29 septembre 2015

Essonne : Nous avons cent jours pour éviter la faillite » du département !


« Faillite ». Le mot est lancé. Cette fois, ce n’est pas François Fillon qui le prononce en parlant de la France, mais François Durovray (LR) en parlant de l’Essonne. Le président du conseil départemental de l’Essonne se base pour cela sur l’audit qu’il avait commandé, après avoir ravi le département à la gauche en mars dernier. Un audit réalisé par le même cabinet qui était employé par la majorité précédente. Le patron de l’exécutif départemental n’est pas tendre avec ses prédécesseurs socialistes, les accusant d’avoir maquillé les comptes et « placé ce département dans une situation de faillite ». À tel point qu’il évoque le risque d’une mise sous tutelle par le préfet et la chambre régionale des comptes en janvier prochain, une situation totalement inédite. « Nous avons cent jours pour éviter ce scénario catastrophe », assène l’ex-maire de Montgeron.

La droite dénonce des « factures cachées ». Selon la nouvelle majorité, la gauche a caché un « stock de factures qui va atteindre 108 M€ en 2016, soit 10 % du budget », évoquant le terme de « cavalerie budgétaire ». Depuis cinq ans, le département aurait reporté une partie de ses factures, environ 15 M€ par an, sur l’année suivante. Factures qui se sont accumulées. Au lieu de payer ses factures sur 12 mois, le département aurait, dans le passé, arrêté de payer au bout de 11,5 mois, puis 11 mois… « Cette année, nous ne serons plus en capacité de payer au-delà du 15 octobre », estime Dominique Echaroux (LR), qui devrait reprendre le poste de vice-président aux finances, lors de la prochaine séance publique du 28 septembre, en remplacement de Jean-Pierre Bechter (LR), qui a démissionné pour raisons de santé.

45 M€ à trouver en urgence. En plus de cette dette, qui va devoir être apurée sur plusieurs années, le département doit trouver 45 M€ pour boucler le budget 2016 qui sera voté le 18 janvier prochain. Cela comprend, selon François Durovray, les 15 M€ de « cavalerie » qu’il faut stopper et 24 M€ de baisse des dotations globales de financement de l’Etat. « Je l’ai mauvaise, lance le président du département. La marche est très haute car il n’y a pas eu d’anticipation. On ne passe pas le budget si on ne trouve pas cette somme.Nous devons présenter un plan de rééquilibrage et d’apurement de cette dette pour éviter la mise sous tutelle. »

Où trouver l’argent ? Augmenter les impôts ? « Il faudrait les multiplier par quatre ! s’exclame François Durovray. Nous allons montrer l’exemple en faisant nous-mêmes des efforts, comme en baissant le budget communication de 40 %. Nous allons balayer et interroger toutes les politiques publiques. J’ai une liste de réunions d’arbitrages longues comme le bras », souffle l’élu, qui a d’ores et déjà indiqué au préfet qu’il ne paierait plus à compter du 31 décembre les nuitées d’hébergement par le 115 en hôtel d’urgence. « C’est une compétence de l’Etat. Il n’y a aucune raison de faire ce cadeau alors que nous sommes dans une situation aussi difficile. »

La gauche dénonce une manipulation. Jérôme Guedj (PS), ancien président du département, ne cachait pas sa colère ce lundi à la suite de la divulgation de cet audit à la presse. « Ce (lundi) matin, nous avons demandé à pouvoir le lire. On nous a répondu qu’il n’était pas disponible ! C’est un procès à charge cousu de fil blanc, une opération de communication. Et je ne vois pas comment le même cabinet peut dire cette année le contraire de ce qu’il disait l’année dernière. Sur le fond, nous répondrons quand l’audit nous aura été transmis. »

Le document en question sera présenté en séance publique lundi prochain et le débat s’y annonce bouillant.
Une dette en hausse constante

Comme bien d’autres départements de France, l’Essonne connaît des problèmes structurels de financement. La baisse des dotations de l’Etat aux collectivités locales pèse lourd. Entre 2014 et 2017, l’Essonne aura ainsi perdu 72 M€ de recettes. Un coup dur dans un contexte de crise où le montant des aides sociales (RSA, allocation personnalisée d’autonomie…) ne cesse d’augmenter, alors que les recettes des départements ne suivent pas. « Entre 2011 et 2015, le montant versé au titre du RSA a augmenté de 50 M€, rappelle François Durovray (LR), le président du conseil départemental. Et l’Etat ne compense pas intégralement ces sommes. Il nous doit 110 M€. Il doit prendre ses responsabilités. »

L’endettement du département est aujourd’hui estimé à 911 M€. « La dette était de 200 M€ en 1998, aujourd’hui, nous frôlons le milliard, c’est extrêmement élevé », estime François Durovray.

Néanmoins, la capacité de désendettement du département, de 8,6 années, reste en dessous du seuil d’alerte de 10 ans. Et sur les quatre dernières années, l’ancienne majorité n’a pas augmenté les impôts. En juillet dernier, Dominique Bussereau (LR), le président de l’association des départements de France, estimait qu’un à cinq départements risquaient « de se déclarer en faillite d’ici à la fin de l’année si rien n’est fait ». « Le Nord et la Seine-Maritime sont dans une situation difficile, note François Durovray. Mais que ce soit le cas de l’Essonne, c’est une surprise. »

S.M.

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