renouveau de conscience d'un peuple européen authentique.
Les centres de pouvoirs atlanto-mondialistes qui actionnent toutes ces marionnettes n'ignorent pas les déflagrations d'ordre idéologiques, mais aussi métapolitiques voire métaphysiques contenues en puissance par ce type de nationalisme éthno-culturel européen. L'Idée Nationale Corse peut être appréhendée de manière moderne,partielle et mutilée, sous l'angle exclusif des problématiques économico-sociales ( croissance et développement ) ou même culturelles ( survie de la langue ..), auquel cas des solutions peuvent être envisagées dans le cadre du Système ( autonomie de gestion, voire indépendance formelle et intégration au sein de l'Union Européenne.), lequel s'accomoderait fort bien d'une Corse-Kosovo ou une Corse-Monaco dédiée à ses basses oeuvres.
Tout autre est la conception Traditionnelle de l'Idée Nationale Corse, articulée autour de la notion aristocratique de MISSION spirituelle et civilisationnelle dévolue à notre peuple. La Mission impliquant le Service est l'apanage prioritaire des deux premières fonctions ( sacerdotale et guerrière ) d'une société "en ordre". Royaume catholique sans roi placé sous protection mariale, province de l'IMPERIUM ROMANUM relevant juridiquement du Saint-Siège, la Corse semble désignée pour accomplir une tache digne de sa glorieuse histoire: celle de constituer, en tant qu'avant poste de la Chrétienté en Méditerrannée, l'épicentre d'une révolution conservatrice restaurant la civilisation latine au sud de l'Europe. La période actuelle de "fin de cycle" et la confusion extrême qui la caractérise sur tous les plans des existences individuelles et collectives exige, conformément aux principes de toutes les doctrines traditionnelles, que l'oeuvre de renouveau soit le fait d'une infime minorité de "Veilleurs dans la Nuit", appelée à éclairer et inspirer, lorsque l'heure sera venue, des masses européennes aujourd'hui assoupies et maintenues sous hypnose par le Spectacle occidental.
La volonté d'assumer un destin existentiel que traduit la revendication indépendantiste s'inscrit dans une logique sécessionniste d'avec les doctrines crépusculaires régissant la puissance occupante. La primauté donnée au monde paysan dans le projet indépendantiste, les valeurs guerrières qu'incarnèrent symboliquement les organisations clandestines, le retour en force du thème "Corsica terra Cristiana" dans l'imaginaire collectif relèvent de l'aspiration traditionnelle à un "corps social" impliquant une communauté organique différenciée et solidaire qui condamne, par sa nature même, la conception occidentalo-moderne de la société envisagée comme une masse de consommateurs qui ne se distinguent que par leur pouvoir d'achat.
C'est bien l'inquiétude des cercles dirigeants, officiels et occultes, de la République Française face cette possible orientation donnée à l'émancipation d'une petite île réceptacle d'une culture millénaire et de nouveau pressentie pour "étonner l'Europe" ( J.J. Rousseau ) qui suscita les réactions hystériques exprimées sur commande tout au long de la semaine écoulée. Et il ne fait guère de doute que leurs craintes furent exacerbées par les images de serment prêté par les nouveaux élus nationalistes ( qui peut-être ne mesuraient pas la radicale portée idéologique de leur acte ) sur la "ghjustificazione della rivoluzione di Corsica", l'ouvrage d'inspiration thomiste écrit en 1758 par l'abbé Salvini justifiant les insurrections corses du XVIIIeme siècle par le caractère bourgeois, totalitaire et marchand de la République de Gènes, qui en ce temps là dominait l'île. La description de l'oppresseur d'alors s'applique intégralement à celui d'aujourd'hui. Elle explique la confrontation séculaire opposant le peuple corse à l'Etat français, les paradigmes respectifs de ces deux acteurs incarnant des conceptions du monde s'excluant mutuellement.
De fait et quels que soient les discours et idéologies proclamés, le moteur premier des démarches de riacquistu qui se succédèrent en Corse depuis la fin du XIXe siècle fut une "révolte contre le monde moderne".Il en sera de même pour le processus d'émancipation national amené à se développer dans les prochaines décennies et la fin de ce monde que chacun pressent intimement donnera à ses opposants les plus conscients, les plus résolus, la légitimité ultime de guider notre peuple, en cette époque d'interrègne, vers l'aurore d'un nouveau futur.
A Squadra
Citation complète de Jean-Jacques ROUSSEAU :
"S'il suffisait de vouloir la liberté, le monde entier serait libre
Si j'étais maître de la foudre, je m'en servirais pour défendre la patrie
Il est encore en Europe un peuple capable de législation, l'île de Corse. J'ai quelque pressentiment qu'un jour cette petite île étonnera l'Europe
Si j'étais maître de la foudre, je m'en servirais pour défendre la patrie
Il est encore en Europe un peuple capable de législation, l'île de Corse. J'ai quelque pressentiment qu'un jour cette petite île étonnera l'Europe
(J-J. Rousseau)
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