16 décembre 2015

La pénurie de médicaments s'aggrave en France


Le nombre de traitements en rupture de stock a été multiplié par dix entre 2008 et 2014. Chaque jour, 5 % des médicaments manquent dans les officines, qui s'organisent peu à peu pour freiner le phénomène.

Le chiffre a de quoi alarmer: depuis 2008, le nombre de médicaments manquants a été multiplié par dix en France. Fin novembre, 170 références (sachant qu'une molécule est souvent distribuée sous plusieurs références) étaient déclarées absentes dans les officines de l'Hexagone, constate l'Ordre des pharmaciens. Chaque jour, 5 % des médicaments sont en rupture de stock. Heureusement, les pénuries, qui durent en moyenne 94 jours, ne concernent pas que les traitements importants, dits «médicaments d'intérêt thérapeutique majeurs» (MITM). Et aucun accident mortel n'est à déplorer jusqu'ici.

Mais les pénuries, un phénomène malheureusement propre à tous les pays, ont pris des proportions alarmantes. En France, 3 % de ces ruptures de stocks concernent les médicaments dermatologiques et un vaccin sur dix manque. Les parents ont eu tout lieu de s'en émouvoir depuis fin 2014 alors que les vaccins DTP, contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche et BCG, contre la tuberculose, sont introuvables.

Le phénomène a de nombreuses causes. Il est lié en grande partie à la consolidation et à la délocalisation de la production. Certains principes actifs, comme l'aspirine, ne sont plus fabriqués que sur un seul site, souvent en Asie, même lorsqu'ils sont utilisés par plusieurs laboratoires concurrents. Or, la production peut être brutalement remise en cause par un aléa climatique, de transport, informatique… Quant à la qualité de la production, elle se dégrade, souligne l'Agence du médicament, l'ANSM, et cela entraîne une hausse des médicaments retirés du marché.
Un nouveau logiciel en officine

Autre facteur clé de pénurie: la mondialisation. Les pays émergents accèdent de plus en plus aux traitements mais les volumes de production ne suivent pas toujours. La solution s'aggrave en cas d'épidémie. La pénurie de DTP nourrisson est ainsi liée à une recrudescence des cas de coqueluche dans le monde, qui a incité les États-Unis, l'Inde et une quinzaine de pays à inscrire le vaccin contre cette maladie au calendrier vaccinal des femmes enceintes tandis que d'autres États programmaient des rappels.

Décidé à lutter contre ces pénuries, l'Ordre des pharmaciens a lancé la plateforme informatique DP-rupture. Déjà utilisé par 3000 officines et attendu dans 16.000 pharmacies en 2016, ce logiciel signale automatiquement à l'industriel le ou les médicaments manquants. «Avec cette plateforme, on n'évite pas la pénurie mais on fait circuler l'information plus vite. En anticipant les ruptures d'approvisionnement, les pharmacies seront mieux à même de les résoudre», résume Isabelle Adenot, présidente de l'Ordre des pharmaciens.

D'autres mesures, adoptées il y a quelques jours dans le cadre de la loi de santé, pourraient permettre d'atténuer les ruptures de stocks. Les industriels seront désormais priés de proposer un plan de gestion des pénuries (moyen d'augmenter la production, liste de médicaments concurrents mais similaires...) pour les médicaments d'intérêt majeur. «Les laboratoires ont déjà des stratégies pour faire face aux pénuries. Mais, ces plans formalisés leur permettront d'être encore plus rapidement réactifs si la rupture survient», se félicite Anne Carpentier, directeur des affaires pharmaceutiques du Leem, le syndicat des fabricants de médicaments. Quant aux grossistes répartiteurs, ils n'auront plus le droit d'exporter certains produits s'ils n'ont pas un stock suffisant.

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