07 septembre 2015

Le travail la peur au ventre...


« Selon vous faut-il laisser les entreprises fixer librement le temps de travail par accord avec leurs salariés ? »

C’était la question posée il y a quelques jours par sondage aux français. J’en discutais au téléphone, et mon interlocuteur, interloqué par une telle réponse aussi massivement positive à cette question, puisque 71% des sondés ne s’y disaient pas hostiles du tout, et ce dernier me dit, « ce n’est pas possible, c’est encore un faux sondage »

Je n’en suis même pas sûr, ou pour être plus précis, je suis presque persuadé, que ce sondage est véridique et la question relativement claire et simple.

Et vous savez pourquoi ? Parce que nos concitoyens ont peur et que l’on fait presque tout pour entretenir cette peur à commencer par abreuver les téléspectateurs de séries immondes, avec des légistes dépiautant des cadavres en gros plan avec marqué « experts » sur leur tee-shirt !

Le cadavre en court d’autopsie ayant été tué par un gentil voisin, l’ex-mari de la victime, le père de la meilleure amie de votre fille, transformant le monde entier autour de vous en un ramassis de prédateurs n’attendant que de vous manger. D’où la question logique en fin de soirée « chérie tu as bien fermé la porte à clef ? Et les volets ? Personne ne se demande à quel point les émissions de télé sont anxiogènes, mais elles sont anxiogènes. Nous sommes conditionnés à la peur et le marché du travail vous en serez d’accord a effectivement de quoi faire peur.

Le travail la peur au ventre !


Combien de gens partent tous les matins au travail la boule au ventre devant affronter de peurs sourdes ? En réalité une immense majorité.

Peur de la perte du travail et du déclassement social allant avec.

Peur des objectifs pas atteints,

Peur du management, des petits chefs, des petits cadres à l’esprit étriqué chien de garde de l’entreprise et de l’esprit « corporate » !

Peur du chefaillon totalement caractériel mais contre lequel on ne peut rien,

Peur évidemment de se retrouver au chômage et de ne jamais rien retrouver.

Peur du RSA, peur de ne pas pouvoir aider ses enfants.

Cette peur est d’autant plus forte que l’on est « vieux » (on est désormais vieux sur le marché du travail à partir de 37 ans) ou trop jeune et que l’on n’a pas d’expérience ou pas le niveau d’étude requis.

Alors oui, les français ont peur, tous très peur de perdre leur travail. Peut-on leur en vouloir ? Évidemment non, ce réflexe non seulement est naturel mais en plus c’est parfaitement logique.
Nous avons tous les mêmes problèmes et nous sommes pourtant seuls et isolés !

C’est là tout l’immense paradoxe et l’immense succès du totalitarisme marchand qui a réussi à ne faire de nous que des consommateurs individualistes assoiffés de possessions matérielles abdiquant aussi bien notre rôle de citoyen que de syndiqué !

Alors que nous devrions être unis nous n’avons jamais été autant indifférents au bien commun, hostile à l’autre ne voyant en lui qu’un adversaire potentiel, qu’une menace possible et c’est bien ce sentiment qui régit les relations au travail qui n’ont jamais été aussi difficiles.

A ce petit jeu là tout le monde est perdant. Tout le monde, sauf l’entreprise dont le seul objectif et de vous vider de votre énergie vitale, d’obtenir de votre part l’investissement le plus total en vous versant la contrepartie la plus faible possible et en vous maintenant dans un état de peur permanent pour que vous soyez toujours en mesure de donner encore plus. Lorsque vous n’en êtes plus capable, l’entreprise vous vire généralement, et là où ce n’est pas encore le cas et je pense aux derniers bastions quelques peu paternalistes, si vous regardez objectivement les choses, les choses-là aussi y sont en train de changer et pas en bien.

Alors ce sondage ne fait que refléter la peur des français face à ce monde du travail épouvantable, préférant être corvéables à merci que sans emploi.

Logique. Mieux vaut avoir beaucoup de travail même trop, que pas du tout. Sauf qu’au bout du compte, des millions de postes seront supprimés dans les 10 ans qui viennent et que beaucoup en serons les victimes alors qu’ils auront « tout donné », « tout sacrifié ».

Les gens pensent qu’en perdant les 35 heures ils gagneront du travail. Ils perdront les deux !

Comme cette Europe que l’on nous vend comme étant la prospérité. Puis cette monnaie unique dont on vous a dit qu’elle ne pourrait apporter que la richesse et la félicité partagée. Ou comme ce Traité Transatlantique dont on vous explique qu’il va créer tout plein de croissance économique. Rien de tout cela ne s’est produit. C’est juste de la propagande.

Il faut être logique. Au moment même où les gains de productivité n’ont jamais été aussi grands grâce aux nouvelles technologies et prochainement à l’arrivée massive des robots, s’imaginer que l’on va créer de nouveaux postes en augmentant le temps de travail des rares à qui il reste du boulot est une stupidité économique sans nom.

L’inverse est également vrai. Croire que l’on va relancer la machine de l’emploi en baissant le temps de travail ne fonctionne pas non plus.
Pourquoi rien ne marche ?

Parce qu’encore une fois, nous sommes arrivés à la « fin des temps » du salariat et du besoin en « bras ». Le capitalisme, l’entreprise n’a plus le même besoin de main d’œuvre aujourd’hui, qu’hier et demain ce sera encore pire.

Nous vivons la fin du travail de masse et la question est désormais comment répartir la richesse sans la notion de travail ! Mais ce n’est évidemment pas la seule question qui se pose pour résoudre la crise historique à laquelle nous sommes confrontés.

En attendant « la France a peur », les gens ont peur pour leur avenir, mais la peur est bien mauvaise conseillère, au contraire, il est grand temps non plus de perdre son temps à avoir peur, mais de devenir acteur de sa vie. Cela ne peut sembler que des mots ou un concept vide, pourtant, dans tout ce système, nous sommes avant tout des victimes consentantes, et dans l’expression victime consentantes, il y a aussi le mot consentante ! Le plus souvent il suffit de ne plus accepter de jouer une partie ou les dés pipés que nous lançons nous condamnent au bout du compte à être perdant. Ce n’est pas facile car il faut reposer les postulats sur lesquels nos vies sont le plus souvent basées, pourtant cette réflexion sera indispensable et il y aura une immense différence entre ceux qui l’auront menée et tous les autres.

En attendant, préparez-vous, il est déjà trop tard !
 

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