01 août 2015

"Forest Man" : l'homme qui a planté une forêt à mains nues

William D. McMaster a rencontré Jadav Payeng, un Indien qui a planté une forêt entière afin de sauver son île. Il en a fait un documentaire.

Jadav Payeng est un Indien qui vit sur l'île de Majuli, au bord de la rivière Brahmaputra, dans l'extrême nord-est de l'Inde. Depuis 1979, Jadav plante de ses propres mains une forêt sur cette île afin de prévenir son érosion. Grâce à lui, une végétation luxuriante accueille aujourd'hui de nombreuses espèces animales, dont l'éléphant, le tigre, le rhinocéros, ou encore le vautour. Pour en arriver là, Jadav Payeng a creusé des trous avec les bouts de bois trouvés sur son chemin, utilisé les graines de la végétation environnante et planté des arbres à mains nues. Payeng a recréé un écosystème sur une île en perdition grâce à son dévouement et à un travail quotidien pendant des décennies. C'est ce qui rend son histoire absolument incroyable.

Alors que la population de l'île de Majuli tente d'obtenir la distinction de patrimoine mondial de l'Unesco afin de parvenir à protéger cette forêt et que toutes ses demandes ont été rejetées, William Douglas McMaster a réalisé le portrait de Jadav Payeng, touchant et délicat. Il nous parle de cette aventure humaine. Entretien.
Le Point.fr : Comment avez-vous entendu parler des deux principaux personnages du documentaire, Jadav Payeng et Jitu Kalita ?

William D. McMaster : J'ai entendu parler de Jadav Payeng grâce à un article sur Internet. Puis, nous avons rencontré Jitu Kalita, après avoir fait des recherches sur Jadav, et nous nous sommes rendu compte que Jitu était l'une des seules personnes à communiquer par mail et qu'il rendait régulièrement visite à Payeng. Nous avons appris plus tard que c'était lui qui avait découvert la forêt. Payeng est une personne très spéciale. Il est si humble malgré tout ce qu'il a accompli, et ça, c'est très inspirant. Sa passion dans ce en quoi il croit est bluffante. Quand il a appris que nous souhaitions faire un film sur lui, il était content, mais gêné. Je ne pense pas qu'il considère ce qu'il fait comme incroyable... Il est très modeste. Que deux réalisateurs canadiens soient venus de si loin pour le filmer, lui, ça l'a amusé.

Pourquoi avoir décidé de laisser une place à Jitu Kalita dans votre film ?

Je voulais raconter cette histoire du point de vue d'une personne qui connaît Payeng ; ce qui était le cas de Jitu, car il est celui qui a découvert la forêt, il fait partie de l'histoire ! J'ai pensé que parler avec mes yeux d'étranger n'aurait pas le même impact.

Quels sont les nouveaux objectifs de Jadav Payeng ? Et quels obstacles rencontre-t-il ?

Ses objectifs sont de continuer à planter dans de nouvelles zones et de commencer à s'occuper de nouvelles zones victimes d'érosion. C'est compliqué, car il doit marcher à des heures de chez lui pour atteindre certains lieux. Il veut aussi protéger les animaux des braconniers - la population l'aide pour cela. Les pires menaces que Payeng rencontre restent les sévères inondations et l'érosion qui arrivent chaque année. Il doit veiller à planter dans de nouvelles parties de la forêt pour qu'elle ne soit pas emportée. L'autre menace est le braconnage de rhinocéros. Les braconniers sont armés et peuvent être très dangereux.

Quel message voulez-vous transmettre grâce à Forest Man ?

Qu'une simple personne, si elle est motivée et dévouée, peut faire énormément, durablement, avec un impact majeur et positif sur l'environnement. L'humanité est tellement destructrice... Mais je voulais montrer le pouvoir de la création. Il est très facile d'oublier de quoi l'on est capable quand on entend seulement parler de tout le mal que l'on fait.


Forest Man, un documentaire de William Douglas McMaster.

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